PARASHAT LEKH LEKHA 5783 – Vendredi 04 Novembre 2022 – Yom Chichi 10 Heshvan 5783 – Samedi 5 novembre 2022 – Yom Chichi 11 Heshvan 5783
Tel Aviv, Ashdod, Netanya, entrée 17 h 29 – sortie : 18 h 27
Nous voici déjà à la 3ème parasha de l’année et c’est à toute allure que s’enfuit le temps, pour ne plus revenir que changé et dénaturé changeant nos lieux de vie, de résidence, l ambiance dans laquelle nous avions l’habitude d’évoluer mais nous avons la chance de continuer à nous maintenir dans la pensée et la réflexion sans lesquelles nous ne pourrions aspirer à nous élever quelque peu.
PARASHAT LEKH LEKHA 5783 , DU BERCEAU AU BERCEAU
Les midrashim, les commentaires divers écrits par tous les grands Sages qui se sont succédé depuis des temps immémoriaux jusqu’à aujourd’hui ou ceux tirés et puisés dans le système de pensée ésotérique, tous sont faits pour nous faire comprendre des messages secrets tissés dans les lettres qui composent les mots de la Torah.
Nous sommes en 5783 et la Tradition qui nous enseigne que le Monde durera 6 millénaires avant d’entrer dans le septième millénaire ou ère messianique (c’est-à-dire l’ère qui s’offrira à nous après que ce sera dévoilé le Mashiah et que nous aurons été « délivrés »), décompte les 3 étapes que le monde/l’humanité devra gravir depuis Bereshit : de Bereshit à 1947 (depuis l’an 0) l’âge du TOHU (désordre)
De 1948 à 3948 l’âge de la Torah
De 3949 à 5908 l’âge de l’époque messianique
Ces époques peuvent s’expliquer de la manière suivante : Depuis le 1er jour de l’existence de l’homme, la Torah fut offerte à l’humanité avec d’autres sciences destinées à faciliter la vie de l’être humain. Si certains ont opéré un choix : celui d’ignorer HaShem et de se passer de la Torah, d’autres tels qu’Adam ou Noé et Shem[1] l’un de ses enfants ont étudié la Torah, le tort qu’ils aient eu fut de rester statiques et de ne pas porter l’enseignement vers l’extérieur au contraire d’Abraham qui ne se contentait pas d’étudier et de prier mais il « diffusait » la Torah en enseignant aux populations voisines. Depuis toutes ces années l’enseignement toranique a progressé.
Au cours des années précédentes nous avons analysé divers aspects des merveilleux enseignements de cette parasha qui constitue, en quelque sorte, le premier chapitre de l’Histoire du peuple Juif[2], nous en examinerons de nouveaux cette fois en mettant à profit les façons différentes de faire des calculs desquels nous pouvons tirer de merveilleux enseignements.
Ainsi commence la sidra de cette semaine : LEKH LEKHA ce qui signifie Pars (Va) pour Toi. En fait nous savons que cette injonction est la première des dix épreuves que subira Abraham depuis le départ de Chaldée jusqu’au moment culminant de la ligature d’Isaac.
Ce départ qu’ordonne HaShem de ce premier serviteur qu’est Abraham par ces deux mots qui se ressemblent en tous points est porteur de significations et de promesses : en effet, לך-לך ces deux mots sont reliés par un trait d’union ce qui veut faire comprendre que ce premier pas dans la direction que D indique sera suivi d’un effet supplémentaire et complémentaire qui sont inséparables. Le second dépend du premier.
D’autre part en guemara nous savons que les lettres ont une valeur numérique et lekh équivaut à 30+20=50 et en double cela équivaut à 100 c’est-à-dire : Abram, tu vas partir de ce berceau dans lequel tu es né et tu as commencé à deviner le Tout Puissant et, lorsque tu auras 100 ans, tu seras consacré Père de la Nation juive à venir !!
Ces deux mots donnent une autre allusion en guematriya ketana où les chiffres perdent leurs zéros et où 50 devient 5 qui est la valeur de la lettre ‘hé (ה’) et donc, de là nous apprenons que Abram et Saraï deviendront AbraHam et SaraH car c’est avec l’insigne divin qu’ HaShem va les consacrer à la tête du pays. Puisqu’HaShem va partager entre les deux membres du couple le youd situé à la fin du nom de Saraï pour le partager en 2 ‘hé. Dans le même ordre d’idées lamed est 3 et kaf 2 = 5.
Mieux encore : en guematriya guedola les lettres finales de l’alphabet sont des centaines ainsi le khaf sofi équivaut à 500 ou le mem sofi à 600, le noun sofi à 700 où le pé sofi à 800 et le tsadik sofi à 900 donc, le mot lekh équivaut à 530 soit multiplié par deux = 1060 d’où la phrase suivante : Abram HaIvri ohev (écriture défective) HaShem, Saraï. = 1060.
Les Pirké Avoth qualifient la guematriya de « parperaouth laTorah » c’est-à-dire que c’est une approche sympathique/poétique/légère de la Torah mais il est certain que ce n’est pas par hasard que les calculs sont faits et l’on peut soudainement saisir un autre sens…., ce sont des approches possibles qui permettent d’accéder à un autre niveau le sens caché des choses…
Le premier hébreu nommé explicitement comme nous le verrons dans le courant de cette parasha (lorsque dans Bereshit XIV, 13 Abram est désigné comme Abram HaIvri ) est Abram, cet homme qui a franchi la frontière qui sépare l’impureté de la sainteté et donc la Chaldée, ce qui sera Babylone, vers le pays de Canaân qui est devenu le pays d’Israël.
Cette séparation d’avec Térah sera suivie de la séparation d’avec Loth, le neveu d’Abram. Loth qui fera l’inverse d’Abram puisqu’il va revenir en arrière : au lieu d’aller et de continuer à aller de l’avant et de progresser dans le chemin que lui a montré le futur patriarche, Loth va revenir en arrière vers le pays d’avant : il se tourne vers kedem c’est-à-dire non pas seulement vers l’orient mais encore vers la culture de la civilisation de laquelle il ne s’est pas séparé. La lutte qui existe entre Abram et Loth est celle du bien contre le mal. Abram, par vision prophétique verra que de Loth viendra le Messie (l’une des deux filles de Loth étant la mère de Moav d’où est issue Ruth, « grand-mère » du Mashiah.
Les quatre rois qu’Abram vainc dans la sidra sont : Amrafel, Ariokh, Kedarlaomer et Tidal. D’après la tradition Amrafel, Hamourabi et/ou Nimrod sont un seul et même roi. Ils représentent les 4 empires qui vont asservir Israël au cours de l’Histoire ainsi que le décrit le Maharal de Prague : Babel, Parass, Yavane et Roma = Babylone, Perse, Grèce et Rome. C’est-à-dire le « bloc » d’Ismaël et le bloc d’Essav ou Edom, nos frères et ennemis de toujours.
Abram est donc parti de Haran avec « les âmes qu’il a faites ». Abram a enseigné le monothéisme à tous ceux qui l’entouraient et pour lesquelles la Torah précise qu’il les a « faites » c’est-à-dire qu’il les a formées aux normes du judaïsme et non seulement il les a formées mais souligne bien le texte : il les a « élevées » car en abandonnant l’idolâtrie pour devenir les serviteurs du D Un ils ont élevé leurs âmes et leurs instincts vers la sainteté. C’est également en ce sens qu’Abram a eu le mérite d’être Abram HAIVRI car il est demeuré « à part », il a dépassé les autres et il est donc passé « méêver » au-delà.
Entre autres épreuves Abram qui est le premier à quitter son lieu de naissance pour prendre possession du pays de Canaân, doit subir la famine et se mesurer avec un premier « exil ».
La famine raâv en hébreu est un mot composé des mêmes lettres que le mot êver (ivri) רעב עבר/עברי . Rashi commente cet évènement de la façon suivante : D a voulu imposer cette famine à Abram qui, à peine arrivé en Canaân s’est vu dans l’obligation de s’éloigner de ce pays pour aller en Egypte trouver de la nourriture et pouvoir constater alors si Abram se révolterait et repartirait vers son pays d’origine. Le thème de la famine est souvent exposé dans la Bible. Et, il est utilisé toujours pour pouvoir éprouver les protagonistes.
Demeurant encore sans enfant Abram, sur les recommandations de Saraï, devient père d’Ismaël en prenant Hagar pour concubine mais, ce n’est qu’après ceci qu’HaShem ajoute la lettre HE aux noms d’Abram et de Saraï qui deviendront les parents d’Isaac. La lettre HE qui est le symbole du D Créateur et de Miséricorde.
Caroline Elishéva REBOUH
[1] Shem et Ever avaient fondé l’Académie de Torah (yéshiva) dans laquelle trois générations plus tard Jacob étudia assidument avant d’aller épouser Rahel et Léa et fonder ses 12 tribus
[2] Il y a une grande différence à faire dans l’emploi des termes juif et hébreu. Hébreu ou Ivri en hébreu vient du fait qu’Abraham ait traversé le grand fleuve entre la Chaldée et Canaan et le juif qui est un hébreu ayant reçu la Torah et l’ayant adoptée.