PARASHAT VAYETSE 5782 – Vendredi 12 Novembre 2021-Yom Chichi 08 Kislev 5782- Ashdod/Tel-Aviv 16h22 •17h21
Chaque personne doit faire rentrer Chabat avec les horaires de la communauté qu’il fréquente
JERUSALEM Entrée : 16h01• Sortie :17h19
PARIS/IDF:16h55•18h04
Marseille 16h59•18h02
Miami 17h15•18h09
Alameda(USA) 16h41•17h41
Palerme 16h38•17h38
Le premier mot de cette parasha ויצא indique que Yaakov est parti de chez ses parents vient du verbe לצאת sortir et donc le mot ויצא en guematria totalise 107 ce qui nous ramène au mot לֹעז étranger c’est-à-dire que non seulement Yaakov est parti de chez ses parents mais qu’il a dirigé ses pas vers l’étranger puisqu’il est allé chez son oncle Laban l’araméen, frère de sa mère, mais aussi qu’il est considéré en ce lieu en étranger.
Yaakov avait construit sa vie autour de la Torah et c’est chez ce même Eber – devant le Beith Hamidrash duquel lorsque Rivka, enceinte, passait, que Yaakov encore au stade fœtal s’émouvait en s’agitant dans le ventre maternel – que Yaakov avant de s’exiler renforça ses connaissances avant de se trouver dans un milieu d’idolâtrie. Ainsi atteint-il un degré élevé de savoir et de kedousha. Il voulait de la sorte recevoir l’approbation divine de quitter ce pays pour fonder à l’étranger une famille dans le sillon de son aïeul, Abraham.
Se sentant prêt àaffronter l’impureté du pays rempli d’impies qu’était Haran, Yaakov se mit effectivement en route et arriva de Beer Sheva au Mont Moriah où Isaac avait été ligoté pour y être sacrifié. Le Mont Moriah qui peut se traduire de différentes façons : soit le Mont de la Crainte de D soit le Mont [empreint] du parfum de D …. Cette même montagne qui reçut le premier sacrifice de l’Humanité, celui de Noé après le déluge, puis, le Temple de Salomon et le deuxième et si D le veut bien, le troisième y apparaîtra bientôt.
C’est également là que Yaakov, après avoir prié, s’étend et rêve…..ce rêve où les Anges montent et descendent au long de l’échelle mais, le texte explique bien que la montée des Anges était à l’inverse de ce nous entendons c’est-à-dire que ce lieu – le Mont Moriah – était si saint que les Anges bien que siégeant dans les sphères célestes « montaient » vers le Mont Moriah et redescendaient vers les sphères célestes. Mais le Shlah Hakadosh écrit que l’échelle était bien dressée sur la terre et que son sommet atteignait le ciel pour nous signifier que la distance entre ce monde-ci et le monde de D se divise en 4 degrés représentant les 4 mondes de la Cabbale : עולם העשייה ou monde matériel, עולם היצירה ou monde de la formation, עולם הבריאה ou monde de la création et le עולם האצילות ou monde de la noblesse. Maïmonide fait allusion au mode de progression de la pensée c’est-à-dire que la pensée humaine progresse selon une échelle à quatre degrés qui va aller du stade le plus simple (pshat) au stade allégorique (remez) puis au philosophique (drash) pour arriver au stade le plus élevé qui est celui de la cabale. Quant au Maharal de Prague, ces 4 mondes sont ceux qui ont attenté à la « vie d’Israël » à savoir : les civilisations Babylonienne, Perse, Grecque et Romaine.
Yaakov va pour la première fois entendre le message et la promesse divine selon laquelle sa postérité sera aussi nombreuse que la poussière de la terre et Rashi voit dans le fait que D Se tenait au sommet de l’échelle que Yaakov était protégé par le Créateur Lui-même.
Yaakov s’exclame : Ceci est la Maison de D ! Or, il avait dormi là comme quelqu’un qui dort dans sa propre demeure ce qui fait comprendre au futur patriarche qu’en ayant reçu la promesse divine alors qu’il est en chemin pour fonder une famille donc une maison juive, il doit s’efforcer de réunir toutes les conditions possibles pour que règne chez lui la Sainteté propice à y voir séjourner la Présence divine (la Shekhina) comme il l’avait vue au-dessus de la tente de Rivka et comme cela avait été le cas précédemment chez Sara.
Et ce fut en fait le Lieu qui accueillit le Sanctuaire et la Présence divine ainsi que toutes les prières adressées à D par Son peuple. Les prières atteignent les portes du ciel comme ce même lieu sur lequel Yaakov affirme « et ceci ce sont les portes du ciel ».
Ce Lieu dont il est question dans cette sidra dès son début, est un mot hébraïque aux significations diverses. Ce vocable signifie lieu, endroit, mais aussi c’est l’un des noms de D מקום makom et même en translittération sur le plan de la représentation graphique nous trouvons que les lettres mem sont séparées par un kouf qui, si on le décompose graphiquement parlant est composé d’un kaf stylisé et d’un vav stylisé et kaf + vav = valeur numérique 26 (indépendamment du fait que la valeur numérique de la lettre kouf soit 100). Mais le kouf surgit au centre des deux mem comme une montagne qui surgit au milieu de la plaine.
Dans le livre de l’exode, lorsque Moïse va apercevoir le buisson ardent, D va s’adresser à lui en lui ordonnant d’ôter ses sandales car cet « endroit » est saint et pour cause puisque D s’y trouve.
Or, dans lapéricope de vayetsé, nous allons retrouver à plusieurs reprises une indication du fait qu’il s’agit du même endroit sur lequel s’étaient tenus précédemment Abraham et Isaac lors de la ligature d’Isaac. En effet, D avait dit à Abraham qu’IL lui indiquerait « l’endroit » et cet endroit à présent est le même : il s’agit du Mont Moriah. Cette montagne que D a choisie pour être le lieu permanent du judaïsme comme l’indique le Maharal de Prague : Le Mont Moriah est l’endroit par excellence d’où est « né » le judaïsme où ont été construits les Temples où se tiendra le Troisième Temple, et ce lieu Sacré se tiendra au centre de Jérusalem comme la lettre kouf au milieu des deux mem. Dans le mot makom on retrouve le mot koum se tenir et kayam éternel.
Lorsqu’Abraham et Isaac ont compris qu’ils étaient parvenus à destination, c’est parce qu’ils avaient eu une vision étrange : ils virent un nuage rattaché à l’endroit une sorte d’illustration du fait que l’homme dont la vie matérielle est sur terre, ne peut se passer de l’immanence de D et des choses appartenant au domaine spirituel. Le Rabbi de Loubavitch souhaitait toujours beaucoup de hatslaha dans la rouhaniouh et la gashmiyouth : dans le spirituel et le matériel….
L’échelle se tenait sur terre et atteignait les sphères supérieures et D Se tenait au sommet de l’échelle mais les anges descendaient et remontaient. Or, provenant des sphères supérieures, les anges « montaient » en allant sur le Mont Moriah et redescendaient en revenant dans les cieux car ce makom, ce lieu, était SAINT !!!!
Dans la parasha Vayetsé, l’immanence et la transcendance vont être symbolisées par l’échelle dont Jacob rêve : סולם יעקוב en réalité le mot soulam s’écrit sans vav de même que Yaâkov. Soulam a une valeur numérique de 130 et Yaâkov = 182. La différence entre ces deux valeurs est de deux fois 6 et là aussi nous trouverons deux remazim ou allusions : la première est qu’entre soulam et Yaâkov la différence est de 52 soit deux fois le shem havaya (tétragramme = 2×26) ce qui signifie que D a manifesté en ce lieu deux fois Sa présence (shekhina שכינה) et c’est là que s’élèvera le משכן = le Temple.
Le deuxième rémez (allusion) est que Yaâkov est célibataire lorsqu’il rêve. En ktiv malé c’est-à-dire avec les deux vav de soulam et de Yaâkov, 6+6=12 nous y voyons la promesse des 12 tribus qui seront issues du Patriarche……
Cette sidra nous emmène enfin à Haran où habite son oncle Lavan. Et, comme il en est question aussi pour la rencontre avec Rivka ou plus tard la rencontre de Moïse et Tsipora, Yaâkov s’approche d’un puits. Yaâkov y rencontre Rahel sa cousine et il pleure car il voit en elle la ressemblance d’avec sa mère et par prophétie il voit aussi qu’elle disparaîtra très tôt et qu’il n’aura pas le privilège d’être enterré avec elle. Il va à lui seul soulever la lourde pierre qui ferme le puits.
En se présentant à Lavan et en voyant Léa, sœur de Rahel il s’aperçoit du fait que Léa n’a pas « de beaux yeux ». Le midrash raconte qu’en apprenant qu’on lui destinait Essav comme époux elle en pleura jusqu’à s’en affaiblir la vue. En effet, Jacob et Essav étaient jumeaux tout comme étaient jumelles Rahel et Léa. En épousant Léa avant Rahel, Yaâkov permit à la progéniture de Léa d’être Juifs et non pas d’avoir été entraînés dans le sillage d’Essav………
Ainsi, lorsque Jacob avec ses femmes ses enfants et ses servantes va quitter Haran, il aura constitué autour de lui une sorte de macrocosme juif constitué de 12 facettes lesquelles auront « enregistré » la personnalité de Jacob tout en conservant chacune sa propre identité.
Caroline Elishéva REBOUH
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov