L’Etat d’Israël est atteint de plein fouet, par des vagues d’agressions terroristes criminelles. Ces violences ont amené le gouvernement israélien à proclamer une lutte à outrance contre les groupes coupables de ces vagues terroristes. Les leaders de la communauté internationale se sont même rassemblés pour essayer d’instruire un mouvement mondial et ce afin de venir à bout de ce fléau. Tout cela nous exhorte au questionnement sur les méthodes à adopter dans ce combat sans merci.
Le terrorisme est partout condamné; il s’agit d’ailleurs pour ainsi dire d’une collusion sémantique: «terrorisme» renvoie à «terreur» et à «terroriser», des termes cités négativement pour l’essentiel. Quelque singulier que soit ce repère de sémantique, dont les suites éloquentes sont multiples dans le propos politique actuel, on ne saurait en rester là si on veut comprendre en quoi le terrorisme est une calamité.
Et même s’il en est effectivement une, la meilleur façon de l’établir serait de se rapporter aux émois induits : est terroriste ce qui génère la terreur, ou du moins ce qui en a le dessein; or la terreur est un trouble très négatif, donc on jugera spontanément et avec logique ce qui l’incite comme fondamentalement horrible.
Mais cela non plus ne suffit pas : en rester là serait en rester au niveau d’un réflexe de sanction; or il faut savoir l’expliquer (car la difficulté avec les émotions, ce n’est pas qu’elles sont ou qu’on les ressent, mais qu’elles peuvent avoir une propriété inadaptée, c’est-à-dire infondée); bref, il faut pouvoir montrer argumentation ce qui, dans le terrorisme, fait de ce comportement quelque chose de moralement mauvais.
La Torah et nos Sages nous exposent d’une certaine manière la marche à suivre contre la terreur, et nous présentent plusieurs traitements spécialement efficients
Sans entraîner de menace directe et immédiate sur la destinée de l’Etat d’Israël, il est certain que le terrorisme a la propriété de ramollir le moral de la nation.
Qui peut en effet demeurer imperturbable et supporter d’aussi dramatiques souffrances ainsi que les difficiles afflictions qui frappent notre peuple?
C’est évidemment cet amollissement qui est pénible, car il risque d’obliger la nation à négocier avec ses agresseurs dans des conditions avilies par la lassitude, et à l’entraîner vers des concessions hasardeuses dont la seule visée serait d’écarter la menace immanente d’un terrorisme qui plane au dessus d’elle.
Le terrorisme est l’œuvre et l’abus intentionnel de la peur aux seules fins de changements politiques. Il s’agit donc certainement d’une forme de guerre psychologique.
Si des personnes sont tuées ou blessées dans les attentats, c’est parce que le terrorisme, par sa nature, recherche des effets psychologiques allant au-delà des martyrs immédiats ou de l’objet de la barbarie.
Il espère encourager la crainte et par conséquent effrayer la population et affecter sa contenance.
Le choix d’une population varie selon les intentions et les cibles des terroristes.
Il peut s’agir d’un gouvernement national ou d’un parti politique, d’un groupe ethnique ou religieux rival, de l’ensemble d’un pays et de ses habitants, ou de l’opinion internationale.
L’agression terroriste peut avoir une audience quelconque comme dessein ou être imaginée pour capter de multiples audimats. L’écho provoqué par un attentat et l’attention qu’il procure à ses auteurs ont pour finalité d’octroyer du pouvoir aux terroristes en créant une atmosphère de crainte et d’intimidation favorable aux manipulations de ces derniers.
A cet égard, le succès du terrorisme se mesure principalement, non pas aux statistiques acceptées de la guerre classique, c’est-à -dire au nombre d’ennemis tués au combat, à la quantité de matériel militaire détruit ou à l’ampleur du territoire conquis, mais en fonction de sa capacité à attirer l’attention sur ses auteurs et leur cause et des effets psychologiques nuisibles que les terroristes espèrent exercer sur les populations visées.
Les terroristes utilisent la violence ou, ce qui est tout aussi important, la menace de violence, parce qu’ils pensent que seule une destruction brutale peut faire triompher leur cause et leur permettre d’atteindre leurs objectifs politiques à long terme.
Leurs opérations sont, par conséquent, délibérément conçues pour choquer, impressionner et intimider, garantissant que leurs actes seront suffisamment audacieux et sanglants pour retenir l’attention des médias et, par voie de conséquence, celle du public et du gouvernement.
Ainsi donc, loin d’être aveugle ou absurde, le terrorisme est en réalité une utilisation très délibérée et planifiée de la violence.
Motivés par un impératif religieux, les terroristes contemporains recourent à des actes de violence plus aveugle contre une catégorie beaucoup plus vaste de cibles, qui comprend non seulement leurs ennemis déclarés, mais quiconque n’appartient pas à leur religion et même leurs coreligionnaires qui ne partagent pas leurs vues politiques et leurs raisonnements théologiques extrêmes.
La mort et la destruction causées par le terrorisme sont délibérément conçues pour provoquer la peur et affecter défavorablement l’existence normale des gens en menaçant leur sécurité personnelle, en entamant la structure sociale d’un pays, en détruisant sa vie économique et culturelle et la confiance mutuelle sur laquelle repose la société.
Le refus de fréquenter les centres commerciaux, d’assister à une réunion sportive, d’aller au théâtre, au cinéma et au concert ou de voyager à l’étranger ou à l’intérieur du pays sont des réactions courantes à la peur (connue sous le nom de « victimisation indirecte ») produite par l’incertitude du lieu et du moment où aura lieu le prochain attentat.
Nous le savons, les Etats modernes ne peuvent consentir à combattre le terrorisme en restant exclusivement sur des positions protectrices, et en alignant à la suite de chaque habitant une sentinelle armée jusqu’aux dents.
En l’absence d’un tel choix, nous devons sans ambages évoquer les études de notre Maître Maïmonide dans son Guide des Egarés.
Le Rambam recommande en effet d’utiliser dans ces domaines notre force majeure: l’intimidation. Qui dit intimidation dit inévitablement ultime autorité, dans la réaction à toute agression.
Evoquant inévitablement la Torah, il scelle quatre manifestations relatives à la rigueur de la réplique: elle doit être relative à la portée de l’atrocité, elle découle aussi de sa répétition, elle est aussi fonction des chances des meurtriers d’accomplir leur méfait sans se faire attraper, enfin elle dépend de la puissance des instincts qui conduisent les criminels à commettre un attentat (Guide des Egarés III, 41).
Ces hommes doivent être pourchassés, leurs organisations interdites, leurs réseaux démantelés, les frontières contrôlées, les transferts de fonds empêchés… Mais ces mesures ne combattent que les symptômes du problème, pas le problème lui-même. «Le problème lui-même» consiste en la motivation qui alimente les flambées de violence commises par des Musulmans au nom de l’Islam. Cette violence ne peut être contrée qu’en isolant la raison pour laquelle le terrorisme est devenu un aspect si marquant de la vie musulmane.
A partir de ces quatre éléments et dans le cadre de cette guerre à outrance contre le terrorisme, on peut s’interroger sur l’efficacité du recours aux mesures punitives collectives. Ce problème est particulièrement sérieux.
La Torah nous enseigne un principe totalement opposé à la mise en œuvre de punitions collectives : « Est ce qu’un seul homme pécherait et tu punirais toute l’assemblée ? » (Bamidhar XVI, 22), demande Moché à D’ieu. Et l’on sait comment Avraham tint tête à l’Eternel dans sa tentative d’épargner les justes de Sdome et Amora : il est impossible de punir toute la ville à cause de quelques méchants, avait affirmé notre premier patriarche (Béréchit XVIII, 25).
Rabbi Yaacov bar Chechet, le Ribach, un de nos Sages de l’Age d’Or espagnol, explique que la punition collective est injuste et illégitime (Nouveaux Responsa IX).
Evidemment, la bataille antiterroriste ne peut plus affecter les terroristes suicidaires, directement coupables des attentats.
Nous le savons aujourd’hui, chacune des agressions perpétrées doit préalablement obtenir une autorisation de la direction des mouvements intégristes.
Or, s’il est impossible de punir les terroristes qui se sont déjà fait exploser en plein cœur des villes d’Israël, il est possible de punir ceux qui ont commandité et ceux qui, de près ou de loin, sont impliqués dans ces meurtres odieux.
Ainsi, aucune justice n’épargnera les commanditaires de ces actes de violence, ni les incitateurs qui ont donné champ libre aux terroristes pour perpétrer leurs méfaits.
Il est temps de transformer entièrement notre conception du problème, d’envisager enfin le terrorisme comme un des aspects de la guerre. Un tel changement a de multiples conséquences:
Il faut prendre pour objectifs non seulement les combattants qui exécutent les actes de barbarie sur le terrain, mais aussi les mouvements et les régimes qui les entretiennent;
Engager les forces armées, et non seulement des policiers, pour protéger les Israéliens;
Organiser notre défense sur tous les terrains plutôt que devant des tribunaux;
Faire payer le prix de leurs actes à tous ceux qui soutiennent le terrorisme, et non plus seulement aux simples engagés qui exécutent les ordres.
Nos Sages nous enseignent justement qu’il existe un régime de punition extrêmement sévère pour certains types d’incitateurs : le système judiciaire et les forces de sécurité sont immédiatement mobilisés pour parvenir à surprendre l’incitateur en flagrant délit.
Les juges sont dispensés de prévenir l’incitateur, et de lui chercher des circonstances atténuantes.
Et enfin, on nous enseigne que le tribunal qui le jugera devra être composé de juges impitoyables (Maïmonide, Lois sur l’idolâtrie V, 3. Lois sur le Sanhédrin XI, 5).
Il nous faut riposter devant tout acte terroriste venant à tuer ou blesser un Juif.
Il n’est pas nécessaire de connaître l’identité exacte des responsables de l’agression, en situation de guerre, il vaut parfois mieux tirer d’abord et questionner ensuite.
Une attaque terroriste peut légitimer la prise pour objectif de n’importe quel protagoniste connu pour son soutien au terrorisme. Si l’auteur n’est pas formellement reconnu, il est normal de châtier ceux qui octroient un refuge aux terroristes, de traquer les gouvernements et les organisations qui leur accordent leur soutien.
Toujours dans son Guide, Maïmonide nous recommande de lutter fermement sans nous égarer dans des pensées pseudo-humanitaristes répandues chez les nations.
De plus, il rejette la possibilité d’une miséricorde globale qui serait valable pour tous les êtres. Pour le Rambam, la miséricorde à l’égard des gens cruels se transforme inévitablement en un sentiment de cruauté envers les miséricordieux (Guide des Egarés III, 38-39).
La puissance n’est une solution courageuse, que lorsqu’elle est transcrite dans une politique durable et non dans une simple opération ponctuelle. Quelques bombes esseulées ne réalisent pas une politique anti-terroriste.
Le chemin stratégique exige un combat à long terme qui réclamera aux Israéliens de sérieux efforts, durant de longues années.
Tout attendrissement au vu et su de la barbarie terroriste n’est en fait que de l’inhumanité travestie.
Ceux qui procèdent de la sorte ne sont que de beaux-penseurs, de belles âmes qui dénient le droit de punir les ignobles et de lutter contre la perversion de l’être « animal », de crainte de salir leurs mains de collaborateurs.
Loin de rendre service à la population, ces mélanomes de l’histoire ébranlent au contraire les fondements de son système de protection.
La sûreté des Israéliens ne doit pas découler de son système de défense mais de sa volonté offensive, pas de trouver grâce aux yeux des nations injustes mais de vaincre sur les champs de bataille. Le gouvernement Hébreu doit rétablir sa notoriété de combattant téméraire.
Quiconque s’attaque à des Israéliens doit souffrir que la punition soit inévitable et violente. Rien ne saurait se substituer à une élimination de toute organisation, de tout régime qui attaque ne serait-ce qu’un seul habitant d’Israël.
Le point suivant, que nous recommandent nos Sages, est la fermeté : ne pas céder aux exigences des terroristes, car reculer devant ces êtres ignobles ne fait que les renforcer. Le Traité talmudique Guitine (45a) évoque ainsi le rapt de personnes et leur libération contre une rançon.
Le dernier point est d’ordre idéologique. Les terroristes possèdent tout un lot d’arguments et de revendications qu’ils considèrent comme légitimes. Cela peut aller des droits des minorités à la libération nationale. Parfois, l’opinion publique est séduite ou envoûtée par cette savante terminologie qui dissimule en fait des actes tout à fait abjects.
C’est pourquoi nous devons nous-mêmes connaître parfaitement notre histoire afin de pouvoir rejeter toutes ces revendications mensongères. Car celui qui serait amené à reconnaître les droits de ces terroristes, reconnaîtrait par-là même la prétendue légitimité de leurs actes.
Le terrorisme n’est jamais une guerre juste.
En fait, il confesse son impossibilité à embrigader un peuple. Les terroristes ne sont jamais les mandataires d’un peuple. Le terrorisme n’est pas non plus une manière intelligente d’agir pour les opprimés sans contraindre ceux-ci à endurer le prix du combat politique quand celui-ci ne s’est pratiquement jamais conclu par un triomphe.
Mais le combat contre le terrorisme lui-même n’est pas inconditionnellement juste car il peut faire le lit de l’oppression.
Dans les actions anti-terroristes elles-mêmes, les règles de la guerre juste doivent être honorées.
C’est une exigence éthique et stratégique car on ne peut triompher du terrorisme tout en se diffamant soi-même.
C’est en abandonnant pour soi-même l’oppression qu’on retire au terrorisme son argumentation essentielle. La bataille contre le terrorisme des autres est une lutte contre nos penchants spécifiques à la tyrannie. Le précepte de guerre juste est également un précepte du droit juste et un précepte pour une résistance anti-terroriste légitime.
Les convictions du théoricien de la guerre juste, Michael Walzer, l’ont incité à porter un regard très aigu sur le terrorisme. Il se propose seulement de répondre à des questions (apparemment) ponctuelles.
Qu’est-ce que le terrorisme ?
C’est un phénomène simple car c’est l’ensemble des actions qui consiste à tuer délibérément des innocents pris au hasard afin de semer la crainte dans une population et de forcer la main à ses dirigeants politiques.
Comment expliquer les formes actuelles du terrorisme ?
Il n’est pas le signe du désespoir politique ou de la misère économique des citoyens arabes mais résulte d’un sentiment revanchard anticolonialiste (et anti-israélien) ainsi que d’une lutte contre les régimes laïcs et autoritaires du monde arabe.
Comment réagir au terrorisme ?
Le moyen est la guerre : guerre militaire aux États qui le soutiennent comme en Afghanistan ; guerre policière et des services spéciaux : il est légitime de tuer les chefs terroristes car ils ne constituent pas de futurs interlocuteurs dans des négociations ; guerre idéologique enfin : l’Occident doit affirmer bien haut la supériorité de ses valeurs sur celles des terroristes.
Je terminerai sur les propos de Mr Miguel Castelo Branco :
« Cette fois-ci, comme la dernière, l’avant-dernière, l’avant-avant-dernière et toutes les autres fois avant, Israël se défend face à des gens qui exigent purement et simplement l’extermination du peuple juif. Tous les arguments en sens contraire, comme celui des victimes qui servent de boucliers humains par des terroristes jusqu’à celui des droits du peuple « palestinien », sont et seront utilisés comme justification à la frustration et au ressentiment qu’éprouve le monde musulman de se voir éternellement à la traîne de l’histoire ».
Rony Akrich pour Ashdodcafe.com