Acteur majeur de la refondation du judaïsme français, il a été le compagnon de route d’Emmanuel Lévinas, de Léon Ashkénazi, d’André Néher, et fut l’élève du fils du premier grand rabbin d’Israël, Abraham Kook.
L’ancien Grand Rabbin de France René-Samuel Sirat s’est éteint à l’âge de 93 ans à Jérusalem, a annoncé son petit-fils Ariel Danan, chargé de mission à la Fondation Rothschild et ancien directeur du département culturel et universitaire de l’Alliance israélite universelle.
Né en Algérie en 1930, le rabbin Sirat est arrivé en France en 1946 pour entreprendre des études rabbiniques en parallèle de ses études littéraires et linguistiques. Professeur des Universités, il est chargé de mission de l’Inspection générale de l’Éducation nationale pour l’enseignement de l’hébreu de 1973 à 1980. Il devient ensuite professeur à l’Ecole des Langues Orientales (INALCO). Il y dirige la section d’études hébraïques et juives pendant près de 30 ans. Il a exercé comme Grand Rabbin de France de 1981 à 1988. René-Samuel Sirat a reçu les insignes de Grand Officier de l’Ordre national du Mérite.
Contemporain et acteur majeur de la refondation du judaïsme français, il a été le compagnon de route d’Emmanuel Lévinas, de Léon Ashkénazi (Manitou), d’André Néher, et fut l’élève du fils du premier grand rabbin d’Israël, Abraham Kook.
Engagé dans le dialogue interreligieux, il avait participé en 1999 avec le cardinal allemand Joseph Ratzinger, futur pape Benoit XVI, à la création de la Fondation pour la recherche et le dialogue interreligieux et interculturel à Genève.
Fondateur de l’Institut universitaire européen Rachi à Troyes (ville de naissance, dans le nord-est de la France, de cette grande figure du judaïsme médiéval) et de la chaire Unesco « Connaissance réciproque des religions du Livre et enseignement de la Paix », il avait également publié plusieurs essais dont l’un coécrit avec un islamologue et un prêtre.
Le grand rabbin Sirat avait participé aux négociations entre juifs et catholiques ayant abouti à la fermeture du carmel d’Auschwitz en 1993 aprés une longue crise entre le monde juif et l’Eglise.
Installé depuis 2013 à Jérusalem, il avait milité pour la paix entre Israël et ses voisins arabes.
Rappelant souvent que son frère avait été tué dans un attentat en 1962 en Algérie, il estimait que « la recherche de la paix est une valeur juive fondamentale ».
Dans un communiqué, le grand rabbin de France Haïm Korsia a rappelé « ce qu’il a apporté au judaïsme français en terme de fidélité à la halakha [loi juive, ndlr] et d’ouverture vers Israël ».
Ses obsèques auront lieu dimanche à Jérusalem.
La personnalité et les contributions du rabbin ont été saluées par la communauté juive française.
« Nous pleurons la perte d’un érudit, d’un homme d’exception qui avait su apporter des réponses modernes fidèles à la Tradition du judaïsme », a déclaré Dvorah Serrao, directrice générale de l’Alliance israélite universelle.
Sources AFP, TimesofIsrael, Ashdodcafe