La plupart des fêtes du judaïsme possèdent plusieurs noms. Chavouot, qui en français est traduit par Pentecôte est désignée aussi par plusieurs appellations. Chavouot est la fête des semaines car elle est célébrée au terme des 7 semaines pendant lesquelles nous comptons chaque soir qu’un jour de plus s’est écoulé et, c’est au cinquantième jour qu’a lieu cette fête. 50 Jours c’est d’ailleurs la traduction littérale de Pentecôte du grec Pentecostes ou cinquantième.
Ce jour se nomme aussi fête des prémices ou Hag HaBikourim car c’est à Chavouot que l’on offrait au Temple les prémices des nouveaux fruits qui apparaissaient alors sur les arbres : abricots, amandes, pêches, cerises… Hag Matane Torah ou la fête du Don de la Torah.
Dans la Guemara, cette même célébration est évoquée différemment : Atsereth ou clôture. La fête de Souccoth dure sept jours et le 8ème qui est selon les termes de la Torah une « convocation sainte », est désignée comme « Shemini, Hag HaAtsereth » soit huitième, fête de la clôture.
Clôture de quoi ? En fait, lorsque HaShem parle à Moïse au sujet du don de la Torah au Peuple sur le Mont Sinaï, IL lui demande de bien avertir ce peuple aux réactions brutales et imprévisibles de ne pas s’approcher des pieds de la montagne pour ne pas mourir. De mettre, en quelque sorte, une clôture, pour qu’elle rappelle sans cesse la Sainteté du lieu. Cette clôture est donc si importante que les Sages de la Guemara ont choisi de citer cette fête de par cette clôture ?
A Pessah, il y a un rituel particulier(le seder) qui incite les jeunes et les esprits curieux à se renseigner sur ces signes : pessah, matsa ou maror. A Rosh HaShana, nous avons aussi un seder différent mais qui font que les jeunes enfants et même les moins jeunes s’interrogent sur les raisons de ce rituel. A Souccoth, la soucca, les arba minim, le seder des ouspizine, intriguent aussi.
A Chavouot, rien de particulier sinon que dans certaines communautés sur deux repas on ne consommera que des mets lactés ou un repas lacté et un à base de viande… A telle enseigne que même le Ramo (R’ Moshé Isserlèss), suggère de faire un pain à base de beurre et un normal, parvé. Et que la nuit de cette journée de Chavouot les hommes vont se rendre à la synagogue/yéshiva pour y étudier la Torah toute la nuit…
Cette étude, d’ailleurs, va empêcher ces messieurs de prendre part à l’éducation des enfants car, ils auront hâte de prendre du repos pour récupérer les heures de sommeil ratées.
Avant que de passer à d’autres considérations, je voudrais aborder ce sujet de repas bassari ou halavi. Certains raccrochent cet usage au verset du Shir HaShirim que l’on psalmodie : « devash vehalav tahat leshonekh » ou : du miel et du lait sont sous ta langue, la Torah étant comparée à du lait soit à un aliment de première nécessité sans lequel un enfant ne peut se développer.
D’autres basent leur raisonnement sur le fait que le peuple, aux pieds du Mont Sinaï, absorbé et concentré par l’écho du tonnerre et de l’éclat des éclairs ainsi que le son du chofar allaient en s’amplifiant, le peuple n’eut pas le temps nécessaire à l’abattage d’animaux ni à la confection de plats carnés, ils ont dû donc consommer des aliments lactés…
Par ailleurs, la tradition juive aime relier chaque évènement majeur à l’amour des trois patriarches, ainsi que nous l’avons souvent rappelé. Jacob est relié à Souccoth et Abraham à Pessah car, la visite des Anges au patriarche eut lieu pour Pessah d’ailleurs, c’est pour cela qu’Abraham demanda à Sarah de cuire des galettes (matsoth) et ainsi, Isaac est relié à Chavouot Hag HaAtsereth les Sages expliquent ainsi que le peuple s’étant plaint de toutes ses forces à HaShem de ses souffrances, HaShem s’adressa aux trois Patriarches pour leur demander à quel sacrifice ils étaient prêts pour faire sortir le peuple d’Egypte plus tôt[1] que ce qui avait été annoncé et, seul Isaac dont le nom aurait dû être YSSHAK (youd-sine-heth-kouf valeur numérique 418) accepta que son nom fût YTSHAK (youd-tadik-heth-kouf valeur numérique 208) ce qui fit que la différence entre ces deux noms est de 210 soit le nombre d’années où les Bené Israël sont restés en Egypte !!!
Chavouot est donc considérée comme la fête de clôture de Pessah, cette atsereth intervenant cinquante jour après pessah et non le lendemain de Pessah comme shemini atsereth intervient au lendemain de Souccoth.
Le parallèle intéressant à faire est que la nuit précédant shemini atsereth, a lieu une nuit d’études tout comme a lieu une nuit d’études pour le shevii de Pessah et la atsereth de Chavouot. De même, les cinq meguiloth sont lues lors de différents évènements du calendrier juif ainsi : celle d’Esther est lue à Pourim, celle de Ruth à Chavouot, celle de Shir HaShirim à Pessah, celle de Qoheleth à Souccoth et celle des Lamentations est lue à 9beAv!
Caroline Elishéva REBOUH
[1] Lors de la Brith beyn HaBetarim (Genèse XV, 7-21), HaShem annonce à Abraham que sa descendance sera exilée pendant 400 ans dans un pays qui ne sera pas le leur.
De la soirée du : samedi 4 juin 2022
En France : Lundi 6 juin 2022