Une étude de Santé publique France montre que beaucoup d’enfants dépassent les recommandations sanitaires en matière de temps passé devant les écrans.
De tout jeunes enfants, obnubilés par ce qu’il se passe à l’image. Un rapport publié ce mercredi 12 avril par Santé publique France alerte sur le temps passé devant les écrans chez les tout-petits, un phénomène en hausse et à risque pour le développement de ces derniers, selon l’institution.
Pour mesurer l’exposition aux écrans, Santé publique France a suivi environ 18 000 enfants, de leur naissance à leurs 5 ans, et mené des entretiens et des visites à leur famille, dans un programme baptisé ELFE. Résultat, en moyenne, les enfants de 2 ans passaient 1 heure par jour sur les écrans, 1h20 à 3 ans et demi, et 1h34 à 5 ans et demi, d’après les déclarations recueillies.
Des temps contraires aux recommandations en vigueur. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de ne pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à 1 heure par jour entre 2 et 5 ans. En 2019, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommandait pour la France de limiter l’accès aux écrans aux moins de 3 ans, en l’absence d’un adulte.
Des effets potentiellement délétères
Depuis quelques années, la littérature scientifique montre que certains enfants, souvent devant les écrans, sont aussi plus sujets à des problèmes de santé, sans toutefois en faire un péril majeur. « Des études font notamment état d’un risque accru de surpoids et d’obésité, et de difficultés dans le développement du langage et du développement cognitif associés à l’usage des écrans », précise Santé publique France.
Des effets délétères se produisent surtout lorsque l’écran remplace l’éducation. « Les effets parfois négatifs des écrans ne reflètent pas nécessairement une toxicité intrinsèque, mais simplement le fait qu’ils diminuent le temps passé à des activités plus utiles. Tout cela conduit à dire que les écrans ne sont ni le mal incarné ni la panacée, et qu’il faut promouvoir des contenus de qualité et des usages raisonnés », résumait le grand spécialiste du développement cognitif de l’enfant Franck Ramus, dans nos colonnes, fin 2022.
Tous les enfants ne sont pas exposés de la même manière : « dans l’ensemble, les temps d’écran étaient plus élevés chez les familles ayant des origines immigrées, ou un niveau d’études de la mère faible. Des disparités régionales étaient aussi observées », précise l’Inserm, dans un communiqué – l’institution de recherche médicale a participé à l’étude.
Ainsi, les enfants dont la mère a un niveau collège passent 45 minutes (à 2 ans) et 1h15 (à 5 ans et demi) de plus devant des écrans que les enfants dont la mère a un niveau d’études supérieur ou égal à bac + 5. En revanche, les différences entre garçons et filles sont faibles, de l’ordre de quelques minutes par jour à 5 ans et demi.
Et à l’avenir ?
Ces chiffres pourraient être sous-estimés : « Les recommandations nationales incitant à ne pas exposer les enfants aux écrans ou à limiter leur exposition, les parents enquêtés peuvent être amenés à sous-estimer ou sous-déclarer le temps d’écran de leur enfant. » Et les données ont été recueillies jusqu’en 2017, donc avant les changements sociétaux provoqués par la crise sanitaire.
Et à l’avenir ? « Les écrans portatifs comme le smartphone et la tablette s’étant fortement développés durant la décennie 2010, on pourrait s’attendre à une augmentation du temps d’écran, mais ce serait ignorer que les messages de prévention à l’intention des jeunes enfants se sont eux aussi multipliés sur cette période », nuance Santé publique France.
source : lexpress.fr