La civilisation qui se développe en Israël donne à la plantation des arbres un rôle extrêmement important en tant que fondement du developpement social durable . Depuis 1901 le Fonds National Juif, créé pour mettre en valeur des terres en Israel a pris en charge le developpement de la plantation d’arbres en Israel et a planté 240 millions d’arbres; Ramené à la surface de 22500 Km2 du pays cela représente plus de 10,000 arbres au Km2.
En fait il y a bien plus d’arbres qui ont été plantés en Israël car en dehors du F.N.J. ,tout le monde plante des arbres : les organisations régionales, les municipalités , les agriculteurs et la population … En tout plus de 300 millions d’arbres ont été plantés et le rythme annuel actuel avoisine les 6 millions d’arbres /an et la surface boisée du pays a atteint près de 9%.
Une des raisons est liée à un commandement biblique : il est interdit de déterrer des arbres fruitiers pour en faire des outils de défense ou d’attaque contre nos ennemis .
La raison « parce que l’être humain n’est qu’un arbre des champs ! » . Cette phrase est citée en tant que référence de base dans nos chansons et dans nos conversations .Comment la comprendre ?Il y a beaucoup d’interprétations possibles ; chacune d’entre elles sera analysée dans cet article en relation avec nos connaissances scientifiques actuelles.
Comparaison entre les espèces d’hommes et d’arbres
Dans un article publié dans le Figaro du 31/01/2022 il est indiqué que sur la base des méthodes d’évaluations actuelles le nombre total d’espèces d’arbres existant dans le monde serait d’environ 73.300, soit plus de 9000 espèces d’arbres à découvrir; ce nombre pourrait s’accroitre avec le developpement des techniques actuelles pour les détecter . Or «estimer le nombre d’espèces d’arbres est essentiel pour guider, optimiser et prioriser les efforts de préservation des forêts sur le globe» (https://www.lefigaro.fr/flash-actu/il-reste-plus-de-9000-especes-d-arbres-a-decouvrir-20220131).
Au niveau mondial, 30 % des arbres sont menacés d’extinction. La plupart des 62 espèces d’Israël sont classées comme « peu préoccupantes » et une seule comme « en danger ».
Les êtres humains vivent en parallèle et se développent grâce à des processus similaires
- la plantation dans une terre adaptée est une condition essentielle pour la vie et le developpement des arbres et des êtres humains :
- pour les arbres cela est évident ;
- pour chaque être humain pour se developper librement il doit avoir un lien profond avec la terre du peuple auquel il s’identifie et dans laquelle il évolue
- les racines jouent un rôle essentiel :
- pour les arbres grâce à elles, ils trouvent l’eau et les nutriments nécessaires à sa croissance
- pour les êtres humains ils peuvent se rattacher à leur origine et à la culture de leurs ancêtres ;
- la respiration joue un rôle vital : c’est tant une condition nécessaire pour le developpement des arbres et des êtres humains en évitant la pollution de l’air
- en cas de risque de survie les arbres dans les forêts bien conçues se protègent et les êtres humains d’une patrie se protègent mutuellement
C’est la comparaison qui vient à l’esprit mais elle est loin d’être la seule !
Le texte biblique est beaucoup plus riche !
La culture des arbres, facteur de la régénération des terres au service de l’humanité partout dans le monde
La culture des arbres et le developpement des forêts est utilisée systématiquement pour régénérer des terres.
En Israël plus du quart de la surface du désert du Neguev a été récupérée et plus d’un second quart est en cours de récupération (cf. détail dans l’article paru dans Ashdod Café https://www.ashdodcafe.com/2019/09/02/comment-israel-a-pu-stopper-la-degradation-des-terres-arables-et-la-desertification/.)
La plantation massive des arbres a été la condition nécessaire pour stopper les poussières des vents des déserts, stopper la dégradation des terres et les récupérer, stopper la progression des déserts, multiplier les parcs et les zones ombragées, développer la diversité des espèces, améliorer l’environnement pour tous.
Ce commandement biblique n’est pas limité au peuple d’Israël : il est destiné dans le livre de la Genèse à tous les êtres humains « je vous donne la terre pour la traiter et la conserver afin de la rendre meilleure pour toutes les créatures » et c’est ce qui a été fait partout :
1-Akira Miyawaki, est le restaurateur de sols au Japon ; sa méthode :régénérer des forêts en y faisant pousser uniquement des essences autochtones. La méthode mise aussi sur la complémentarité entre une diversité d’arbres, à la fois en collaboration et en compétition, ce qui stimule la croissance. Akira Miyawaki a restaure près de 13 000 sites à travers le monde.
A noter que la méthode a été utilisée avec un grand succès par l’Algérie et en Israël.
2-Yacouba Sawadogo, du Burkina Faso autodidacte fils d’agriculteurs, a puisé dans une technique ancestrale : le zaï. Il s’agit de creuser des trous en forme de cuvette et de les remplir de compost. Puis les termites creusent des galeries pour accéder au butin. La terre est ainsi aérée et l’eau qui tombe s’infiltre par ces tuyaux naturels. L’humidité est maintenue dans le sol. Ensuite, on sème des graines dans les mêmes trous et le miracle se produit.
3-Wangari Muta Maathai, l’écoféministe au Kenya Première Africaine à recevoir le prix Nobel de la paix, en 2004 a fondé le Mouvement de la ceinture verte, qui encourage les populations locales, et surtout les femmes, à planter des arbres pour restaurer les sols, lutter contre la déforestation et empêcher la confiscation des terres. Les arbres sont réintroduits autour des villages afin que les femmes aient des ressources en bois à proximité pour alimenter les foyers. On estime que 50 millions d’arbres ont été plantés grâce à son mouvement. Cette figure écoféministe a fini par être nommée secrétaire d’Etat à l’Environnement.
5-Rana Ram Bishnoi, «tree man» en a planté 30 000 arbres autour de son village au Rajastan. Il est appelée «le pays de la mort». Rana Ram Bishnoi gravit inlassablement les dunes environnantes avec une cruche en terre remplie d’eau pour arroser les arbres. A chaque saison des pluies, il y disperse les graines. Le reste de l’année, il fait germer et plante des pousses dans le sol sablonneux, uniquement des essences indigènes. Il a ainsi réussi à contenir l’avancée du désert du Thar sur son village et est devenu une source d’inspiration
6-Lélia et Sebastiao Salgado, du Brésil ; Sebastiao, décide à la mort de son père de reprendre la ferme familiale, tout a été déforesté pour faire place à l’élevage bovin. Pour Lélia, sa femme, seuls les arbres pourront régénérer la terre devenue poussière. L’idée est de réintroduire un écosystème natif. Avec son institut Terra, le couple a levé des fonds et planté 2 millions et demi d’arbres en vingt ans. La vallée s’est transformée en réserve naturelle. Les graines qui germent dans de grandes pépinières sont aussi destinées à aider les agriculteurs locaux à préserver les sources d’eau. (photo.
7-Norma Llemit, aux Philippines de l’ile de Mindanao, de plus en plus soumise aux typhons et inondations. Norma a trouvé une même solution pour atténuer à la fois le changement climatique et mieux résister aux événements extrêmes : la reforestation. Avec son projet primé, elle réhabilite les forêts de manière stratégique. En plantant à flanc de colline, elle parvient à dompter les nuages et à obtenir une pluviométrie plus favorable aux cultures. Norma Llemit veille à inclure les peuples indigènes dans les projets. Sur les terres qui ont retrouvé leur fertilité, elle forme les locaux à l’agroécologie (café, bambou ou encore abaca, cousin du bananier), moyen d’œuvrer pour le développement rural et de lutter contre la pauvreté
La culture des arbres est un facteur de developpement de la production agricole
L’arbre doit être associe étroitement à l’agriculture !
L’association simultanée ou séquentielle des arbres avec la culture ou l’élevage présente des avantages considérables, notamment dans le domaine de la protection des sols.
Cette pratique est appelée agroforestier
Il s’agit d’une pratique courante : au début du XXI ème siècle, il y a dans le monde environ 160 millions d’hectares de terres arables couvertes à plus de 50 % par des arbres, soit 3,3 % des surfaces agricoles utiles et plus d’un milliard présenterait un couvert forestier supérieur à 10 % sur 5 milliards d’hectares.
Loin d’opposer forêt et agriculture, l’agroforesterie instaure une logique de co-bénéfice.
« Dans la parcelle en agroforesterie, les arbres plus espacés poussent mieux et la culture qui se trouve entre les arbres bénéficie d’un meilleur recyclage des nutriments avec l’activité intense des mycorhizes associées aux arbres. » .
Les « agroforestiers » peuvent créer des associations de plantes complémentaires, mieux en mesure de se protéger les unes les autres contre leurs parasites et de favoriser mutuellement leur développement. Le besoin d’engrais et surtout de pesticides est alors moindre qu’en agriculture intensive classique.
Du point de vue agronomique, les arbres et leurs racines ainsi que les champignons associés permettent de lutter contre l’érosion et recharger le sol en matière organique. Ils contribuent à lutter contre l’érosion, la salinisation et les inondations par la limitation du ruissellement responsable des pics de crue des rivières. Ils réduisent la pollution des nappes par les engrais agricoles en pompant les surplus d’azote libre.
La qualité des sols est également améliorée grâce à la litière formée par la chute des feuilles et éventuellement par le BRF que l’on peut produire à partir des tailles des arbres (haies…).
Conclusion : la citation biblique « parce que l’être humain n’est qu’un arbre des champs ! » se réfère au fait que l’arbre est a tout point de vue le meilleur compagnon et associé des êtres humains.
Ezra Banoun pour @Ashdodcafe.com
Février 2022
Ezra, Ingénieur et Économiste, Fondateur et Directeur d’Entreprise en Israël, a contribué au développement technologique du Traitement des Eaux, a aidé des dizaines de ‘olim francophones à s’intégrer en Israël et continue à le faire pour tous ceux qui le souhaitent –https://www.facebook.com/banoun.ezra .
