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PARASHAT KORAH 5781 : VENDREDI 11 juin 2021 – Horaires Ashdod : Entrée 19 h 27  – Sortie : 20 h 30

PROCES D’INTENTION

Ainsi que c’est pratiquement toujours le cas, cette sidra aborde et traite de différents sujets qui se regroupent, pourtant cette fois-ci, autour du décret divin.

Sont mis en scène deux sortes de querelles motivées par des points de vue divergents de la part de Korah et de la part de Dathan et Aviram. En effet, Korah mène son combat d’après un raisonnement personnel basé sur le fait que selon lui, HaShem a jeté son dévolu sur le deuxième fils ainsi que nous l’évoquerons plus bas alors que Dathan et Aviram construisent leur raisonnement sur le chiffre 3.

Avant de plonger davantage il faut tout d’abord procéder à un éclairage sur une donnée biblique qui existe et qui sera mise en place par Korah. Il s’agit du « BEN TEMOURA ». Qu’est ce qu’un Ben Temoura ? En décortiquant cette expression nous obtiendrons ceci : Ben est le fils bien entendu et TEMOURA est quelque chose qui vient « à la place de » comme par exemple Jacob a servi à Esaü un plat de lentilles « betemourat » (en compensation/contre) le droit d’aînesse.

Or, nous suivons ici un raisonnement très étrange basé sur les Bené Temoura. En effet, On pourrait se poser la question de savoir pour quelle raison deux tribus et demies ont eu comme possession des territoires situés en dehors de Canaan et donc, on s’aperçoit que ces deux tribus et demies sont des bené temoura qui n’ont pas accès à la sainteté de la terre de Canaan tels Réouven, Gad et la moitié de la tribu de Menashé.

Quelles sont les particularités ou quelles sont les temouroth qui « compromettent » ces tribus ? C’est alors que nous comprenons que nos pensées et nos actes sont pris en compte.

Ainsi, lorsque Lavan a ordonné à Léa de prendre la place de sa sœur sous le dais nuptial, l’enfant conçu alors fut Réouven et, ce « remplacement » fut en quelque sorte endossé par l’enfant, tout comme par la suite, lors d’une période de stérilité de Léa où elle conseilla à Jacob de prendre Zilpa à sa place, l’enfant qui fut conçu fut lui aussi un « ben temoura ». Différence lexicologique car, lorsque Jacob eut des enfants avec Bilha, ce ne fut pas « sous condition » ou contre quelque chose Rahel espère être mère de façon différente ce n’était pas un « échange ». Quant à la demi tribu de Menashé voici l’explication : Dina était sortie du campement de Jacob et fut séduite par le fils du Prince de Shekhem et fut conçue alors, Osnath, bat Temoura. Elle portait donc en elle par moitié les gènes de ce prince de Shekhem (Hamor était son nom). Lorsqu’Osnath épousa Joseph, Menashé portait en lui encore des gènes  de Hamor donc, parmi les enfants de Menashé ceux qui avaient le plus de gènes de cet homme de Shekhem furent installés de l’autre côté du Jourdain.

A présent, nous pourrons mieux comprendre les allégations  de Korah et de ses partisans tout comme nous pourrons suivre avec intérêt les réflexions de Datan et Abiram tous deux de la tribu de Réouven.

KORAH :

Il « pensait » que la prêtrise d’Aharon et que la prophétie de Moïse était en quelque sorte une « affaire de famille » et que chacun des deux prenait des initiatives en leur propre nom. Lors de sa plaidoirie, Korah, tourne en ridicule ses deux cousins dans le seul but de prouver qu’il fallait que prêtrise et prophétie devaient faire l’objet d’une rotation. Et, Korah met Moïse et Aharon de tout faire par eux-mêmes. Puis, il déclare : Vous êtes des usurpateurs lorsque vous déclarez qu’HaShem vous a nommés et voici la preuve que vous avez tout inventé : HaShem aime le deuxième fils : Réouven étant un « ben Temoura » c’est Lévi qui fut choisi pour le sacerdoce : Lévi eut trois fils et c’est son deuxième qui fut choisi (Kehat), Kehat eut trois fils c’est donc son deuxième  (Izhar) qui eût dû être nommé et c’est donc Korah qui aurait dû être à la place d’Aharaon !!!

DATAN ET AVIRAM : (de la tribu de Réouven) Eux prétendent des choses différentes :

Point du tout avancèrent-ils :  La sélection divine se fait sur le 3ème. Ainsi de tous les Patriarches, Jacob, le troisième, a été choisi ! Puis, qu’est-ce que cette théorie du « ben temoura » déclarèrent-ils : Réouven notre ancêtre a bien été l’aîné de tous les fils du Patriarche et c’est en effet son 3ème fils qui fut le préféré car D lui a confié la Prêtrise, des 3 fils de Lévy c’est Amram qui fut choisi et c’est le 3ème fils d’Amram Moshé qui fut choisi comme Prophète. Et même, poursuivit-il, le Saint béni soit-IL a choisi le 3ème mois (Nissan, Iyar et Sivan) pour faire don de Sa Torah au peuple d’Israël !!!

La plupart des commentateurs soulignent que Korah n’était pas un homme simple d’esprit et jaloux tout simplement. Korah comme tous ses semblables étaient des personnages d’un niveau spirituel supérieur mais, peu importe le niveau spirituel de quelqu’un si celui-ci ne sait pas comment dompter son mauvais penchant, il risque de tomber très bas. A chaque instant l’homme doit se souvenir qu’il doit sublimer ses penchants de manière à montrer sa supériorité par rapport aux animaux. Le Maharal aimait à dresser un parallèle entre l’homme et l’animal : l’homme peut s’ancrer dans la terre pour y développer des « racines » et parce qu’il est vertical à la terre, de par sa position il  possède la  faculté de se redresser et de parler et de prier et de penser, d’étudier et de faire des choix alors que la bête doit subir son joug et ne peut ni prier ni penser ni opérer des choix quels qu’ils soient…

La démagogie de Korah emploie comme moyen de persuasion auprès des masses populaires, l’intimidation, infliger la peur en extrayant de force du cœur de tout un chacun la crainte révérencielle du Créateur. Korah utilise encore la crainte du lendemain semée dans les cœurs des foules au retour de l’expédition des « explorateurs » en rappelant pathétiquement que chaque 9 av chacun devait creuser un tombeau et s’y endormir sans savoir qui s’en relèverait le lendemain[1].

Dès le lendemain de la faute des explorateurs, le peuple devint psychologiquement très faible et  très sensible.

Depuis la semaine passée dans la parashat shelah lekha, les explorateurs ont commencé à personnifier la Terre  d’Israël qui  « dévore ses habitants » et les Pirké Avoth (Maximes des Pères) en enseignant les dix évènements supra naturels qu’HaShem a créés avant que ne tombe le 1ershabbat de l’Humanité, évoquent trois évènements qui vont se succéder à partir de la péricope de Korah (pi haarets : la « bouche » de la Terre) puis avec Houkat ( après la mort de Myriam son puits s’est tari et donc s’est ouverte « pi habe’er » : la bouche du puits) et enfin, avec Balak ( « pi ha atone » : la bouche de l’ânesse).

La terre s’entrouvre. pour avaler tous ces dissidents de manière singulière : véritablement comme un être humain qui ouvre la bouche et la referme (pas comme lors d’une catastrophe naturelle où la terre s’ouvre et ne se referme pas laissant la possibilité de pouvoir trouver des rescapés) ici, la terre s’est ouverte pour engloutir ceux qu’elle devait engloutir et se refermer immédiatement sur eux.

Korah pour sa part, nous enseignent les Sages,  était coutumier du fait d’entretenir des querelles mais, disent-ils s’il est désigné avec sa communauté c’est parce que tous étaient toujours des coutumiers de mahlakoth, ils étaient toujours occupés à se tirailler entre eux pour n’importe quelle raison.

Les personnes craignant D sont occupées non seulement dans la prière et l’étude mais bien sûr leur moindre souci est d’être intègre non seulement matériellement mais aussi spirituellement c’est pourquoi, lorsque Jacob sentit sa fin venir il demanda à Joseph de s’occuper « des derniers détails » et, lorsque Joseph mourut, c’est à Moshé que fut transmise la tache de récupérer les ossements et de les faire ensevelir en Canaân et, pour Moshé, c’est HaShem Lui-même qui Se chargea d’ensevelir Son fidèle serviteur et c’est Lui-même qui recueillit son âme et ni « un ange, ni un envoyé ».

Ces sidroth vont se succéder, éveillant en nous un sentiment de crainte du Ciel et aussi elles campent pendant le mois de Tamouz une atmosphère propice aux prochaines « trois semaines » de désolation précédant, pour notre plus grand regret la destruction des deux premiers Temples de Jérusalem nous indiquant à quel point il est important de faire teshouva et de nous repentir tous ensemble car nous avons tous un rôle dans l’ensemble du peuple juif.

Caroline Elishéva REBOUH

[1]  Chaque année, pendant 40 ans, le 9 av, 15,000 personnes mourraient.

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