PARASHAT KI TISSA 5782– Vendredi 18 fevrier 2022 – Vendredi 17 Adar I 5782
Horaires allumage et sortie de chabbat Ashdod : Ashdod : 17 h 10 – 18 h 10
LE VEAU D’OR ET L’ENCENS
Cette parasha qui est cette année l’antépénultième du livre de shemoth est une sidra très importante car elle est longue mais surtout parce qu’il y est question du shabbat, des fêtes, de l’encens mais surtout encore une fois de la faute du veau d’or (plus de 70 versets sont encore consacrés à cette faute que nous n’avons pas encore réussi à nous faire pardonner totalement) … En effet, comment pourrions-nous faire pardonner un tel acte alors que nous avons assisté à tous ces prodiges et miracles déployés par HaShem, comment avoir vu le déchirement de la Mer Rouge et les soldats de l’armée égyptienne précipités avec leurs chars et leurs montures dans les flots de la Mer Rouge, après avoir vu et entendu tout ce déploiement incroyable pendant la dédicace dela Torah et se laisser encore convaincre par le lashonHaRa des étrangers qui se sont joints au Peuple et faire un veau d’or ?
Nous avons cité, au cours des années précédentes, de nombreuses raisons visant à minimiser la faute du peuple…. Cependant la faute est restée entière et les Sages enseignent que de même que lors de la traversée de la mer 12 sentiers sesont créés pour permettre à tout le peuple de passer d’une rive à l’autre de la mer en moins de temps qu’il n’eut été nécessaire si le peuple ne s’était pas séparé en tribus, lors de la création de ce veau, ce sont en réalité 12 veaux qui sont apparus un dans chacun des campements de chaque tribu !
Yéhouda HaLévy, dans le Sefer HaKouzari,évoque le désarroi vécu par le peuple lorsque tout le peuple attendait le retour de Moïse du Mont Sinaï et, ils pensèrent que, ce grand homme qui les avait aidés à sortir d’Egypte, était peut-être mort et que, de ce fait, ils avaient perdu leur chef et guide et qu’ils seraient désormais voués à une perte certaine. D’après cette explication, le veau d’or surgi du feu (ou les 12 veaux situés dans les 12 camps des douze tribus) n’étaient pas considérés comme des dieux mais, comme des guides ou une sorte de « lien » qui remplacerait Moïse et leur permettrait d’être en quelque sorte en lien, ou en connexion avec HaShem !Et il en est de même pour la part d’Aharon dans cette affaire : après que le Grand-Prêtre Aharon eut constaté ce qu’il était advenu de Hour, tué parce qu’il voulut temporiser un peu le mouvement de foule, le Cohen préféra essayer d’obtempérer pour tenter de « gagner du temps » sachant que tout rentrerait dans l’ordre au retour du prophète.
Certains autres exégètes s’interrogent sur ce qui était répréhensible : était-ce le fait d’avoir représenté un veau ? La réponse est claire d’après, encore une fois, Yéhouda HaLévy : la présence de Kérouvim (les anges) dans le Mishkan, et le fait que sur la Merkava (ou Char céleste) apparaissent des « images » (celles d’un lion, roi des animaux sauvages, d’un taureau, roi du bétail, d’un aigle, roi des volatiles,veut clairement dire que la reproduction d’animaux ou d’anges n’est interdite qu’à partir du moment où l’homme les reproduit pour lui rendre un culte.
Or, beaucoup d’exégètes s’interrogent sur le fait que la faute du veau d’or soit rapportée dans le texte de la Torah entre ceux très importants sujets : le shabbat et la fête de Pessah. Quelle serait la raison pour laquelle le sujet du veau d’or n’a pas été abordé tout seul sans qu’il n’y ait besoin de l’entourer du shabbat et de Pessah/fêtes.
Les Sages de la Mishna indiquent ceci : tous les shofaroth (shofar) sont kashères à l’usage liturgique,il est interdit, toutefois, de se servir du shoffar d’une vache, à cause de la faute du veau, et qu’un tel shoffar ne vienne rappeler cette faute, car la vache rousse vient « racheter » la faute du veau d’oret, on ne doit pas rappeler cette faute avec un shofar qui serait confectionné à partir de la corne d’une vache.
La faute des Bené Israël fut de ne pas respecter la « hiérarchie » et de ne pas accorder leur confiance. Avant d’escalader le Mont Sinaï pour y recevoir les Tables de pierre et la Torah, Moïse avait désignéses successeurs en cas de besoin : Aharon et Hour, pourquoi, saisis du désarroi de se voir soudain « abandonnés » et sans savoir que faire, pourquoi ne se sont-ils pas adressés à Aharon et Hour ??? C’est sur ce manque de réflexion et de confiance qu’ils furent jugés.
Pour la vache rousse : elle est pure de son vivant, et impure à sa mort. Elle sera brûlée jusqu’à être réduite en cendres. Tous ceux qui l’approcheront à sa mort seront rendus impurs, toutefois, les cendres de la vache mêlées à de l’eau rendront leur pureté à ceux qui l’ont perdue en étant aspergés par quelques gouttes de cette eau particulière. Or, de nos jours, nous n’avons plus de vache rousse et de cette eau lustrale pour nous purifier… Le Sifté Cohen[1] prétend, sur la base du mot « lémor » לאמור présent à deux reprises dans le même verset qu’en lisant les versets de la vache rousse à haute voix, l’effet est le même que si l’eau lustrale était encore en notre possession…
En conséquence, le veau d’or est brûlé jusqu‘à ce qu’il n’en reste qu’une très fine poussière qui, diluée dans de l’eau, sera distribuée à tous ceux qui désiraient une idole et tous ceux qui ont assisté à cette scène dans le but de faire ressortir l’innocence de certains et, par voie de conséquence la culpabilitédes autres. C’est ainsi également que s’exprime Juda Halévy dans son Livre du Kuzari.
En exigeant, à la veille de la Sortie d’Egypte de sacrifier un agneau alors qu’il est une idole égyptienne dans le but de bien faire comprendre tant aux Egyptiens qu’aux yeux des Bné Israël que l’agneau n’est rien d’autre qu’un animal servant à la nourriture.
Le fait de brûler cette statue jusqu’à la réduire en poussière n’est autre que de rabaisser aux yeux de ceux qui voulurent si fort un nouveau guide qu’il n’a aucun pouvoir qu’il, n’a aucun pouvoir.
[1] Rabbi Mordékhay HaCohen(1523-1598) contemporain du Ari zal et l’un de ses disciples.