D’après une étude réalisée par le Dr. Elinor Amit et le Prof. Shai Danziger de l’Ecole de gestion de l’Université de Tel-Aviv, les personnes utilisant des illustrations et des représentations pictographiques (emojis) dans leurs échanges en ligne sont perçues comme dotées de moins de pouvoir et d’autorité que celles qui emploient des mots, en particulier dans un milieu professionnel, ou dans un contexte mettant en jeu une notion de pouvoir social.
Selon les chercheurs, nous devrions y réfléchir à deux fois avant d’envoyer une photo ou un emoji sur notre lieu de travail, ou dans tout autre contexte où nous souhaitons être perçu comme possédant du pouvoir et de l’autorité.
L’étude, menée en collaboration avec le Prof. Pamela Smith de l’Université de Californie à San Diego, a été publiée dans la revue Organizational Behavior and Human Decision Processes.
La puissance des mots
« Aujourd’hui, nous sommes tous habitués à communiquer avec des images, et les réseaux sociaux rendent cela à la fois facile et amusant. Nous ajoutons des émojis dans nos messages textos, nous mettons des photos sur Facebook et autres », relève le Dr. Elinor Amit. « Les conclusions de notre étude, cependant, suggèrent que cette pratique peut avoir un coût, en particulier dans un environnement de travail, car elle donne une image plus « faible » que celle de la personne qui utilise des mots. C’est pourquoi on devrait réfléchir à deux fois avant d’envoyer une photo ou un emoji sur son lieu de travail, ou dans tout autre contexte dans lequel l’on souhaite être perçu comme possédant du pouvoir et de l’autorité»
Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont mené une série d’expériences portant sur diverses situations de la vie quotidienne auprès de centaines de personnes aux Etats-Unis.
Dans l’une d’entre elles, par exemple, on a présenté à la moitié des participants un t-shirt de l’équipe de baseball Boston Red Sox avec le logo verbal de l’équipe, et à l’autre moitié, un t-shirt avec un logo pictural. Les participants ont jugé la personne portant le t-shirt avec un logo pictural comme moins dominante que la personne portant celui avec un logo verbal. Des résultats similaires ont été obtenus dans toute une gamme d’autres contextes.
Les chercheurs ont également mené des expériences dans le cadre de réunions en ligne utilisant des plateformes telles que Zoom et Microsoft Teams, devenues un élément d’organisation essentiel dans la vie des entreprises depuis la pandémie. Lors d’une expérience en visioconférence, les participants ont été invités à choisir entre deux personnes pour les représenter dans un jeu compétitif nécessitant de faire preuve d’un certain pouvoir. L’une d’entre elles a choisi de se présenter au moyen d’un profil pictural, l’autre avec un profil verbal. Soixante-deux pour cent des participants ont sélectionné la personne qui avait choisi de se représenter par un profil verbal.
Un désir de proximité sociale
« Pourquoi les images signalent-elles la faiblesse du locuteur ?
Notre étude montre que les messages visuels sont souvent interprétés comme le signe d’un désir de proximité sociale», explique le Dr. Amit. « Les personnes plus faibles désirent davantage la proximité sociale que les personnes plus fortes. Par conséquent, montrer que vous recherchez une proximité sociale en utilisant des images signale essentiellement que vous êtes plus faible ».
« Il faut noter qu’une telle interprétation n’est généralement pas pertinente dans le cadre de relations étroites, comme la communication entre des membres de la famille. Cependant, dans de nombreux domaines de la vie, en particulier au travail ou dans les affaires, les relations de pouvoir sont prévalentes, et nous devons être conscients de l’impression que nos messages font sur leurs destinataires. Les conclusions de notre étude constituent un signal d’alarme : lorsque vous voulez donner une image de force, réfléchissez-y à deux fois avant d’envoyer un emoji ou une photo, et préférez l’emploi des mots ».
Photo 1:Le Dr. Elinor Amit