Equivalent des Journées françaises et européennes du Patrimoine, l’opération Open House est un événement organisé de manière annuelle à Tel Aviv et dans 50 autres villes à travers le monde. Le temps d’un weekend, de nombreux monuments historiques ouvrent leurs portes au grand public.
Pour l’occasion et comme depuis 14 ans, la Résidence de France située à Jaffa/Yafo dévoilera ses secrets au public, le vendredi 19 mai de 9h15 à 11h45. L’entrée à la Résidence se fera par groupes de 20 personnes toutes les 30 minutes. Les réservations ne sont pas nécessaires. Les visites seront menées en hébreu par l’architecte Oded Rappaport dont le père, Yitzhak Rappaport, a conçu le bâtiment. Une visite en français sera organisée à 9h15 par Mme Paule Rakower, guide touristique.
L’histoire de la Résidence de France en Israël
Surplombant la Méditerranée depuis les hauteurs du quartier Ajami, la Résidence de l’Ambassadeur de France en Israël est sans conteste l’une des plus belles villas de Jaffa/Yafo. Construite dans les années 1930 pour Mohamed Ahmed Abdoul Rahim, exportateur d’oranges et éminent résident de Jaffa, elle a été bâtie dans un style moderniste par l’architecte juif Yitzhak Rappaport, tout en assurant les fonctions d’une maison familiale musulmane traditionnelle dans laquelle existe une séparation entre espaces publics et privés, entre les femmes et les hommes.
L’histoire de la relation entre Abdoul Rahim et Yitzhak Rappaport est celle d’une formidable amitié, nouée dans les années 1936-1939, celles de la grande révolte arabe. On raconte que Rappaport, lui-même membre de la Hagana, se rendait à Ajami vêtu d’une tenue arabe traditionnelle pour surveiller la construction. Sur le chantier, Abdoul Rahim le présentait comme un proche vivant au Koweït. Abdoul Rahim se chargeait de réunir les différents corps de métiers à qui Rappaport donnait ses instructions dans un arabe parfait. Le soir venu, Rappaport rentrait dans sa maison de Tel Aviv.
Suite à la Guerre d’Indépendance en 1948, Abdoul Rahim dut quitter Jaffa pour Beyrouth. Avant son départ, il demande à son ami Rappaport d’administrer sa fortune et d’empêcher les autorités israéliennes de prendre le contrôle de ses biens en les déclarant « en déshérence ». Rappaport est effectivement parvenu à conserver les biens et, en 1949, a vendu la maison au gouvernement français. L’argent a ensuite été transféré à Abdoul Rahim.
Un joyau architectural
La villa a été conçue comme un ensemble harmonieux, travail complet et minutieux intégrant tous les détails d’ameublement et de finition correspondant à l’air du temps. La maison contient notamment des éléments originaux Art déco, des objets de maîtres charpentiers et d’autres éléments architecturaux caractéristiques de l’époque, à l’instar de la rampe d’escalier.
La France n’a pas effectué de changements significatifs dans la maison, hormis une adaptation aux besoins de la vie moderne en y intégrant une cuisine moderne, la climatisation et l’électricité. Le mobilier contemporain témoigne cependant de la richesse de la maison. On y trouve des meubles classiques du début du XXème siècle, aux lignes pures mais expressives, à côté de lampadaires Foscarini et de commodes syriennes en bois et en nacre. Face à ce mobilier éclectique ont été suspendues des œuvres contemporaines empruntées à la collection Pinchuk. Ces créations de jeunes artistes internationaux confèrent à la maison son aspect moderne.
La villa sert aujourd’hui de résidence à l’Ambassadeur de France. C’est à la fois une habitation et un espace qui accueille des événements officiels. L’aile des femmes sert aujourd’hui d’appartements privés à la famille de l’ambassadeur tandis que les appartements du maître de maison, au deuxième étage, servent d’appartements officiels pour les invités de l’ambassade.
©Ambassade de France en Israël