La consommation récréative de cannabis est illégale en Israël, quoique souvent tolérée, mais l’Etat encourage depuis une dizaine d’années son usage thérapeutique pour traiter un certain nombre de maladies graves, dégénératives ou encore le stress post-traumatique chez les militaires.
En octobre, le Parlement a approuvé en lecture préliminaire un projet de loi visant à assouplir l’industrie du cannabis, pour en faciliter l’accès et favoriser l’essor d’un marché florissant qui attire de plus en plus d’entrepreneurs en Israël parmi lesquels des figures politiques comme les ex-Premiers ministres Ehud Olmert, conseiller spécial de la firme Univo, et Ehud Barak, président de la société InterCure.
« L’écosystème du cannabis médical a bénéficié de 60 millions de dollars (environ 53 millions d’euros) d’investissements ces dernières années, il compte 220 chercheurs et environ 100 startups dont un quart ont été créées en 2019« , souligne Dana Gourevich, directrice de la technologie à l’Autorité israélienne de l’innovation.
L’importation massive notamment du Canada, pays ayant légalisé le cannabis récréatif, a permis au secteur de se développer, poursuit-elle.
Selon les données du ministère de la Santé, l’Etat hébreu a importé 22 tonnes de cannabis médical en 2021 (contre un peu plus de 14 tonnes en 2020), ce qui en fait le premier importateur mondial, note le Israeli Cannabis Magazine.
En revanche, l’exportation, autorisée en théorie, est aujourd’hui limitée en raison du processus de standardisation aux normes internationales, souligne Dana Gourevich.
– CBD pour tous –
Il y a quelques semaines, le ministère de la Santé israélien a indiqué examiner la possibilité de retirer le cannabidiol (CBD) de la liste des drogues dangereuses, une mesure attendue par les acteurs du marché qui pourront alors commercialiser des produits contenant cette substance à plus large échelle.
« Environ 110.000 patients ont des licences (pour du cannabis médical) aujourd’hui en Israël, mais lorsque le CBD sera accessible à tous, des millions de personnes pourront l’utiliser dans des produits cosmétiques et du quotidien« , espère Dvir Taler, 50 ans et agronome en chef de B.O.L Pharma.
Dans le sud d’Israël, près de la ville d’Ashdod, B.O.L Pharma fait pousser chaque année sur 3,5 hectares 400.000 plants de cannabis destinés exclusivement à un usage thérapeutique.
L’entreprise, la plus importante à l’heure actuelle dans le domaine du cannabis médical en Israël, est partenaire de l’incubateur de Yeruham auquel elle fournit notamment les fleurs pour les diverses expériences scientifiques.
Canneguev développe en outre un robot capable de récolter de façon autonome les fleurs. Pour Dvir Taler, pas de doute, la maire Tal Ohana voit juste en misant sur la technologie, « la valeur ajoutée » d’Israël surnommé la « startup nation« .
Dans l’espoir de devenir le centre incontournable de l’or vert en Israël, la mairie de Yeruham a aussi alloué 50 hectares à la culture du cannabis médical, soutenant que le climat ensoleillé du désert israélien était idéal. Et deux usines fabriquant des produits non médicaux à base de cannabis s’installeront à Yeruham dans les prochaines années.