Percée scientifique : une équipe de chercheurs de l’Université de Tel-Aviv, sous la direction des Prof. Shai Efrati et Uri Ashery, et des Dr. Ronit Shapira, Pablo Blinder et Amir Hadanny, de l’Ecole des Neurosciences de l’Université, a réussi à ralentir de manière significative l’accumulation de la plaque amyloïde, et à améliorer le flux sanguin vers le cerveau ainsi que la capacité de mémoire de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, en utilisant un protocole spécifique d’oxygénothérapie en chambre de pression hyperbare. L’étude a été menée en parallèle sur un groupe de patients âgés de 65 ans et plus, et sur un modèle animal en laboratoire, en collaboration avec le Centre médical Shamir. C’est la première fois dans le monde scientifique qu’une thérapie non médicamenteuse s’avère efficace pour prévenir les processus biologiques responsables du développement de la maladie d’Alzheimer et de la démence.
La médecine hyperbare est une forme de thérapie dans laquelle les patients sont placés dans des chambres spéciales où ils sont soumis à une pression atmosphérique beaucoup plus élevée que la normale, et respirent un air composé à 100 % d’oxygène. La médecine hyperbare est considérée comme sûre et est déjà utilisée pour le traitement d’une longue liste de conditions médicales, notamment en Israël. Ces dernières années, de plus en plus de preuves scientifiques indiquent que des protocoles spécifiques de thérapie hyperbare peuvent améliorer l’arrivée de l’oxygène au cerveau ainsi que la croissance et le renouvellement des neurones.
Amélioration du flux sanguin vers le cerveau entrainant un réel progrès des performances cognitives
La première étape de l’étude a été réalisée sur des souris, et a prouvé de manière concluante par l’examen de leurs tissus cérébraux qu’un certain protocole thérapeutique entraîne une amélioration de la fonction vasculaire et la création de nouveaux vaisseaux sanguins, empêche le dépôt de nouvelles plaques amyloïdes sur les neurones et conduit même à l’élimination des dépôts existants. Les amyloïdes sont des protéines non solubles, dont le dépôt dans le cerveau est lié à des maladies dégénératives graves telles que la maladie d’Alzheimer.
À l’étape suivante, les effets du traitement ont été examinés sur des personnes de plus de 65 ans présentant un déclin cognitif, en particulier une perte importante de mémoire, étape précédant la maladie d’Alzheimer et la démence. La thérapie comprenait une série de 60 séances en chambre de pression sur une période de 90 jours. Les effets sur le cerveau ont été évalués par IRM à haute résolution. Le protocole de traitement hyperbare a donné lieu à une augmentation du flux sanguin vers le cerveau de l’ordre de 16 % à 23 %, une amélioration de la mémoire de 16,5% en moyenne, une amélioration des capacités d’attention de 6% en moyenne, et de la vitesse de traitement de l’information de 10,3%.
Relever l’un des plus grands défi du monde moderne
« Cette percée a été rendue possible grâce à l’utilisation de microscopes multiphotoniques qui nous ont permis de suivre l’amélioration des marqueurs sur des modèles animaux avant et après chaque traitement en chambre, et en même temps de vérifier le diamètre des vaisseaux sanguins et la formation de plaques amyloïdes dans leur cerveau », explique le Dr. Pablo Blinder.
« La combinaison d’un modèle animal à partir duquel nous avons pu étudier la pathologie de la maladie, et d’une thérapie existante et disponible, fait naître l’espoir que nous serons désormais en mesure de relever l’un des plus grands défis du monde moderne », ajoute le Dr. Ronit Shapira. « Selon nos résultats, la thérapie hyperbare administrée à un jeune âge est susceptible de prévenir entièrement cette maladie grave ».
« En traitant à la racine le problème de la détérioration cognitive provoquée par l’âge, nous traçons en fait la voie vers la prévention », conclut le Prof. Shai Efrati. « Il est possible que la médecine hyperbare puisse offrir la possibilité de vivre avec un fonctionnement cérébral élevé sans rapport avec l’âge chronologique. L’idée est de commencer le traitement avant l’apparition des symptômes cliniques de la démence, et avant même la détérioration et la perte des tissus cérébraux, au stade où les vaisseaux s’obstruent et le flux sanguin et l’apport d’oxygène au cerveau diminuent, phénomène qui peut apparaître dès un âge relativement précoce ».
L’étude fait partie d’un programme de recherche complet considérant le vieillissement et les maladies qui l’accompagnent comme des processus réversibles, et annonce une nouvelle approche de la prévention de la maladie d’Alzheimer s’attaquant non seulement à ses symptômes, mais plutôt aux processus pathologiques et biologiques responsables de son développement.
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Photos :
1. Images IRM montrant l’amélioration du flux sanguin après le traitement en chambre de pression. Les zones présentant une amélioration de la circulation sanguine sont marquées par des cercles rouges. (Crédit : Extrait de l’article)
2. De gauche à droite et de haut en bas : le Prof. Uri Ahery, le Prof. Shai Efrati, le Dr. Ronit Shapira et le Dr. Pablo Blinder (Crédit : Université de Tel-Aviv)