Parashat Behar Behoukotay 5781 – VENDREDI 07 MAI 2021 / YOM CHICHI 25 IYAR 5781- Horaires Ashdod : Entrée 19 h 05 – Sortie : 20 h 06
POUR UNE REUSSITE SPIRITUELLE
Avec ces deux péricopes, nous terminons la lecture du troisième livre du Pentateuque : le Lévitique ou Torah Cohanim.
Lorsque ce shabbat nous procèderons à cette lecture il ne restera plus que quelques jours avant la fête de Atsereth ou Chavouot ou encore fête des Prémices.
Au temps d’Ezra, la lecture des cinq livres du Pentateuque s’étalait sur 3 années c’est pourquoi Ezra avait instauré un rituel particulier deux semaines avant la fête des semaines et deux semaines avant Rosh HaShana de sortir un sefer Torah supplémentaire comme s’il s’agissait d’un shabbat particulier[1]. Avant Chavouot on lisait les malédictions contenues dans BeHar-BeHoukotay et avant Rosh HaShana on lisait les malédictions se trouvant dans Ki-Tavo.
C’est ainsi que le souhait que nous formulons « que l’année se termine avec ses malédictions et que l’année commence avec ses bénédictions »[2] prend tout son sens. Néanmoins, nous sommes en droit de ne pas comprendre quel est le lien entre ces deux solennités….
Dans différents traités de guemara comme Rosh HaShana, Meguila et autres, on trouve divers développements concernant ces célébrations avec des indices sur chacune d’elles ainsi, apprend-on qu’il existe plusieurs sortes de jugements à Rosh HaShana l’humanité entière est jugée sur son existence et la matérialité[3] (qui sera riche/pauvre, qui réussira/échouera etc…), pour Pessah les cultures seront jugées (abondantes ou chétives…), pour Souccoth le monde sera jugé pour l’eau et, pour Shavouoth, deux jugements seront réservés à cette date : les fruits de l’arbre mais aussi la spiritualité de l’homme sera remise en question. C’est-à-dire qui réussira dans son étude, qui échouera et tout ce qui en découle. Le Shlah HaKadosh[4] faisant référence à un ancien ouvrage de kabbala intitulé « Tolaât Yaâkov » confirme cette opinion.
Quel est le rapport entre le jugement des fruits de l’arbre et le jugement de la spiritualité de chaque homme ? En effet il y a un lien très fort entre ces deux thématiques : premièrement, la Torah est souvent comparée à une source d’eau ou source de vie, ou encore à du lait qui est un aliment sans lequel un bébé ne peut vivre mais elle est aussi comparée à un arbre fruitier qui est un arbre de vie ! Il est écrit (Poverbes III, 18) :
עץ חיים היא למחזיקים בה ותומכיה מאושר
Elle est un arbre de vie pour ceux qui s’en entretiennent : et ceux qui s’y attachent, s’assurent le bonheur.
On saisit fort bien la métaphore de la Torah et de l’arbre mais pourquoi un arbre fruitier ? Car, les fruits sont les récompenses multiples rapportées par l’observance des mitsvoth contenues dans cette Loi et à l’étude assidue de la Torah.
En conséquence, il appartient à l’homme de ne pas négliger ses devoirs envers la Torah pour que toute sa vie il puisse se développer à l’ombre de la Shekhina et qu’il puisse être soutenu et protégé par cette Loi divine qui constitue une source de vie mais aussi une source de bénédictions illimitées.
Il existe une différence cependant entre ces deux débuts d’année à Pessah, nous recevons la consigne de supputer l’omer pour compter sept semaines pleines plus un jour soit 7 shabbatoth ainsi qu’il est écrit kol shabbat beshabbato (chaque shabbat), alors que pour le compte des années il est écrit « kol hodesh behodesho » (chaque mois).
Pendant 32 jours l’épidémie qui se déclara décima les rangs des disciples de Rabbi Akiba[5] ce fut cette période qui fut décomptée shabbat après shabbat mais, après la cessation de cette épidémie, il resta l’espoir ancré dans chaque personne d’un avenir proche et serein alors que lors de la destruction par le déluge qui dura une année et le décompte de mois en mois, la menace qui avait pesé sur le monde laissa un petit noyau d’humains rescapés après ce jugement et tous les jugements qui furent rendus sur terre durèrent chacun une année complète….
Le début de la parasha s’exprime ainsi : אם בחוקותי תלכו (im behoukotay télekhou) si vous suivez Mes lois…. Et où sont donc les lois d’HaShem sinon dans la Torah ????
L’étude de la Torah doit se faire avec sérieux mais il est utile, pour constater des progrès, d’exprimer son désir de se perfectionner et de réussir, et de consacrer du temps à cette étude en parlant à HaShem comme on parle à son prochain.
Les exégètes les plus prestigieux expliquent qu’HaShem a « envie » d’entendre nos tefiloth (prières) et d’entendre nos demandes, nos vœux…. L’étude de la Torah peut rapporter des prix prestigieux à ceux qui sauront y consacrer du temps et à faire des efforts pour la comprendre et l’interpréter ou tout au moins de comprendre les commentaires qui existent.
Les efforts se dit âmal (עמל). Si on ne peut comprendre l’hébreu on peut étudier dans une autre langue d’où les efforts louables d’Onkelos[6] de mettre les textes sacrés à la portée de tous. Tout comme il est important d’être un spécialiste dans une branche quelconque, il est important de se tailler aussi une spécialité dans la Torah.
A la veille de la dédication de la Torah, je voudrais rappeler certaines coutumes de nos communautés où les jeunes enfants commençaient à apprendre l’alphabet hébraïque vers la fête de Shavouoth et on demandait aux mamans de confectionner des galettes (cookies) en forme de lettres hébraïques et, selon les communautés on donnait aux enfants qui avaient su reconnaître les lettres les fameux biscuits ou certains badigeonnaient ces lettres de miel… Dans d’autres communautés on faisait apprendre aux enfants les dix paroles en judéo arabe selon le texte qu’avait écrit Saâdia Gaon, les parents du jeune garçon alors, offraient à toute l’assistance soit une collation soit des douceurs et pâtisseries pour rappeler combien douce est notre Torah.
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Comme s’il s’agissait de shabbat shekalim ou shabbat Para par exemple.
[2] תכלה שנה וקלילותיה, ותחל שנה וברכותיה (tikhlé shana oukelilotéha vetahel shana oubirkhotéha).
[3] Car Adam a été créé le 1er Tishré, il a fauté à la même date et fut jugé ce même jour.
[4] Rav Yishaya HaLévy Hurwitz 1558-1630, auteur du SHné Louhoth HaBrith.
[5] 24,000 disciples moururent car le motif principal fut la haine gratuite tout comme la haine gratuite fut le pivot qui motiva la destruction du deuxième Temple.
[6] Onkelos né en 35 de l’ère courante et mort en 120. Onkelos est un romain qui se convertit au judaïsme après avoir étudié auprès des rabbanim de la 3ème génération et il traduisit toute la Torah pour permettre à ceux qui ne comprenaient pas l’hébreu (ils parlaient alors couramment l’araméen) de lire et de comprendre la Torah en araméen.