PARASHAT NOAH 5782VENDREDI 08 octobre 2021  – Horaires Ashdod  –
Entrée 17 h 57 – Sortie 18 h 53

LES MYSTERES DE L’EAU

Les années précédentes, nous avons largement débattu de la personnalité de Noé (Noah) ou héros du Déluge.

Cette semaine, nous tenterons de comprendre ce qui se cache derrière cette pluie d’eau chaude qui se déversa sur le monde pendant 40 jours.

L’eau. Elément naturel sans lequel le monde ne peut exister et en présence de laquelle, si elle est trop abondante, peut rendre la vie impossible : un élément naturel qui en quantité raisonnable est une bénédiction mais, si elle manque ou si elle « déborde » est une malédiction.

Pour quelles raisons HaShem a-t-IL noyé Son monde pourquoi ne l’a-t-IL pas brûlé, ou démantelé par des vents violents ou étouffé et enterré par des tempêtes de sable?

C’est cet élément qui accompagna nos patriarches tout au long de leurs vies : Abraham est devenue l’Hébreu (IVRI) en traversant le « Grand Fleuve » pour abandonner son pays natal la Chaldée pour fonder une Nation en Canaan, c’est Abraham qui va creuser des puits du côté de Beer Sheva, puits qu’Isaac retrouvera et remettra en service et c’est encore grâce à l’eau que Rebecca a puisée pour abreuver les chameaux d’Eliezer qu’elle fut choisie pour devenir la deuxième matriarche d’Israël.

Beaucoup plus tard, c’est en abreuvant les brebis de Laban, qu’auprès du puits, Jacob fit la connaissance de Rahel.

C’est encore ce même élément qui accompagna Moïse tout au long de son existence, en le sauvant ou en le condamnant[1] en lui faisant connaître Tsipora la fille de Jéthro (Yitro) et, de même pour Myriam dont les eaux du puits portant son nom désaltéra tout ce peuple 40 années durant… Ce sont les eaux de la Mer Rouge ou Mer des Joncs qui se séparèrent pour permettre au peuple juif de sortir d’Egypte et ce sont ces mêmes flots qui engloutirent l’armée de Pharaon et leurs chars..

Ainsi l’eau représente le hessed/la bonté ou la Miséricorde c’est pourquoi lors du kiddoush nous ajoutons quelques gouttes d’eau à la coupe de vin, pour illustrer notre désir de voir s’amender la rigueur d’un jugement[2].

L’eau est présente sous toutes ses formes tant dans les évènements positifs que pour des catastrophes qu’HaShem nous épargne tous.

Les Pirké déRabbi Eliézer rapportent un midrash selon lequel Après que la pluie ait fini de tomber sur l’Arche et ses habitants, l’embarcation fut à plusieurs reprises causant de grandes frayeurs à Noé et sa famille à un point tel que Noé éleva sa voix pour prier l’Eternel et Lui demander de le sauver lui et sa famille ainsi que les animaux… C’est alors qu’HaShem fit souffler une bise bienfaisante qui calma les flots.

Les eaux du déluge noyèrent tous ces individus qui, de la génération d’Enoch à la génération de la Tour de Babel (Dor HaPlaga) déplurent à l’Eternel car ils faisaient tout ce qui déplaisait à l’Eternel : ils versaient le sang impunément, avait des mœurs dévoyées, et pratiquaient un culte/ des cultes idolâtres. C’est pourquoi les humains tout comme les animaux ont été détruits, alors que les poissons pour leur part, vivaient dans les eaux à l’abri des regards et des mauvaises influences de l’homme sur la faune.

La fête de Souccoth que nous venons de vivre est une fête dont la symbolique est la joie mais aussi la précarité mais cette soucca que nous devons construire et dans laquelle nous nous abritons sept jours durant est on ne peut mieux l’illustration d’un bien-être que nous nous devons de ressentir pour nous trouver dans un lieu où se trouvent ensemble la Majesté et la Miséricorde divines. (Souccah s’écrit samekh-vav-kaf-hé ce qui fait un total de 91 soit le total du Tétragramme 26 + 65 pour Ado- Naï.

Souccoth est aussi la solennité pendant laquelle chaque jour on procède à des cérémonies pendant lesquelles on se réjouit en souvenir du Temple (Simhat Beith HaShoéva). Lorsque le Temple existait, les Cohanim versaient du vin sur l’autel en y versant aussi le sang des sacrifices mais, pendant les jours intermédiaires de demi-fête de Souccoth, ils puisaient de l’eau et la mêlaient au vin….

Les seules créatures qui n’ont en rien souffert du déluge sont les poissons. En effet, les eaux tombaient du ciel en étant très chaudes ne permettant à aucun être de vivre sous ces conditions mais, arrivées à la mer, les eaux se refroidissaient instantanément sinon, l’Arche n’aurait pu subsister puisque les planches étaient recouverte de goudron qui se serait dissous avec la chaleur des eaux et donc les poissons n’ont pas été détruits !

A ce propos[3], je voudrais terminer ce commentaire par une petite pirouette (qui nous ramène à l’une des études envoyées pour Rosh HaShana) : pourquoi nous est-il conseillé de manger poisson et viande pour Shabbat ?

En fait de nombreux commentateurs font remarquer que cela n’est pas spécifiquement indiqué ni dans la Torah ni dans le Shoulhan Aroukh. On nous conseille uniquement de manger/déguster des mets qui nous procurent un certain plaisir (ôneg/taânoug). Un grand Sage de Tripoli (Lybie)[4] le Rav Yaakov Rokah a cité cette phrase du Rav Khalfon : kol haokhel dag beyom dag nitsol bedag ce qui donne ceci en hébreu : כל האוכל דג ביום ד »ג ניצול מד »ג Dag qui signifie poisson est d’une valeur de 7. Beyom d »g c’est-à-dire le 7ème jour : shabbt Nitsol me d »g (din shel guehinom) de l’enfer. Donc qui mange du poisson le shabbat est préservé de mauvais décrets.  Le  fait est que si on veut voir les choses différemment : pour Shabbat, on fait le kiddoush avec du vin (yayin) dont la valeur en guematria ketana est 7, le motsi sur la halla (guematria ketana = 7), on mange du potage marak = 7, du poisson = 7 et de la viande = 7… Le shabbat ou septième jour : tout tourne autour de 7 !!!

Caroline Elishéva REBOUH.

 

[1] Lorsqu’il fit jaillir de l’eau du rocher pour abreuver le peuple puis, lorsque lui et Aharon ont frappé le rocher au lieu de lui parler aux Eaux de Mériba.

[2]  Le vin représente la rigueur, la justice, et les quelques gouttes d’eau ajoutées sont là symboliquement pour adoucir le jugement.

[3] A propos des poissons.

[4]  Les Sages de Lybie ou Hakhmé Louv étaient très célèbres. Cette phrase citée plus haut est du Rav Khalfon, il y a environ 200 ans.