PARASHAT VAYERA 5783 : Vendredi 11 Novembre 2022 – Yom Chichi 17 Heshvan 5783 – Samedi 12 novembre 2022 – Yom Chichi 18 Heshvan 5783
Tel Aviv, Ashdod, Netanya, entrée 16 h 23 – sortie : 17 h 21
Notre connaissance des êtres d’exception que furent nos patriarches et fondateurs de la Nation Juive a commencé dès la fin de la deuxième sidra de Noé puis nous avons continué avec Lekh Lekha pour poursuivre avec cette parasha s’ouvrant sur bien des sujets caractérisant le peuple juif (tel l’hospitalité) mais surtout sur des bases de la vie juive telles que la circoncision, et la mort mais avec la visite des 3 messagers divins dont l’un n’est venu que transmettre la guérison les deux autres sont porteurs d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle M la naissance d’Isaac ou continuateur de la lignée d’Abraham et l’autre de la volonté d’éradication du mal avec la destruction des deux villes les plus perverses de cette région Sodome et Gomorrhe. La bonté d’Abraham se dégage de chaque comportement jusqu’au fameux plaidoyer du patriarche pour sauver Sodome….
Voici qu’Abraham a opéré le commandement d’Hashem sur lui-même. Il craint que cette circoncision ne l’empêche de s’approcher des autres personnes membres des autres nations, alors que cette « marque » ne sera visible que par le Créateur et non par les hommes. Cependant l’Eternel va montrer au patriarche qu’en accomplissant la circoncision il s’est rapproché de Lui qui va se révéler au Patriarche alors que la souffrance de l’homme est à un point culminant et qu’il fait une chaleur insupportable. Malgré cela, le patriarche s’assied à l’entrée de la tente car il ne peut malgré tout s’empêcher de pratiquer l’accueil d’hôtes de passage. L’on dit d’ailleurs que cette tente comportait quatre ouvertures (une ouverture à chacun des points cardinaux) pour éviter à un hôte de passage d’avoir à faire quelques pas de plus pour pénétrer dans la tente.
Abraham est un homme saint et simple. D vint lui rendre visite (c’est d’ici que l’on apprend d’ailleurs qu’on ne rend visite à un malade qu’à partir du troisième jour de maladie) et puis, la souffrance ayant rendu Abraham insensible au monde extérieur, D va dessiller les yeux du patriarche qui va apercevoir ses trois visiteurs qui ne sont autres que des messagers divins. C’est d’ici aussi que nous apprenons par le truchement de Rabbi Binyamin cité par le midrash rabba : « אמר רבי בנימין הכל בחזקת סומין עד שיבוא הקב »ה ויפקח את עיניהם » c’est-à-dire : Rabbi Binyamin a dit tout est comme s’ils étaient aveugles jusqu’à ce que le Saint Béni Soit-Il vienne et décille leurs yeux –ségoula pour trouver un objet perdu.
Apercevant donc ses futurs hôtes, Abraham prend congé de D en Lui signifiant que se présentent des voyageurs qu’il se doit d’accueillir. Abraham est si simple qu’il s’adresse à D comme s’il avait parlé à son semblable. Il s’empresse malgré sa souffrance d’accueillir ces hôtes prestigieux et leur lave les pieds pour les rafraîchir de la chaleur de la route et leur permettre de se sentir plus à l’aise sans la poussière du chemin. Les Anges étaient Michaël dont la mission était de transmettre l’annonce de la naissance d’Isaac pour l’an prochain, Gabriel qui devait anéantir Sodome et Rephaël pour permettre la guérison de la brith Mila à Abraham âgé de 99 ans !
Certains détails dans la description de l’accueil des Anges interpellent le lecteur car Abraham présente à ses hôtes des mets divers : des matsoth (car Abraham demande à Sarah de pétrir des galettes (loushi ougoth dit-il à son épouse) puis il leur présente de la viande et aussi des mets lactés. A ce propos existent plusieurs commentaires de différentes acceptions il y a celle qui se base sur le fait que la Torah existait bien entendu puisqu’elle a servi de guide lors de la Création et, qu’Abraham l’enseignait déjà (c’est ainsi qu’il avait « converti » ces « âmes qu’il avait faites en Chaldée avant d’arriver en Canaan, mais, en ce temps-là, les lois de casherout n’étaient pas encore applicables/en vigueur et, puis il y a aussi les exégèses spécifiant que ces lois n’étaient pas applicables aux Anges car, ils ne sont pas des êtres de chair et de sang l’une des preuves en est qu’Abraham s’adresse à eux en leur disant « saadou eth liBekhem » et il n’a pas dit « levavekhem » avec deux fois la lettre B qui fait allusion au fait que l’homme né de l’union d’un homme et d’une femme possède le libre arbitre et c’est pourquoi il est écrit dans le Shéma Israël : …. »veahavta bekhol leVaVekha » avec l’intégralité de ton cœur et de tes deux penchants.
Cette parasha est très riche en enseignements surtout en ce qui concerne la conduite de l’homme vis-à-vis de ses semblables même si dans ce cas précis Abraham ne sait pas immédiatement que ces hôtes sont divins. Il prie sa femme de préparer un repas et il aperçoit (là encore ses yeux se décillent) un veau qu’il juge convenir aux invités. Le veau s’éloigne, Abraham le poursuit et il rejoint la jeune bête en un lieu précis d’où il sentit s’échapper des senteurs particulières et il comprit qu’il se trouvait à l’entrée du jardin d’Eden. Il se promit d’acquérir plus tard ce « terrain » et c’est en fait ce terrain même qu’il acquit plus tard d’Efron ben Tsohar pour 400 sicles d’argent afin d’y enterrer Sarah quand en viendra le moment et que lui-même y sera enseveli : en effet, en poursuivant le veau, et en arrivant sur ce lieu Abraham aperçut les dépouilles D’Adam et Eve et il se jura d’acquérir ce bien pour les rejoindre au temps voulu…
Comment sait-on qu’il s’agissait du Gan Eden ? Car il est écrit dans le Zohar : « Lorsqu’HaKadosh Baroukh Hou entre dans le Gan Eden pour rendre visite aux tsadikim les arbres délivrent des parfums délicieux » (zohar parashat Lekh Lekha 77). Or, l’odeur extraordinaire qu’exhalait ce lieu était celle du Paradis
C’est aussi dans cette parasha que l’on va assister à l’épisode du renvoi de Hagar et de la Akedat’ Itshak. Mais, auparavant, la naissance d’Itshak. Et là on va se poser la question de savoir pourquoi cette naissance est miraculeuse. Nous savons depuis la fin de la parasha de Noah que Sarah était stérile et Rahel aussi était stérile pourquoi ? La réponse classique est que D aime recevoir la prière des Justes mais en ce qui concerne Sarah, il y a plusieurs raisons et l’une d’elle est que D a voulu que le cycle qu’elle avait fût complètement tari pour qu’il y ait une scission complète avec ce qu’elle fut avant et la civilisation à laquelle elle appartenait pour donner naissance à un enfant saint né par la grâce divine et pour que le peuple soit saint parce que cette naissance est véritablement miraculeuse puisque le texte précise que Sara n’avait plus le tribut des femmes…….
La Âkéda est en elle-même un sujet sur lequel on pourrait disserter très longuement mais on ne peut parler de Vayéra sans parler de ce thème. En demandant à Abraham de sacrifier son unique fils, D va éprouver l’amour de cet homme pour son D. Le lieu (מקום) désigné pour cet acte d’entière dévotion est le Mont Moriah, l’endroit où le Temple sera construit. Cet endroit, ce lieu en hébreu « makom » est le lieu où réside la Shekhina puisque dans certaines occasions on désigne D comme « makom » mais aussi le mont Moriah va être appelé certaines fois le mont de la Vision car il est écrit dans notre sidra qu’Abraham a « levé » les yeux qui est une expression biblique pour signifier qu’il s’agit d’une vision prophétique et cet endroit fut désigné par Abraham par ce nom « HaShem Yéraé » D Se montrera. C’est à la suite de ce « sacrifice » que seront institués par la suite les sacrifices du matin et du soir (Abraham le matin ou midat’ hahessed et le Soir Itshak ou midat’ hadin’).
Il ne s’est pas agi uniquement de vision prophétique mais du désir de voir davantage que ce qui apparaît sur la portée dynamique d’un évènement…
Tous les passages bibliques où est employé le verbe « lasseth » (לשאת) implique une élévation tout comme dans Aharon s’élève pour allumer les bougies de la menora. Cette élévation est à la fois physique et spirituelle pour accomplir à la fois un acte dicté par HaShem qui provoquera une ascension vers le monde des sphères supérieures.
Caroline Elishéva REBOUH