PARASHAT BAMIDBAR 5783 – VENDREDI 19 MAI 2023 / YOM CHICHI 28 Iyar 5783  – Samedi 20 mai 2023 – YOM SHABBAT 29 IYAR 5783 

ENTRÉE ET SORTIE DE CHABBAT EN ISRAËL ET DANS LE MONDE
Chaque personne doit faire rentrer Shabbat avec les horaires de la communauté qu’il fréquente.

Jérusalem 18h51 – 20h132
TelAviv- Ashdod- Netanya 19h13 – 20h16
Paris 21h03 – 22h20


LE RECENSEMENT

Le quatrième livre de la Torah est en fait le dernier. En français,  ce livre devrait s’intituler « dans le désert » pour suivre conformément le titre hébraïque et pourtant, il s’intitule les Nombres pour faire allusion au thème central de cette parasha qui traite du dénombrement du peuple à cette occasion, pendant les pérégrinations du peuple dans le désert après la faute du veau d’or ….. 

Pourquoi ce quatrième livre est-il le dernier de la Torah alors que nous disons tout le temps « hamisha houmeshé Torah » ou pentateuque soit les cinq livres de la Torah ? C’est parce que le quatrième est le dernier tome et le dernier livre rapportant les prophéties de Moshé Rabbénou alors que le cinquième livre appelé en hébreu « Devarim » ou les Paroles et aussi le Deutéronome ce qui signifie la répétition, rapporte, les discours de Moshé Rabbénou.

Bamidbar évoque donc la notion d’isolement, de désolation, mais aussi de parole. Le mot midbar pourrait être lu medaber מדבר. Le sens caché est que D a choisi pour décor de Sa Parole un décor désertique, aride, neutre. Ceci pour plusieurs raisons : pour qu’aucun artifice ne s’interpose entre Le Créateur et Sa créature et que l’homme se retrouve dans son cadre naturel….et un contexte rigoureux ainsi le nom de D : אלקים = 86 et la nature : הטבע équivaut également à 86 ce qui nous fait comprendre que dans un cadre de rigueur, un cadre naturel, on retrouve le Créateur. Afin que l’homme contrôle sa réflexion et ses actes.

RENDEZ VOUS  AU SINAI

Le mot désert évoque la solitude, pour certains la désolation. Dans la pensée juive, le désert équivaut à la sérénité, la paix, à l’humilité et surtout à la purification ceci nous amène à comprendre autre chose si nous nous reportons au premier verset :

וידבר ה’ אל-משה במדבר סיני באהל מועד:

L’Eternel parla à Moshé dans le désert   du  Sinaï dans la Tente d’Assignation.

Pourquoi est-il précisé que D a parlé à Moïse dans le désert ? Où Moïse pouvait-il se trouver ailleurs puisque depuis la sortie d’Egypte et pendant 40 ans il se trouvait avec tout le peuple dans le désert ? N’est-il pas plus important de savoir qu’IL lui parla dans la tente d’assignation ?  Non ! Car ce qu’il est important de savoir c’est que l’homme aussi saint soit-il, avant de pénétrer dans la tente d’assignation doit procéder à un examen méticuleux de sa personne et doit passer par une purification sur le plan physique, vestimentaire, mental, moral aussi, HaShem s’adresse-t-IL à Moïse, « Homme de D » ou à l’homme le plus modeste qui fut  dans le désert comme allusion au fait qu’il doive se préparer spirituellement à se trouver dans un lieu où D Se trouve de manière très tangible : la tente d’assignation et ainsi, se calmer, se trouver en paix avec lui-même, revenir à se considérer lui-même comme un être humain, empli d’humilité et de simplicité et, purifier ses pensées pour pouvoir accueillir la parole de D et faire un effort pour arriver à sublimer ses penchants dont la colère et le désespoir qui sont négatifs.

Le séjour dans le désert marque l’heure des bilans : l’homme a-t-il lieu de s’enorgueillir et d’être satisfait de ses actions et continuer ainsi en stagnant ou bien doit-il s’inscrire dans une dynamique qui devrait lui permettre de progresser. Et, si le bilan était négatif ? Une porte de secours s’ouvre-t-elle qui permettrait d’accéder à la Yéshouâ ישועה    (salut) ? Oui et toujours, car un bon comportement n’est jamais perdu : un jour ou l’autre, il te sera rendu en bien :

שלח לחמך על-פני המים כי ברוב הימים תמצאנו (קוהלת 11,1)

Envoie ton pain à la surface de l’eau et un jour tu le retrouveras.

Ou, en d’autres termes, un bienfait n’est jamais perdu il te sera rendu tôt ou tard. Et, en conséquence, toujours revenir sur un bel acte ou sur une prière car rien n’est en vain. HaShem récompense sur les actes et sur les intentions à la grande différence de l’homme qui ne paie que sur ce qu’il voit ou sur ce qui est réalisé.

Peu de jours après la lecture de Bamidbar est, habituellement, célébrée la fête de Shavouoth. La fête de la promulgation de la Torah. Cette fête a lieu, au terme de la « sefirat haOmer » c’est-à-dire après qu’auront été comptés jour après jour les 49 jours du Omer, période pendant laquelle on moissonnait les champs, où apparaissaient déjà les prémices des fruits, et période pendant laquelle on présentait au Temple les mesures de céréales qu’il fallait offrir ; période triste, également, à cause de la disparition des 24,000 élèves de Rabbi Akiva. 

Le Zohar HaKadosh fait un parallèle entre la période du Omer et la période de préparation à la pureté féminine après la période « d’indisponibilité » mensuelle : en effet, lorsqu’un couple se sépare régulièrement dans le cadre de la loi sur la pureté familiale, la femme compte une période de sept jours au terme de laquelle elle va aller s’immerger pour pouvoir retrouver son époux dans la sainteté et la pureté.

Cette période de sept fois 7 semaines ressemble, nous enseigne le Zohar, aux « shéva nekiim » pendant lesquels le couple se prépare à se retrouver. Pendant, la période du Omer, chaque soir, le peuple compte les jours pendant lesquels il va se préparer à retrouver l’Eternel à travers Sa Torah !   Après ces 7 shabbatot, le peuple qui s’est préparé spirituellement  se purifie à la lumière et à la source d’eau pure et vive de la Torah ! Et c’est ainsi que le peuple s’unit à son Créateur, en s’attachant aux « dibroth, à la Torah et aux mitsvoth » entendez par là : aux louhoth à brith (les dix paroles), la Torah (écrite) et aux commandements (la Torah orale).

On a l’habitude de consommer des produits lactés pour Shavouoth et il y a à cela plusieurs raisons : car la Torah est vivifiante et donc comparée à une eau pure mais aussi au lait et au miel qui coulent dans le pays. Un midrash nous fait découvrir une autre raison  qui se rapporte à la toute jeune enfance de Moïse : en effet, le midrash raconte que Moïse naquit le 7 adar. En fait, Amram et Yokhéved s’étaient unis en secret et trois mois après cette discrète cérémonie, ils ont célébré leur mariage officiellement. Les vigiles de Pharaon notèrent de « passer pour vérifier » 9 mois plus tard. Moïse téta donc tranquillement sa mère 3 mois durant et, lorsqu’il fut mis dans un berceau confié aux flots du Nil, et que Batya aperçut le bébé vagissant dans cette nacelle  de roseau enduite de goudron, Myriam, proposa de trouver une nourrice juive ; ce qui fut fait et c’était le 6 sivan (3 mois après la naissance) ……..

Dans de nombreuses synagogues et également dans les maisons on décore les salles de plantes vertes et de fleurs et ce, en souvenir de la promulgation de la Torah car, au beau milieu du désert, au moment où l‘Eternel fit don de la Torah au peuple d’Israël, la montagne entière se couvrit de plantes et de fleurs odoriférantes – spectacle surnaturel dans un désert !  

Tout le monde connaît cette chanson tirée des Psaumes (CXIX, 72) où il est écrit : « tov li Torat pikha méalfé zahav vakessef » (Ta Torah m’est plus précieuse que l’or et l’argent)  L’on raconte que Rabbi Akiva après qu’il eût été reconnu comme le plus grand maître d’Israël offrit à sa femme Rahel un bijou « Yéroushalayim shel zahav ». Il est recommandé aux maris de récompenser leurs épouses en leur offrant (chacun selon ses moyens évidemment) un bijou en or.

Il existe également un usage : celui d’allumer une veilleuse dans un verre au fond duquel la maîtresse de maison aura déposé un bijou avec une noix de beurre et une cuillerée de miel et, en lieu et place d’eau, elle emplira le verre de lait puis elle versera de l’huile d’olives dans laquelle la veilleuse puisera son énergie.

Le quatrième livre du pentateuque commence par le mot vayedaber de la racine ledaber qui signifie  parler et la section de la semaine s’intitule « bamidbar » soit dans le désert mais comme nous venons de le dire, le désert et la parole ont un lien en commun. 

Dans le livre de Bamidbar, Moshé évoque  certains thèmes tels que les pérégrinations dans le désert, le dénombrement……
Bamidbar dont la valeur numérique est 248 soit רמ״ח évoque le nombre de mitsvoth positives et les 248 membres du corps humain…. En ouvrant une parenthèse, le nombre total des mitsvoth est de 613 décomposé en 248 mitsvoth positives et en 365 mitsvoth négatives soit 248 membres du corps humain et 365 tendons, nerfs etc…
Les enfants d’Israël brandissent leurs bannières et prennent place autour du Tabernacle, centre du camp d’Israël  où s’élèvera le sanctuaire, résidence de l’Eternel  au sein de Son peuple,   et y installer Sa présence.


En général, il est  déconseillé de compter le nombre de personnes présentes en quelque circonstance que ce soit et ce, à cause du mauvais oeil, pourtant, à plusieurs reprises l’Eternel, dans la Torah, ordonne de décompter le peuple comment se fait-il ? Rashi et le Rav Horwitz (le Shlah Hakadosh) soulignent que tel un berger qui veille sur son troupeau, D aime compter Son peuple à tout moment. Le Rav Horwitz Yeshayahou Halévy 1558-1630, a en effet, écrit un ouvrage mystique qui s’intitule Shné Louhot Habrith dont les initiales composent le sigle Shlah). Le Shlah compare les personnes chères à des objets de valeur à la recherche desquels on se trouve toujours et par conséquent les compter reviendrait à s’assurer qu’aucun d’entre eux ne manque à l’appel…..car chacun des Juifs composant le peuple juif a une valeur indissociable de celle de tous les autres Juifs ; de manière à mettre cette importance en exergue, le Saint béni soit-Il demande à dénombrer le peuple juif.  Et c’est pour cette raison qu’il est question à plusieurs reprises de dénombrement du peuple : à la sortie d’Egypte, après la faute du veau d’or, et dans le désert, après l’inauguration du Tabernacle. Il désire montrer à quel point chaque être humain a sa propre importance, et combien chaque être humain est chéri individuellement. Au cours de shabbat shekalim  a été évoqué le dénombrement  (Exode chapitre 30 versets 11 à 16) mais il se fit dans un autre but : celui de constituer un Trésor public en mettant chacun des enfants d’Israël sur un même pied d’égalité : le demi shekel.

C’est en totalisant ces pièces d’un demi shekel que nous saurons combien de personnes composent le klal Israël c’est-à-dire la communauté d’Israël et non pas en les comptant nominativement ou individuellement c’est ainsi qu’est venue l’habitude lors d’une cérémonie de « compter » les gens en égrenant les mots de certains versets dont on sait qu’ils sont composés de dix mots par exemple chaque mot représentant une personne.

Cependant, le dénombrement, ici, est celui des hommes de 20 ans et au-delà  et,   les Léviim ne sont pas décomptés. Nous savons que chez les Léviim il n’y avait pas de limite au service divin et tant qu’un Lévy pouvait exercer ses fonctions, il était admis à le faire même s’il était âgé de plus de 60 ans.  Etant donné que les Léviim ne possédaient point de terrain à l’instar des autres tribus, il n’a point été fait de recensement chez eux. 

Dans le Zohar se trouve une liste nominative de chaque mâle et chef de famille apportant pour chacun une preuve réelle de son appartenance à sa famille. Il s’agit ici en quelque sorte d’un Etat Civil (selon Rashi).   

Les deux mots accolés : Bemidbar Sinaï, revêtent une double importance car, étant donné que certaines mitsvot ont été  répétées à plusieurs reprises non pas seulement au Sinaï mais aussi  dans les plaines de Moav, le Créateur a la volonté de signaler que déjà au Mont Sinaï le thème en question avait été énoncé. De plus, tout au long des pérégrinations des enfants d’Israël dans le désert, le peuple a été gardé, sauvegardé et encadré par le Tout Puissant qui avait par des prodiges de tous les instants protégé et guidé ce peuple par des colonnes de feu et de fumée. Cependant, le terme du voyage se rapproche et le peuple va se trouver confronté à de véritables exigences : il va falloir former une armée et désigner des tâches pour que chacun connaisse son rôle au sein de la communauté.

Le dénombrement va ainsi jouer un rôle dans la structuration de ce peuple au moment où il va devenir autonome.

La mitsva du rachat du premier-né est abordée au cours de cette sidra. Le premier-né a une importance dans la loi mosaïque et ce, même au moment d’un héritage. A ce propos, nous allons ouvrir une parenthèse : l’appartenance d’un Juif à son peuple se fait de par la mère : si la mère est juive l’enfant est juif mais, à propos des héritages, l’appartenance à la tribu est patrilinéaire. Cependant, il est important de préciser qu’au temps du Tanakh l’appartenance était patrilinéaire et nous en avons la confirmation dans la parasha de Emor où le blasphémateur est pris à partie et, sa mère étant juive appartenant à la tribu de Dan, les Danites lui demandent pour quelle raison il se trouve sur les territoires de cette tribu et de toutes façons, on dit Moshé ben Amram ou les filles de Tselofhad le droit était patrilinéaire. (voir l’article sur patrilinéaire ou matrilinéaire dans mon livre « les secrets des concepts du judaïsme » aux Editions Persée)

Isaac fut le premier-né d’Avraham, avec sa femme légitime Sara. Esaü est le premier-né d’Isaac et ce droit d’aînesse ravi par Jacob a causé de grands tracas à notre patriarche. 

D a ordonné à Moïse de compter tous les premiers-nés. 

Le texte de la Torah nous enseigne que chez les Lévis le compte fut de vingt-deux mille depuis l’âge d’un mois.  Cet âge va servir de base pour le rachat du premier-né pour lequel la cérémonie de rachat sera fixée à l’âge d’un mois. Pourtant un fils de Lévi ne sera pas racheté (Lévi ou Cohen ne se rachètent pas).  

Lors de la faute du veau d’or nous savons que la tribu des Lévi n’a pas pris part à ce délire provoqué par la peur panique de ce peuple qui, pendant des siècles fut réduit en esclavage et réduit à être soumis à une autorité, à un chef,  et qui, devant l’absence prolongée de Moïse a cédé à la nécessité absolue et immédiate de se retrouver dirigé. Pendant ce temps, les autres premiers-nés d’Israël qui furent sauvés de la dixième plaie mortelle, tournèrent le dos à l’Eternel pour prendre une part active à la faute du veau d’or.

Or, les premiers-nés d’Israël devaient être consacrés au Service divin mais plus après la faute du veau d’or. C’est une des raisons pour lesquelles, l’enfant qui ne pourra aider les Léviim lors de leur service au Temple devront être rachetés par un Cohen moyennant la somme de cinq shekels d’argent qui représente le rachat des premiers-nés après qu’ils aient encouru la peine de mort méritée par la faute du veau d’or. Rashi nous renseigne au sujet de cette somme : ces cinq shekels correspondaient à vingt pièces d’argent, somme qui fut versée par les marchands d’esclaves qui achetèrent Joseph lequel n’était autre que le premier-né de Rachel……

 La sidra de la semaine prochaine : Nasso précède ou suit directement la fête de shavouoth au cours de laquelle on a coutume de lire la meguila de Ruth.

Pour la fête de Shavouoth qui célèbre le Don de la Torah, certains ne consomment que des mets lactés et des pâtisseries à base de miel conformément à l’image que nous avons du pays où coule le lait et le miel ארץ זבת חלב ודבש eretz zavat halav oudevash. D’autres consomment des mets carnés – à base de viande – mais consacrent ne serait-ce qu’un repas pour un délicieux gâteau au fromage.

Caroline Elishéva REBOUH

LES DOUZE TRIBUS AUTOUR DU TABERNACLE PENDANT LA TRAVERSEE DU DESERT