Les votes sur les projets de loi sur la réforme judiciaire ont eu lieu juste après minuit lundi soir/mardi et les deux ont été adoptés 63-47. Les projets de loi deviendront éventuellement des amendements à la Loi fondamentale sur le pouvoir judiciaire.

Un projet de loi a modifié la structure du comité qui sélectionne les juges de la Cour suprême, supprimant le contrôle prépondérant du comité de sélection des juges de la Cour suprême et le confiant aux représentants élus du peuple. L’autre projet de loi supprimait la capacité de la Cour suprême d’invalider les lois fondamentales, ce qui, il y a des décennies, l’ancien juge de la Cour suprême Aharon Barak avait déclaré avoir l’autorité des lois constitutionnelles.

Les deux projets de loi sont maintenant renvoyés à la commission de la Constitution, des lois et de la justice de la Knesset pour un débat plus approfondi afin de les préparer pour leurs deuxième et troisième lectures.


Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a critiqué l’attitude des manifestants et dirigeants du mouvement de contestation de la réforme judiciaire, mais assuré qu’un compromis pouvait encore être trouvé avec l’opposition, qu’il a invitée à entamer le dialogue.

Toutefois, a-t-il souligné, la première lecture à la Knesset sur certaines dispositions du projet de loi, dont celle qui confère au gouvernement la majorité au sein de la commission chargée de la sélection des juges israéliens, aura lieu comme prévu plus tard dans la journée.

(L’adoption d’un projet de loi se fait au terme de trois lectures à la Knesset.)

« Nous avons tous dit il y a six semaines qu’il était possible de dialoguer, mais il est impossible d’accepter les voyous », a déclaré Netanyahu au début d’une réunion de faction du Likud.

« Leaders de l’opposition, exprimez-vous, il est encore temps. Nous pouvons encore tenter de rapprocher nos opinions et trouver un compromis», poursuit le Premier ministre.

Netanyahu a critiqué les leaders de la contestation pour « nous avoir menacés de guerre civile et de bains de sang dans les rues ».

Les leaders des manifestations « détruisent la démocratie. Ils n’acceptent pas les résultats des élections. Ils n’acceptent pas la décision de la majorité. Ils ne condamnent pas les appels à assassiner le Premier ministre et ses proches. Ils ne condamnent pas les appels à nuire voire à assassiner des membres de la Knesset », a-t-il dit.

Il a par ailleurs déploré l’attitude de certains manifestants, ce matin, qui ont empêché la députée du Likud Tali Gotlieb de quitter son domicile pour emmener sa fille, qui a des besoins spéciaux, à l’école et aller voter à la Knesset.

« Ils ont touché le fond, ce matin », a-t-il ajouté.

« Ce sont les mêmes voyous qui nous donnent des leçons d’éthique ou parlent des valeurs humaines, et qui piétinent ces valeurs », a rugi Netanyahu.

« Je remercie les personnes de l’opposition qui ont condamné ce comportement : quant à ceux qui ne l’ont pas fait, vous devriez avoir honte … Vous avez complètement déraillé. »

Il a ensuite évoqué le rappel de la procureure générale concernant son interdiction d’intervenir sur le sujet de la réforme judiciaire en raison de son engagement pour prévenir tout conflit d’intérêts.

« On me dit que je ne peux pas m’occuper de la réforme, mais que je ne peux pas davantage en parler », a-t-il regretté.

« Vous avez été élu, mais vous ne pouvez pas parler au nom de votre électorat. Comment suis-je censé les représenter alors ? Par télépathie ? »

Néanmoins, a-t-il ajouté, « il y a place pour le débat, mais pas pour les brutalités. »

Il a assuré que nombre de leaders d’opposition étaient d’accord avec lui, mais qu’ils avaient peur de le dire.

« Soyez des leaders », a-t-il dit.

Le président Isaac Herzog a présenté des propositions de compromis, la semaine passée, et demandé la suspension de la procédure législative – et notamment des premières lectures prévues aujourd’hui – le temps nécessaire au débat.

Le chef de l’opposition, Yair Lapid, a demandé une suspension de 60 jours.

Les dirigeants de la coalition ont approuvé l’idée du débat mais refusé d’interrompre le processus législatif.

Netanyahu a dit « qu’il restait du temps pour parler sincèrement… afin de rapprocher les vues et parvenir à un compromis. »

Mais il a fait savoir que les votes prévus aujourd’hui en première lecture sur une partie de la réforme auraient lieu comme prévu.

« Aujourd’hui, on votera, et j’espère que demain, la voie sera ouverte au dialogue. »

Une chose ne changera pas, a-t-il conclu : « Le peuple a fait son choix lors des élections et ceux qui les représentent ici à la Knesset exerceront leur droit de vote. C’est ce que l’on appelle la démocratie. »

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