PARASHAT BALAK 5782 – Vendredi 09 tamouz 5782 – 8 juillet 2022
Horaires Ashdod/Tel-Aviv : Entrée 19h30 • Sortie 20h32
Chaque personne doit faire rentrer Chabbat avec les horaires de la communauté qu’il fréquente
JERUSALEM Entrée : 19h07• Sortie :20h30
PARIS-IDF :21h36 – 21h58
Marseille 21h02 •21h13
Lyon 21h13 . 22h28
LE NOM D’UN NON-JUIF POUR UNE SIDRA ?
Cinq parashioth de la Torah furent consacrées à des personnalités particulières : Noé, Jethro (Yitro), Korah, Balak et Pinhas. Noé n’était pas Juif car le judaïsme n’existait pas encore mais, il était « tsadik » il est d’ailleurs écrit à son propos qu’il était un homme juste et qu’il avait trouvé grâce aux yeux de l’Eternel. Yitro qui était idolâtre s’est converti par la suite, Korah et Pinhas étaient Juifs : l’un optant pour le yétser harâ et l’autre qui, par sa conduite exemplaire, se dévoua pour HaShem. Pourquoi Balak ? Les Sages répliquent qu’il présentait à HaShem des sacrifices journaliers et, de plus, il fut le grand-père de Ruth la Moabite elle-même fondatrice de la dynastie royale de David HaMelekh et du Mashiah.
La lecture de cette semaine est si particulière que de nombreuses questions sont posées au sujet des deux personnages autour desquels s’articule ce texte. Au cours de toute l’histoire de l’humanité, affirment les Sages dans le midrash Sifri, il y a eu 7 grands prophètes et parmi eux il y eut Bil’âm (Bal’âm). Comment se fait-il qu’HaShem ait permis à un homme pareil d’être prophète ? Les Hazal enseignent que bien qu’HaShem ait proposé la Torah à toutes les nations du Monde et que seul Israël ait accepté la Torah, l’Eternel a tenu à permettre la prophétie à d’autres hommes qu’à des Juifs de partager aussi cette faculté pour permettre à toutes les nations de se repentir dans leur façon d’agir et de revenir vers D mais, malgré ceci, aucun d’eux n’a fait teshouva et, aucun d’eux n’a su préserver le peuple juif de fauter et de succomber devant les tentations qui ont existé comme le fait que les hommes d’Israël n’ont pas eu la force nécessaire pour reculer devant le piège tendu par les jolies femmes de Moab[1] qui réussirent à faire « tomber » dans leurs filets des hommes juifs qu’elles attiraient sous des prétextes fallacieux comme boire du bon vin et les obliger alors par des stratagèmes à se prosterner devant leurs idoles puis à entretenir des relations intimes avec elles. Ces 24,000 hommes périrent victimes de leur concupiscence et de leur incapacité à contrôler leurs instincts.
Les trois grandes fautes qui éveillent la colère d’HaShem sont l’idolâtrie, les effusions de sang et les incestes. Rappelons que c’est par inceste que les filles de Loth ont donné naissance à ces deux peuples que D exècre : Ammon et Moav. Dans ce passage du livre des Nombres, se trouve un personnage du nom de Balak qui n’est autre que le roi du peuple moabite. Nous reviendrons vers lui. Le peuple d’Israël par son adhésion à la doctrine de la Torah a accepté de s’opposer à ces trois fautes qui enflamment la colère divine en leur opposant l’observance des mitsvot de la Torah, par le culte et la bienfaisance[2], mais aussi en calquant son comportement sur celui des patriarches et en fuyant les honneurs, en ne cédant pas aux bas instincts ni à la jalousie mais au contraire en étant humbles, miséricordieux et en faisant le bien autour d’eux.
Balak convoque Bil’âm urgemment et lui confie son désir de le voir procéder à la malédiction d’Israël.
L’analyse abrupte des personnages est peu agréable : Bil’âm est un homme peu amène, aux mœurs dissolues, il est borgne et revêche mais il sait qu’une limite existe lorsqu’il s’agit d’Israël. Selon les midrashim, L’ânesse de Bil’âm, celle qui fut dotée de parole[3] réprimandera Bil’âm en lui rappelant certains principes qui seront évoqués plus bas.
Bien que Bil’âm signifie à Balak qu’il lui est absolument impossible de maudire Israël et bien qu’il veuille paraître comme quelqu’un de soumis à l’Eternel, malgré cela, il n’hésite pas à se joindre aux envoyés du Moabite ce qui eut le don d’exaspérer HaShem. Et, malgré la volonté du prophète païen de se faire passer pour quelqu’un obéissant aux ordres divins, il n’intentera rien qui puisse sauvegarder le peuple de la débauche à laquelle il sera confronté.
Dans la Guemara de Baba Bathra, les Sages émettent à propos de cette péricope, une opinion reprise aussitôt par Rashi : il est écrit : « Moïse a écrit son livre et la Parasha de Balak ». Qu’est-ce à dire ? De tous les récits rapportés dans la Torah, le seul dans lequel il n’existe pas de témoin est celui de Balak car, lorsque le prince de Moav s’entretient avec Bil’âm, aucun témoin d’Israël ne s’y trouve en dehors d’HaShem qui rapporte toute l’histoire en la dictant à Moshé rabbénou !
Pour ce qui concerne le prodige prévu dès le premier vendredi de l’Humanité de donner à l’ânesse de Bil’âm la possibilité de s’exprimer et de formuler des remontrances à l’encontre de son maître, les Sages font remarquer qu’à ce propos il n’existe pas de témoin non plus car les seuls « personnes » présentes étaient l’Ange et Bil’âm….
Bil’âm constatant que l’ânesse dévie de sa route, frappe l’animal sauvagement à trois reprises, à tel point que celui-ci récrimine en lui reprochant de ne pas essayer de comprendre la raison qui se cache devant cette étrange conduite et le reproche est clair : comment oses-tu vouloir maudire un peuple qui observe les 3 fêtes de pèlerinage[4] ? Les Sages voient dans ces trois fuites du sentier normal des allusions claires en relation avec les trois patriarches et avec les 3 fêtes de pèlerinage : Abraham Isaac et Jacob. En effet, en descendant du sentier pour se diriger vers les champs, c’est une allusion à Souccot, en se dirigeant vers les vignes, l’allusion est à Pessah et lorsque l’ânesse n’a plus vers où se tourner c’est une allusion à Shavouot où le peuple n’a eu d’autre choix que d’accepter la Torah.
L’ânesse reproche, d’après le Midrash, à son maître, malgré les apparences, de tenir absolument à maudire Israël de manière à ravir à ce peuple le mérite de ses patriarches, car Abraham lutta contre l’idolâtrie, Isaac contre les effusions de sang et Jacob contre les unions illicites. Les parallèles sont poussés encore plus loin : en effet, Abraham demande à Sara de pétrir des « galettes » correspond aux matsot de Pessah, le bélier sacrifié en lieu et place d’Isaac est le shofar qui retentit sur le Mont Sinaï lors de la promulgation de la Torah et Souccot car Jacob habitait dans des tentes.
Les 3 fêtes de pèlerinage correspondent aux trois patriarches par conséquent d’après plusieurs commentateurs.
Le pouvoir que Bil’âm possédait est qu’il savait tirer parti des évènements et de chaque instant. Il savait par exemple à quel moment il était impossible de maudire car à cet instant, l’esprit divin était empli de miséricorde et d’amour pour Son peuple.
Rashi, pour sa part, ajoute une appréciation qui ne manque pas d’intérêt à propos des fêtes de Pessah et de Souccot qui durent 7 jours : « celui qui travaille à Hol Hamoed[5] de Pessah et de Souccot est considéré comme un idolâtre » pour étayer cette opinion, le Ben Ish Hay[6], stipule que lors de la faute du veau d’or, une phrase a été prononcée : « voici ton dieu, Israël » et trace un parallèle avec une autre phrase prononcée à propos des fêtes de pèlerinage : « voici tes fêtes Israël ». Le Ben Ish Hay ajoute que la faute du veau d’or a duré 6 heures en tout et pour tout et, selon lui, pour se purifier de la faute du veau d’or, il faut utiliser le principe du 1/60ème, il faut donc multiplier ces 6 h par 60 ce qui fait 360 h. C’est-à-dire donc qu’après 360 heures de « devékout » ou de communion pleine et entière avec HaShem, le peuple se purifie de ses fautes. Or, reprend le grand penseur de Bagdad, 360 heures cela fait exactement 15 jours soit les 7 jours de Pessah en entier et les 8 jours de Souccot avec Simha Torah y compris les jours de Hol Hamoed !
Bien que Balak ait ardemment désiré la fin d’Israël, le fait qu’il ait quotidiennement offert 42 sacrifices à D lui a valu d’être récompensé dans sa descendance et il acquit des mérites car il savait à la perfection manier les noms d’HaShem à un tel point que c’est la raison pour laquelle Balak immolait 42 bêtes quotidiennement en pensant au nom de 42 lettres.
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Moav et Midyane étaient des royaumes voisins et proches en parenté. Moab et Ammon sont deux peuples avec lesquels HaShem a toujours demandé au peuple juif de ne pas se mêler car ces peuples sont issus (Moabites et Ammonites) de l’union incestueuse des filles de Loth avec leur père. De plus, les femmes Moabites ont joué un rôle d’entraîneuses à la débauche lors du passage des Hébreux dans le désert.
[2] Torah, Avoda et Guemilouth Hassadim
[3] La Tradition orale nous apprend que parmi les 10 « choses » créées le premier vendredi de la Création juste avant le premier shabbat de l’Humanité, fut prévu le moment où l’ânesse de Bil’âm parlerait.
[4] Les 3 fêtes de pèlerinage ou shalosh régalim sont : Pessah, Shavouot et Souccot.
[5] Hol Hamoed sont les jours de semaine qui sont considérés comme des demi-fêtes entre les premier et dernier jours de fête.
[6] Ben Ish Hay ou R’ Yossef Hayim de Bagdad 1835-1909. Auteur de nombreux ouvrages de Halakha et de Cabale notamment. Il est enseveli au cimetière du Mont des Oliviers à Jérusalem.