La hausse du prix des denrées, de l’énergie, des matières premières, du carburant, accentue la misère et les tragédies de demain !
Dans l’idéal d’une démocratie le rapport de force ne devrait pas avoir lieu car l’État est le représentant direct du peuple, et doit, à ce titre, élaborer un dialogue afin de contribuer à ce qui est le mieux pour les citoyens.
Manifester reflète un état d’urgence lorsque ces derniers se retrouvent face à une situation qu’ils jugent injuste, illégale, allant contre l’intérêt général. Ces rapports de force reflètent une impossibilité au compromis, au dialogue de la part des gouvernants, la démocratie en Israël doit, de ce point de vue, murir. De nombreuses critiques ont été émises, depuis bien longtemps, et ceux par différentes voix quant aux fondements même de la démocratie telle qu’elle s’exerce en Israël. Les politiques confondraient leur avidité de pouvoir, de carrières et les services pour lesquels ils ont été élus.
La manifestation est un espace d’expression des citoyens, elle est le symbole d’une société vivante ou la politisation devient une nécessité ainsi qu’une preuve de maturité. Aujourd’hui le peuple montre son désintérêt, son incompréhension, sa perte de confiance face à la chose publique, l’individualisation se fait de plus en plus ressentir et chacun souhaite défendre son intérêt personnel plus que l’intérêt général.
Depuis peu, les réseaux sociaux offrent une alternative, un nouveau mode d’expression qui prend de plus en plus d’importance et dont l’impact sur les autres médias et le pouvoir politique se fait chaque jour plus grand.
Les manifestations sont indispensables et peuvent avoir un impact si elles sont suivies par un grand nombre de personnes.
De plus en plus de citoyens vivent dans une précarité sociale et économique, la peur de l’avenir, la dégradation de l’emploi maintient les citoyens et notamment les plus jeunes dans une angoisse face à leur futur.
Descendre dans la rue est fondamental. Il demeure également important de ne pas baisser les bras face à la dépolitisation de nombreuses personnes, l’éducation politique reste importante pour comprendre et se défendre.
Enfin, la manifestation est le reflet d’un rapport de force qui est antinomique avec l’idée d’une démocratie « saine ». Il est donc nécessaire qu’un dialogue s’installe entre les citoyens et les instances décisionnaires.
La révolte porte en elle une exigence de justice. Le révolté dit « Non ! » face à la corruption, le mensonge, la cupidité, l’exploitation etc. il en a assez et demande la justice et l’intégrité. La révolte est d’abord morale avant que d’être politique. Nous avons vu que le révolté qui attend la résolution d’une situation d’injustice n’est pas au service d’un intérêt limité. Il n’est pas porté à engager directement la violence.
Mais là encore, il faut émettre des réserves car, au fil des ans, les écarts sociaux se sont approfondis et certaines personnes ont vu leur situation économique se dégrader pour des raisons indépendantes de leur volonté.
Aujourd’hui le droit vital dans nos sociétés contemporaines, libérales et individualistes, est le droit au patrimoine car il garantit tout à la fois l’indépendance du propriétaire de faire usage de ses biens et sa sécurité vis-à-vis des ambitions d’autres individus, voire de l’état, de les lui disputer violemment et de l’en déposséder. En cela tous les autres droits semblent en dépendre : le droit à la vie, le droit de circuler, de faire usage de son corps et de se subvenir d’une manière autonome. Le droit de penser et d’agir dès lors que chacun est reconnu comme propriétaire de lui-même, c’est-à-dire un être affranchi, capable de se donner des fins propres.
Le droit des sociétés libérales, est par nature équivoque : il doit protéger les libertés individuelles égales en droit et l’ordre public et social fondé sur les inégalités économiques et politico-idéologiques conférées par la propriété privée des moyens de production et d’échange. La seule manière de concilier les deux objectifs est de faire croire que chacun peut s’enrichir par ses qualités et compétences personnelles, son travail et son épargne afin de conquérir une position sociale plus avantageuse: le droit libéral doit décréter l’égalité des chances dans l’accès au savoir et à la richesse, comme sources de pouvoir.
Or cette déclaration, comme toutes les études le montrent, masque plus qu’elle ne corrige la reproduction stable des inégalités par le biais de la transmission de l’héritage économique et culturel.
Quittons les sociétés d’hier et les aspirations théoriques, si importantes soient-elles, pour nous pencher sur l’aspect concret des choses, à savoir la vie de tous les jours et ses devoirs à ce jour. La loi juive n’exige pas de répartition égalitaire, ni même de redistribution égalitaire de tous les biens. Par contre, l’un des piliers de la morale juive est le précepte de « Tsédaka » que l’on a l’habitude de mal traduire par «charité», qui est en fait un acte de Justice et d’amour; un devoir absolu défini par le Judaïsme comme étant l’acte de donner à chacun selon ses besoins.
Il est exclu que quiconque ait froid pendant l’hiver et n’ait pas de quoi se vêtir, pendant que son prochain, nettement plus aisé financièrement, demeure confortablement installé dans une maison munie d’un système de chauffage ultrasophistiqué et soit vêtu d’un splendide manteau de vison.
Tout irait pour le mieux dans le moins mauvais des mondes possibles, si l’économie de marché était vraiment « librement concurrentielle » et si la démocratie avait vraiment le pouvoir d’assurer la régulation des rapports de forces et la répartition des richesses et du savoir dans le sens de l’égalité des chances.
Or celle-ci ne peut être qu’un mythe et les principes régulateurs de l’économie libérale et de la démocratie, confondus avec la réalité du fonctionnement des sociétés modernes, une illusion trompeuse qui ne peut qu’aggraver les contradictions jusqu’à les rendre explosives en décrédibilisant les principes dont se réclament les dirigeants pour se justifier aux yeux de « ceux d’en bas ».
Et de fait, la démocratie est en crise d’identité grave dès lors que les individus sans pouvoir politique et/ou économiques ne croient plus en leur capacité d’exercer un quelconque contrôle sur le pouvoir exécutif et législatif et sur les décisions des décideurs économiques et financiers et que leur vote leur paraît détourné par une classe politique sensible aux arguments et au chantage de tout un chacun.
Des citoyens apolitiques gouvernés par des technocrates de la chose publique qui prétendent servir l’intérêt général sans programme ni pouvoir réel pour transformer les rapports sociaux et économiques inégalitaires, sont tentés par la démission politique et le refus de la démocratie réelle, voire de toute conscience politique au profit de la poursuite de leurs seuls intérêts privés.
Si l’on ajoute l’idéologie commerciale envahissante qui considère que le bonheur n’est qu’affaire de consommation croissante de biens et de services et non de valeurs générales; alors la démocratie n’est plus qu’un masque dérisoire pour sauver une apparence de moins en moins convaincante et efficace: celle d’un droit régulateur à la fois libéral et juste.
Le droit libéral et la démocratie politique sont condamnés à l’échec, victime de cette contradiction, en effet fondamentale, entre l’exigence de l’égalité dans l’autonomie individuelle qu’ils revendiquent et l’obligation de préserver l’ordre public, la paix sociale et la hiérarchie des pouvoirs qu’ils protègent et reproduisent par le recours au droit premier de la propriété individuelle des biens de production et d’échange, qu’il ne faut pas confondre avec les biens de consommation, comme fondement du droit positif.
Refuser un monde idéal de justice économique égalitaire prédéfini pour penser les conditions de la gestion politique démocratique des contradictions entre la liberté individuelle (et il n’y en a pas d’autre) telles qu’elles s’expriment dans les sociétés ouvertes qui sont les nôtres et l’équité qui veut dire: égalité sociale.
Personne ne peut être exclu, par le jeu des inégalités économiques, de l’exercice du droit au bonheur dans la reconnaissance, la dignité, et la parité des chances. Telle doit être l’orientation réaliste et pragmatique d’une philosophie résolument responsable, la seule susceptible de penser le monde contemporain et d’agir sur son évolution accélérée. En un sens lier le désir d’être par soi-même avec une solidarité nécessaire à l’affirmation des droits humains.
La tâche d’une économie juste est de distribuer la prospérité, de faire circuler la valeur, comme le sang circule dans le corps humain. Tant que le système économique est pensé dans des abstractions étrangères à la vie, il véhicule une aliénation et ne parvient pas à atteindre la fin qui devrait normalement être la sienne : faire disparaître la misère et promouvoir partout la prospérité.
Une économie saine travaille à la promotion de la vie. Il est désolant de constater à quel point nous sommes actuellement loin de cette finalité. Notre monde est livré aux mâchoires du commerce et de l’industrie, à l’appétit vorace du profit, à la boulimie délirante de la technique. Il est nécessaire et urgent, de faire éclater en pleine figure la vérité de cet empire, car ce n’est qu’à partir d’une prise de conscience décisive qu’une mutation radicale pourrait s’opérer. La révolution économique est à venir.
Rony Akrich pour Ashdodcafe.com