PARASHAT « TAZRIA » 5782 – Vendredi 1er Avril 2022-Yom Chichi 29 ADAR II 5782 Samedi 02 Avril 2022-Yom Shabbat 02 Nissan 5782
Horaires allumage et sortie de chabbat Ashdod : 18 h 40 – 19 h 39

Les signes du printemps arrivent et, avec la grâce de D, avec Rosh Hodesh Nissan, ce shabbat, nous ne serons plus qu’à 2 semaines du soir du seder de Pessah !!!

Dans certaines familles où l’on consomme des matsoth tout au long de l’année, on a coutume de s’arrêter d’en manger au 1er Nissan de manière à en ressentir l’envie le soir du seder.

PARASHAT TAZRIA 5782 : LES SECRETS DES BETES

Cette sidra est en même temps shabbat haHodesh[1] ou shabbat mevarekhim[2] : car cette année, ce shabbat sera en même temps rosh hodesh[3] ou néoménie du mois de Nissan. Le texte de la Torah s’ouvre sur les lois de pureté qui s’attachent à la femme après l’accouchement et, il est question des sacrifices que cette femme devra apporter au Temple après son rétablissement.

Ainsi donc, la Torah demande parmi les offrandes qu’une femme doit apporter au Temple après la naissance de son enfant un sacrifice « hattath » ou délictueux. En quoi pourrait-on se demander une femme qui vient d’accoucher pourrait-elle avoir une conduite délictueuse ?

Les Sages du Talmud, bien qu’ils aient vécu à des époques où les progrès de la science n’existaient pas et de toutes façons n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui, avaient acquis de par les études constantes et de la Torah écrite et orale et de par l’expérience acquise avec la vie et les êtres humains et leurs confidences, savaient que la parturiente, au point culminant des douleurs e du « travail » de naissance, en viennent parfois à regretter d’avoir exercé leur devoir conjugal et en viennent, parfois, à se jurer qu’on ne l’y « reprendrait plus » et qu’elle pourrait bien se passer de tout contact avec son époux pour ne pas avoir encore à endurer ces douleurs aigües de l’accouchement[4].

Pour cette pensée fugace – ou même si elle était plus longue – la jeune maman ou la jeune accouchée devra se faire pardonner pour cette pensée négative, d’autant qu’en donnant naissance, elle fera partie intégrante du trio de création du petit de l’homme :  HaShem, son époux et elle.

Aussi, ce sacrifice aura une signification bien particulière : elle devra offrir un « Tor ». Qu’est-ce qu’un « TOR » ? En hébreu trois noms divers désignent les 49 genres de « Colombidae » et 350 espèces des mêmes volatiles. En effet, en français nous appelons ce genre d’oiseau soit des Pigeons, soit des Tourterelles[5], soit des Colombes. En hébreu[6] il y a Yona, Tor, et la Tsoutselet[7].

La raison essentielle de ces columbidae est que ce sont des oiseaux monogames. C’est-à-dire que tant le mâle que la femelle sont fidèles à leur conjoint et pour la tourterelle, la fidélité va beaucoup plus loin, paraît-il, le mâle et la femelle sont liés dès leur naissance, tandis que pour les autres columbidae, il y a comme chez les humains une sorte de fiançailles puis, les noces. Cependant, si l’un des membres du couple de tourterelles venait à mourir le second restera fidèle et ne prendra pas un autre compagnon. Chez les autres, si survenait un accident celui qui est devenu célibataire pourra se remettre en couple… Ainsi, le parallèle est tracé, et la femme qui vient d’accoucher et veut se faire pardonner d’avoir eu l’idée de se séparer de son époux….

A présent, nous allons aborder un autre sujet lié, à celui que nous venons de traiter, de manière détournée.

Dans cette parasha supplémentaire que nous allons lire dans un autre sefer Torah que celui de la parasha hebdomadaire, pour introduire le mois de Nissan, seront inscrits les mots selon lesquels :  ce mois sera pour vous la tête de tous les mois de l’année.

Ici, encore, nous allons trouver matière à nous étonner car ces mots concernent bien le mois de Nissan et non pas un autre mois et, parce que Pessah a été fixé ce mois-ci et, aussi, parce que TOUT absolument tout dépendra de ce rosh hodesh, de cette néoménie. HaShem a fait pénétrer Moïse et Aharon au 7ème ciel et leur a enseigné comment distinguer le début du mois pour pouvoir, par la suite, savoir quand et comment fixer le début des autres mois et le début de toutes les fêtes.

D’après le Kli Yakar[8], ce mois est important car il constitue, en quelque sorte, un type d’agenda pour le juif : le 10 nissan acheter l’agneau pascal, puis le sacrifier et le 14 célébrer Pessah…. En conséquence, savoir comment fixer une date revêt une importance capitale.

Lorsque les Bené Israël étaient encore en Egypte, ils ne pratiquaient pas systématiquement la circoncision sur tous les mâles. Néanmoins, avant de célébrer Pessah pour la première fois, ils durent procéder à cette mitsva pour pouvoir goûter à l’agneau du sacrifice et badigeonner les linteaux des portes. Cependant, nous apprenons (et nous le reverrons au cours du soir de Pessah) qu’il est écrit à deux reprises « c’est dans ton sang que tu vivras » la raison en est que c’est en utilisant à la fois le sang de la circoncision et celui du sacrifice pascal mélangés qu’avec un bouquet d’hysope ils ont badigeonné les linteaux des portes permettant à l’Ange de la Mort de « passer au-dessus » des maisons des Bené Israël et sont restés en vie !!

Le patriarche qui s’est démarqué par rapport aux deux autres pour Pessah est Abraham nous en recevons une allusion dans la parasha de VaEra, lorsque les Anges rendent visite à Abraham au 3ème jour après avoir été circoncis lorsque le Patriarche s’adressant à son épouse lui recommande de pétrir rapidement des « galettes » en allusion au temps très court nécessaire à la confection des matsoth pour qu’elles ne soient pas hamets. Les exégètes [9]qui signalent ceci sont entendus pour remarquer qu’il est en effet du devoir du mari d’avoir le contrôle du temps de pétrissage tandis que pour ce qui est l’accueil des invités (« hakhnassath orhim ») étant tous deux – Abraham et Sara – mariés depuis de si longues années, le patriarche n’avait nul besoin de dire à Sarah comment ni avec quoi recevoir les invités !!

Caroline Elishéva REBOUH.

 

[1] Il s’agit du quatrième shabbat possédant un ajout dans la parasha et une haftara particulière s’échelonnant depuis avant rosh hodesh ou néoménie du mois d’adar avec la parashat shekalim et le don d’un demi-shekel en souvenir du don d’un demi shekel que nous devions offrir au Temple, la parashat zakhor lue avant Pourim en souvenir de l’attaque d’Amalek dans le désert, la parashat parah lue en souvenir de la vache rousse et le shabbat HaHodesh ou shabbat du mois introduisant le mois de nissan.

[2] Shabbat mevarekhim est le shabbat qui précède immédiatement ou introduit le nouveau mois hébraïque où l’on bénit ce nouveau mois et où l’on prie pour qu’il soit porteur d’abondance, de prospérité, de santé et de bénédictions.

[3] Rosh hodesh est le début du mois ou néoménie.

[4]  Réflexion de Rabbi Shimôn Bar Yohay dans la Guemara Nidda.

[5]  Le nom de tourterelle provient du mot hébraïque Tor qui lui-même est le nom donné à cet oiseau à cause de son cri qui ressemble à ce mot : torrr, torrr….

[6]  Les noms scientifiques varient : Streptopelia capicola ou Columba avec différentes caractéristiques pour différencier le pigeon de la colombe.

[7]  Cet enseignement nous est transmis à travers la Pessikta Zouta.

[8]  Shlomo Ephraïm Lountzchits 1550-1619.

[9]  74 années de mariage.