PARASHAT SHEMOTH 5782 – Vendredi 24 Décembre 2021-Yom Chichi 20 Tevet 5782 – Horaires Ashdod 16 h 23 – 17 h 24

LES SECRETS  DU SILENCE D’ABRAHAM

Dans la péricope Vayehi terminant le livre de Bereshith, la Torah dénombre les 70 personnes descendant avec Jacob en Egypte et, voici qu’on procède à nouveau au même relevé pour quelle raison la Torah insiste-t-elle sur ces noms et Rashi souligne ici l’importance des noms selon trois pôles importants : le nom patronymique, le prénom, et le nom de la tribu.

Les personnes se présentaient en accolant leur prénom à celui de leur père : Jacob fils d’Isaac

Puis, fut accolé au nom du père celui de la tribu : Josué fils de Noun de la tribu  de Menashé.

La question du nom, de l’appellation, est si importante que dès que les fils de Jacob fondent leurs familles, chacun s’empresse de s’identifier pour qu’il soit désormais facile de remonter la généalogie de tous les enfants   de Jacob qui recommande à tous ses enfants de porter une attention toute particulière à leurs noms.   Ne pas s’assimiler, garder son identité et tout ce qui fait de chaque être quelqu’un de particulier.

Plus que    le patronyme, le nom de la tribu esquisse la carte du dessein divin pour Son peuple. La carte du ciel existe en pointillés : le texte de la Tora informe : « Un homme de chez les Lévy, prit une femme de chez les  Lévy « .

Pourquoi,  en ce point précis, la Torah n’apporte-t-elle pas d’autre précision ? Pourquoi ne nous dit-on pas comment s’appelle cet homme ou cette femme ? C’est qu’en réalité, il y a de bien nombreuses raisons : la naissance de Moïse doit avoir lieu dans la tribu de Lévy. C’est la tribu qui est importante peu importe la famille. Lorsque naissent les enfants de Léa, c’est la mère qui nomme ses fils sauf pour LEVY qui est nommé par HaShem, puisqu’il est écrit que c’est LUI, HaShem, qui l’a appelé LEVY. Pourtant, les mérites d’Amram étaient déjà, en eux-mêmes, amplement suffisants pour justifier cette naissance. Les mérites de Yokheved ne le sont pas moins lorsqu’elle aide les femmes hébraïques à mettre au monde de vigoureux bébés avec sa très jeune fille Myriam.

Amram,  père de Moshé Rabbénou, est un homme si exceptionnel qu’il est l’un des QUATRE HOMMES à n’avoir jamais fauté[1].

D’autre part, cette sidra rassemble une thématique  qui va démontrer à quel point  HaShem réunit tous les éléments lorsque l’instant est venu :

Lorsqu’Abraham désire marier son fils Isaac, Eliezer, serviteur d’Abraham, demande au Créateur de lui faire rencontrer une jeune-fille qui sera celle qui conviendra  au  jeune-maître et lorsqu’auprès de la source d’eau la jeune-fille apparaît, il sait que cette personne est celle qu’il recherche.

Lorsque Jacob arrive à Haran, il rencontre « sa promise » aux abords d’un puits,

Lorsque Moïse arrive à Midyane, il rencontre lui aussi sa future épouse aux abords d’un puits.

Nous reviendrons sur ce sujet en  changeant l’angle du concept : Abraham, Isaac et Jacob sont des bergers et il en est de même pour tous les enfants de Jacob : là se cache leur identité  : ne se présentent-ils pas en tant que  gens pacifiques et bergers de père en fils ?  En s’enfuyant vers Midyane, Moïse, ne prend-il pas la direction des troupeaux de son beau-père ? David fils d’Ishay (Jessé) n’était-il pas lui aussi un pâtre ? Ce qui nous fait comprendre que pour Son  Peuple, l’Eternel,  avant de confier  Ses enfants aux mains d’un homme, IL verra comment ce prochain chef se conduira et agira : Moïse soulagera une brebis incommodée et, si cet homme se conduit avec humanité avec un petit animal il semble qu’il sera alors celui qui pourra servir de guide à ce peuple.

L’eau. Nous étions au bord de puits, mais, nous ne quittons pas cet élément voyez plus précisément :

Dès lors que les devins égyptiens avertissent Pharaon d’un danger prochain provenant du peuple juif/des juifs en rapport avec l’eau, le souverain égyptien décide de tuer tous les garçons qui naîtront ainsi, ne sachant pas quel serait ce danger hypothétique, il décide de tuer et noyer ces bébés en faisant d’une pierre deux coups : il élimine donc ce danger de voir apparaître un libérateur et en même temps, il honore le Nil qui le représente puisqu’il se prend lui-même pour une divinité.

En même temps, l’eau est la vie, la source qui va suivre le peuple dans le désert pendant 40 années grâce aux mérites de Myriam et Mayane, la source, qui a, en guematrya ketana,  une valeur de 18 illustre également la vie :  « hay » vivant.

Encore autre chose : La fille de Par’o (Pharaon) nomme Moïse Moshé car dit-elle, elle l’a retiré de l’eau or, ce n’est pas la traduction exacte sinon que le véritable sens est « celui qui retirera » c’est-à-dire que son rôle sera de retirer le peuple de la confusion qui sera à la fin des temps.

Evidemment, nous n’avons pas encore évoqué les eaux de la mer qui se sont séparées en douze couloirs afin de permettre à chaque tribu de passer plus rapidement.

En étudiant tout ce qui a eu lieu en Egypte et lorsque l’on fait un rapprochement avec l’épisode au cours duquel HaShem fait une alliance avec Abraham et, lorsque celui-ci découvre que ses descendants vont être exilés vers l’Egypte, le manque de réaction d’Abraham à cette annonce est surprenant….

En effet, à l’annonce de la destruction de Sodome et Gomorrhe, le Patriarche procède à un marchandage, des négociations… et, on lui apprend que ses petits-enfants vont être exiles, vendus, réduits en esclavage e, le patriarche accepte cet esclavage sans réagir ????

La réponse à cette énigme réside en une seule réponse : nous devions racheter nos actes. Nous devions nous faire pardonner car toutes ces fautes que les générations devaient se purifier dans les moindres détails. Nous ne pouvions éviter cette étape. Cependant, la peine fut réduite de 400 années à 210 années parce que ceux qui ont survécu aux travaux forcés ont crié de désespoir et cet élan de foi a provoqué une… remise de peine !

La descente aux enfers commence, avec ce nouvel état : toutes les exactions commises seront purgées pour qu’en atteignant le Mont Sinaï toutes les générations seront purifiées pour recevoir la Torah, premier Code civil pénal et moral de l’humanité. La lumière au bout du tunnel est déjà perceptible….

Caroline Elishéva REBOUH

[1]  Dans l’Histoire juive des origines à nos jours quatre hommes exceptionnels n’ont jamais fauté et ce sont nous enseigne le traité de Baba Kama : Binyamin, fils de Rahel et Jacob, Amram père de Moïse, Aharon er Myriam, et également : Ishay, père du roi David,  et Kil’av fils du roi David.