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Le peuple sortira-t-il de ses gonds ? Rony Akrich

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Mis à part le délitement des pouvoirs déplacés, ce qui me contrit le plus actuellement ce sont l’inefficacité et l’inconsistance des politiques intérieures et extérieures. Nous, Israéliens, sommes prêts à supporter les courses aux abris, à subir les dégâts matériels, les tourments et les peines, mais aussi les drames et les tragédies humaines, si seulement il existait un réel cahier d’échéances et un réel projet de devenir. Si seulement nous avions l’espoir d’une véritable gouvernance, porteuse d’un objectif clair pour nous tous, le peuple patienterait, confiant, car assuré de meilleurs lendemains.

Mais à l’évidence, les évènements actuels témoignent d’un vide effrayant, d’une réalité politique plus que vaine. Certes il ne faut pas renier tous nos acquis depuis l’indépendance, certes l’erreur est humaine, mauvaises appréciations et malheureux projets, c’est tout à fait excusable. La problématique présente est tout simplement un manque foncier d’objectifs socio-économiques, d’un calendrier de justice sociale pour tous et d’une proclamation de notre souveraineté. Pour le moment nous sommes acculés au néant.

Les agressions criminelles depuis Gaza sont une nouvelle phase de l’éternel recommencement contre le bellicisme où Israël s’engage avec armes et bagages sans jamais rien conclure de probant. Les seules tragédies irrévocables restent les morts gratuites de nos civils et de nos soldats, sans oublier nos blessés handicapés à vie moralement et physiquement, à chaque tour de manivelle. Ajoutons le lourd tribut matériel payé par une population qui trop souvent se retrouve en état de précarité et de désespoir.

Trois petits tours et puis s’en vont autoriser des transferts de fonds, des pots-de-vin et autres subsides humanitaires au Hamas, une manière pour lui de mieux reconstruire, de mieux se réarmer et ainsi d’offrir à l’état juif un temps de répit. Lâcher sur Gaza des tonnes d’explosifs et de ferrailles est un moyen de libérer nos frustrations et non une politique réfléchie. (« La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens. » Carl von Clausewitz ‘De la guerre’)

Il est manifeste, pour nous tous, que les opérations militaires sont là pour octroyer aux citoyens un soulagement, une vengeance face à l’agresseur, punir ceux qui frappent la souveraineté de l’État. Il faut détourner l’attention du peuple et livrer une véritable catharsis, une libération de notre inconscient sociologique comme de nos frustrations. Il n’y a aucun but pratique à tout cela, une paix relative n’y sera jamais obtenue à moins que le Hamas n’ait besoin d’une pause et d’un financement supplémentaire pour se renforcer. Le rapatriement de nos otages comme des corps de nos soldats, retenus par le Hamas, ne sont jamais la condition sine qua non des cessez le feu et des réapprovisionnements offerts par Israël. Cette tragédie humanitaire doit trouver un soutien manifeste au sein d’une population dont tout un chacun peut devenir la future victime. Non seulement les familles sont éplorées et affligées mais il devrait être intolérable, pour le peuple dans son ensemble, que ses enfants ne puissent rentrer à la maison, être rendus à leur famille!

Concernant les émeutes urbaines, c’est on ne peut plus explicite. Le contexte est limpide. Inconsistance totale de ce gouvernement fantoche et d’une police, pieds et poings liés, devenus inefficaces face à des éléments rebelles et émeutiers. Ils ne parviennent à rien, dépassés par l’ampleur et le déploiement des combats de rue. Aucune préparation, nul objectifs ou perspectives pour que puisse advenir un retournement de situation, alors comment pourraient-ils précisément procéder pour achever ces non-objectifs ? La relation entre la barbarie terroriste de Gaza et les pogroms antisémites de 2021, dans les limites du temps, nous permet d’affirmer qu’elle est la conséquence de la même impotence et de la même inertie, ils se composent et se ravitaillent mutuellement. Déclarons sans ambages que les gouvernements israéliens n’ont aucune politique et aucun objectif réel dans nul autre domaine que ce désir attristant et débonnaire d’atteindre des instants de paix.
‘Si vis pacem, para bellum’ (« Si tu veux la paix, prépare la guerre »). La faiblesse crée des sentiments de spoliation, et le vide appelle des forces extérieures à y pénétrer, et cela est une prescription bien ordonnancée pour le désastre qui se produit actuellement.

Nous avons tous pleinement conscience que l’État d’Israël, pour la première fois dans son histoire, est sans réel gouvernement et dans une décomposition des pouvoirs jamais connue. Les combats de rue qui se sont déroulés dans tout le pays, sous les yeux juvéniles de nos policiers assommés et bouleversés, sont l’aboutissement d’un manque de gouvernance constant tout du long, en particulier, de ces 20 dernières années, où l’ensemble des institutions gouvernementales, politiques, juridiques ou médiatiques sont dépassées et incompétentes. De la dévastation constitutionnelle, nous voici parvenus à la dévastation totale. Si jamais le demi-million d’armes accumulées dans la population arabe sortent et sont utilisées pour une révolution nationaliste et non criminelle, et si le Hezbollah venait à rejoindre l’euphorie barbare avec ses missiles, je ne sais vraiment pas où tout cela nous mènerait, malheureusement.

N’ayez crainte mes amis, personne ici ne sera tenu pour responsable de cette tragédie comme des précédentes d’ailleurs. Certainement pas, le chef de file à la tête du système gouvernemental, ni le ministre de la Sécurité intérieure en voie de disparition, ni les marionnettes et autres servants du pouvoir qui l’adulent et ne font rien. Ce sont eux les coupables, eux qui nous mettent dans ces situations dramatiques ! Il m’est difficile d’imaginer un monceau de misérables créatures comme ceux-là, sauf éventuellement ces individus qui les élisent encore et toujours et ne sont jamais affectés pas les débâcles rédhibitoires.

En fin de compte, le blâme pèse toujours sur nous, les citoyens. C’est nous qui laissons la réalité extrémiste, barbare, exacerbée, prendre place et contrôler ce qui se passe, et c’est nous qui continuons de ne rien faire. Nous nous rendons aux urnes à plusieurs reprises et nous votons pour les mêmes personnalités corrompues et rouillées, les mêmes marionnettes illustres, sans prêter garde aux prix à payer et aux conséquences dramatiques. Il ne faut donc pas se plaindre si nous mangeons ce que nous cuisinons de nos propres mains. Les plaignants ont, eux, d’autres ressources, plus engagées, plus activistes, pour faire entendre la vox populi…

Les manifestations de rue doivent permettre d’élaborer dans le temps un réel carrefour populaire, où les récriminations et les revendications seront entendues à haute et intelligible voix. Le peuple, éloigné des rênes de l’imbroglio politique par un fallacieux appareil de spoliation, doit pester, protester, exiger, en battant le bitume. L’idée de peuple fut élevée juridiquement via la souveraineté : le peuple est détenteur d’une somme, non négligeable, de droits fonciers confirmés par la législation. Le peuple est souverain lors des élections ou de façon intempestive, lors de manifestations et d’actions non conventionnelles qui le placent en situation de révolte. La rue inverse sa fonctionnalité pour libérer un espace de protestation et de grogne. Si manifestation et opinion publique se trouvent liées, c’est parce que la manifestation représente non pas une opinion passive que l’on recueillerait via des techniques diverses de sondage, mais un véritable mouvement social affecté d’enjeux politiques. Les gens se rassemblent et manifestent pour faire prévaloir leurs essentiels qui ne sont jamais pris en compte par les gouvernants.

Rony Akrich pour Ashdodcafe

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