PARASHAT VAYIKRA 5782 – Vendredi 11 mars 2022 Vendredi 8 Adar II 5782
Horaires allumage et sortie de chabbat Ashdod : 17 h 26 – 18 h 24

LA TORAH DE MOSHE RABBENOU

Au fil des années passées nous avons consacré de nombreux commentaires à cette péricope. Cette année, nous tenterons de nous attacher plutôt à certaines allusions que de grands Sages nous ont laissé en héritage.

Le troisième volume du Pentateuque est donc celui du milieu, celui qui sert de gond à l’ensemble, celui autour duquel tout ce texte va s’articuler, celui qui comprendra le plus de commandements[1].

Vayikra est aussi évoqué sous le nom de Torath Cohanim car il contient les lois concernant entre autres les sacrifices et nous aurons l’occasion au long des parashoth de comprendre comment fonctionnent les Cohanim au Temple.

Rabbénou Behayé tient à nous faire comprendre à quel point ce qui est important se trouve « au milieu »: en effet dit-il, contrairement à ce tous font et considèrent comme une semaine entière débutant le dimanche/yom rishone et se terminant le shabbat, en réalité, la semaine[2] commence le mercredi et se termine le mardi en contenant le Shabbat comme « milieu » de la semaine, comme une charnière. La preuve en est que si quelqu’un pour de multiples raisons n’a pu faire le kidoush de la havdala, il pourra le faire jusqu’au mardi lequel se rattache à la sidra passée. Au contraire de cela, si l’on écrit une lettre, un traité ou une ketouba par exemple, la date sera rédigée en prenant pour point d’appui/ancrage le shabbat qui arrive. Et, enseigne ce grand Sage que fut Rabbénou Behayé, le shabbat est donc bel et bien au milieu de la semaine spirituelle : il est bel et bien l’axe autour duquel s’articule toute la semaine et l’étude de la Torah ! Ainsi affirme-t-il, HaShem s’exprime-t-IL : Si vous gardez bien MON Shabbat, JE préserverai pour vous MA Torah !!! Car c’est dans le milieu de la Torah[3] que sont concentrées, en particulier, les mitsvoth des sacrifices destinés à être offerts au Temple pour différentes raisons ainsi que nous le détaillerons plus bas dans ce texte.

Rabbénou Behayé continue son exégèse en soulignant une particularité sémantique : en appuyant son argumentation sur des versets souvent tirés de la Torah, il enseigne que dans la partie de Bereshith où il est question de la création de la lumière, (parashath haOhr) il dénombre 5 fois le mot ohr ou lumière. Ce vocable est employé très souvent à la place de Torah et, écrit-il, 5 fois en lieu et place des 5 volumes du Pentateuque. Et ceci est rapporté aussi dans la guemara au nom de Rabbi Simon.

Le Kli Yakar pour sa part remarque autre chose : pour lui, on remarque dans la parashat Tsav qu’il est question à 5 reprises d’une répétition du mot Torah et que ces 5 répétitions sont à mettre en relation avec les 5 sortes de sacrifices. Pour illustrer son propos, il détaille ainsi son raisonnement :

Dans le livre de Bereshith, il est question des sacrifices de Ôlah[4]  tels les  2 sacrifices d’Abel et de Caïn, plus tard le sacrifice de Noé, puis le sacrifice d’Abraham et ensuite celui de Jacob….

Dans le livre de Shemoth, il s’agit du sacrifice de Minha qui fait allusion à la Torah et à Minha (l’offrande).

Dans le livre de Vayikra, il s’agit du sacrifice : Hatath expiatoire, après avoir commis une faute.

Dans le livre de BaMidbar, il s’agit dans la parashat Nasso des sacrifices Asham et Shelemim.

La littérature rabbinique est assez fournie dans ce domaine en recommandant et en expliquant que si celui qui doit offrir un sacrifice, n’en a pas les moyens il ne devra de toutes façons pas offrir un animal volé en prétextant que c’est pour lui permettre de faire un sacrifice car la Torah propose des solutions alternatives pour le plus pauvre de s’acquitter de l’obligation d’offrir des sacrifices.

Quant à la personne qui commet une faute « bishegaga » ou beshogueg (involontairement) il doit aussi offrir un sacrifice car, l’homme se doit d’être prudent et  scrupuleux ainsi, s’il s’était préoccupé un tant soit peu de ce qui pourrait advenir, il eût pu éviter de contrevenir à un commandement et éviter d’avoir à présenter un sacrifice. Et ceci d’après le Ramban.

Un autre commentateur contemporain cette fois-ci  : Rabbi Simha Zissel Broyde[5], fait remarquer que si le sacrifice offert après avoir commis une faute involontairement la sanction encourue n’est pas annulée pour autant prenant pour preuve qu’après avoir mangé du fruit défendu et après s’être défendu en rejetant la faute sur Eve, Adam ne fut point pardonné pour autant et fut appliquée la sanction d’être expulsé du Gan Eden.

Lorsque, sur les tables de pierre, sont gravées les dix « paroles », le premier mot ANOKHI vient détruire dans l’esprit humain les deux mesures ordonnées par Hashem : en ordonnant de sacrifier un agneau/bélier comme sacrifice pascal parce que ce fut un animal auquel les Egyptiens rendaient un culte idolâtre aux béliers/agneaux d’une part et d’autre part le 15 nissan car les Egyptiens rendaient aussi un culte aux astres or, le 15, la lune arrive à son amplitude maxima et bélier est le signe zodiacal du mois de nissan donc en cette même opération HaShem a bien fait comprendre aux Egyptiens et aux Enfants d’Israël, qu’il n’y avait point lieu de rendre un culte quelconque à quelque idole dont il pourrait s’agir en dehors de sacrifier vers le D d’Israël.

Caroline Elishéva REBOUH

[1]  Vayikra renferme 247 mitsvoth Soit : entre les autres volumes du Pentateuque seront réparties les autres mitsvoth soit un peu plus d’une centaine par volume…

[2] Semaine spirituelle.

[3]  Le troisième livre Vayikra.

[4]  Il existe donc plusieurs types de sacrifices : le korban ôlah קורבן עולה ou holocauste, le korban hatat קורבן חטאת sacrifice expiatoire, korban minha קורבן מנחה, korban asham קורבן אשם sacrifice délictif, korban shelamim קורבן שלמים sacrifice rémunératoire, et puis il y a le korban pessah קורבן פסה sacrifice de Pâque,le korban bekhor קרבן בכור, le korban tamid  קורבן תמיד   sacrifice perpétuel et le korban moussaf מוסף supplémentaire et le maâsser מעשר, maâsser sheni מעשר שני  etc…. les personnes désirant offrir des choses au Temple pouvaient offrir aussi de l’encens, de l’huile, du bois pour brûler les sacrifices.

A remarquer  les korbanoth sont en général des animaux et les minhoth sont à base de végétaux ne contenant ni levain ni miel.

Les sacrifices dits propitiatoires ou כפרות en hébreu,  sont des sacrifices que l’on fait de manière expiatoire d’après la racine de לכפר. Comme kippour כיפור. Autre chose à remarquer c’est que le פרוכת  ou tenture devant l’Arche Sainte  et כפורת   le propitiatoire renferment les mêmes lettres de même que כפתור (les boutons qui ornaient la menorah du Temple.

[5]  1912-2000 auteur du Sam Derekh ancien Directeur de la Yeshiva de Hébron et Membre du Conseil des Sages de la Torah de Deguel HaTorah.


Pourim : Commence au coucher du soleil du  Mercredi 16 mars 2022 et S’achève à la tombée de la nuit le  Jeudi 17 mars 2022