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Après la tragédie, des rapports émergent selon lesquels les politiciens ont insisté pour ne pas limiter l’événement du Mont Meron

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Après l’horreur que nous avons vécue au Mont Meron lors des célebrations de Lag Ba’Omer où 45 personnes ont trouvé la mort, un jeu de blâme commence entre diverses autorités et responsables qui ont planifié, approuvé et supervisé les festivités de masse sur le lieu saint.

Alors que le choc et l’horreur suscités par l’accident mortel de jeudi soir aux festivités de Lag B’Omer sur le mont Meron commençaient à s’estomper, l’attention a commencé à se tourner vendredi vers la question de savoir qui était à blâmer après ce drame. 

Les questions difficiles seront probablement adressées aux responsables politiques, civils et chargés de l’application de la loi impliqués dans la planification, l’approbation et la sécurisation de l’événement, au milieu des discussions sur une éventuelle commission d’enquête d’État pour investiguer de manière approfondie sur la catastrophe.

Vendredi soir, plusieurs rapports dans les médias hébreux ont indiqué qu’il y avait eu une immense pression de la part des législateurs religieux avant les festivités pour s’assurer qu’aucune limite ne serait imposée au nombre de participants. Quelque 100 000 pèlerins ultra-orthodoxes ont finalement assisté à l’événement; un cadre élaboré par le ministère de la Santé, en consultation avec d’autres responsables gouvernementaux, la police et d’autres, aurait limité l’événement à 9 000 participants, mais cela n’a pas été mis en œuvre.

Des responsables au cours de l’enquête ont déclaré à la Treizième chaîne que les ministres du cabinet avaient pressé la police de permettre à un grand nombre de personnes de se rendre sur la tombe du Rabbin Shimon Bar Yochai, affirmant que cela visait à compenser l’annulation de l’événement de l’année dernière en raison du coronavirus.

La catastrophe, qui a commencé à 1 heure du matin vendredi, a eu lieu lorsque d’énormes foules de pèlerins ultra-orthodoxes se dirigeaient le long d’une passerelle étroite avec un sol métallique glissant qui se terminait par des escaliers. Les gens ont commencé à glisser et à tomber, d’autres sont tombés sur eux, et une ruée sans nom s’est ensuivie. L’aptitude de la passerelle, son approbation et son concepteur, sont au centre des questions des diverses enquêtes en cours.

Un reportage de Channel 11 a déclaré que la police pointait du doigt l’ingénieur de la sécurité du ministère des Affaires religieuses, qui a approuvé les dispositions de sécurité pour les festivités et qui, selon le rapport, a vérifié plus tôt dans la semaine la passerelle où la bousculade mortelle s’est produite.

Selon la Douzième chaîne, le chef du parti ultra-orthodoxe Shas Aryeh Deri a envoyé une demande officielle au ministre de la Sécurité publique Amir Ohana avant l’événement, disant que «quiconque veut venir [à Meron] devrait être autorisé à le faire.  »

Ohana, qui est responsable de la police, a ensuite approuvé la demande et aucune limite de participants n’a été mise en place à Meron, malgré les appels des responsables de la santé préoccupés par la transmission du coronavirus.

Selon Kan News, des sources anonymes du district nord de la police israélienne ont blâmé les responsables du ministère des Affaires religieuses, en particulier son ingénieur et chef de la sécurité, qui ont donné l’autorisation de faire cette manifestation et auraient personnellement inspecté la passerelle où la bousculade s’est produite.

D’anciens responsables de la police ont parlé à Kan de «pressions politiques sur la police pour qu’elle organise l’événement à tout prix».

Selon Channel 12, environ deux semaines avant la tragédie, le ministre des Affaires religieuses Yaakov Avitan (Shas) a visité le site pour suivre la préparation du rassemble-ment de masse de Lag B’Omer.

«J’ai été impressionné par la préparation complète et professionnelle qui est faite pour la célébration, à la fois par le « Centre pour lieux saints », par la police et par d’autres parties», a déclaré Avitan dans un communiqué. «Je remercie le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri pour les efforts qu’il a déployés face à diverses [complications] pour permettre l’ascension de nombreuses personnes à Meron cette année sans aucune restriction, et j’espère qu’avec l’aide de Dieu, tout ira bien.»

À la suite de la catastrophe, de nombreux responsables ont dénoncé des dysfonctionne-ment signalés les années precedentes et les avertissements répétés et ignorés selon lesquels les conditions sur le site pendant Lag B’Omer ne pouvaient qu’entrainer une catastrophe prévisible. Certains ont même dit que cela relevait du miracle qu’une telle tragédie n’ait pas frappé plus tôt.

Jusqu’à présent, un responsable de la police a assumé la responsabilité: le commandant du district nord Shimon Lavi, qui a supervisé les contrôles de sécurité pour les célébrations a déclaré vendredi matin qu’il était responsable de la catastrophe. 

«J’assume la responsabilité globale, pour le meilleur ou pour le pire, et je suis prêt pour toute enquête», a-t-il déclaré aux journalistes. Lavi n’envisage toutefois pas de démissionner, selon les informations de vendredi soir.

Ni le commissaire de police, ni le ministre de la Sécurité publique, ni les fonctionnaires du ministère des Affaires religieuses, ni les dirigeants Haredi n’ont pris leurs responsabilités jusqu’à présent.

Deux enquêtes sur les défaillances qui ont conduit aux décès devraient passer à la vitesse supérieure après la journée de deuil national des victimes dimanche – par le Département des enquêtes internes de la police du ministère de la Justice, sur les défaillances de la police et par la police sur les défaillances d’autres autorités. concernant l’événement.

Cependant, dans le cadre de ces deux enquêtes aucune ne permet d’enquêter sur les ministres concernés, y compris les ministres de la Sécurité publique, de l’Intérieur et des Religions, et le Premier ministre lui-même, qui ont tous participé à diverses réunions relatives aux préparatifs de l’événement.

Vendredi soir, l’ancien commissaire de police Moshe Karadi a lancé un appel à une commission d’enquête d’État, affirmant que la responsabilité de la tragédie s’étendait clairement au-delà de la police. Le ministre de la Défense et de la Justice, Benny Gantz, aurait également déclaré à ses collaborateurs qu’une sorte de commission d’enquête publique était nécessaire.

Karadi a déclaré que des pressions politiques avaient été exercées pendant des années sur les échelons supérieurs de la police pour tolérer des rassemblements à Meron plus importants que ceux qui auraient recu l’approbation.

Avant les festivités de cette année, Netanyahu, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, le ministre de la Sécurité publique Ohana et la ministre des Transports Miri Regev ont tous déclaré publiquement leur soutien au retour des rassemblements de masse lors de l’événement, après l’annulation due au COVID de l’année dernière.

Une première enquête policière a déjà montré des manquements «de toutes les parties» qui sont censées être responsables de l’événement annuel, selon un reportage de la Douzième chaîne.

Le député Ayman Odeh, de la Liste commune, a appelé vendredi à la démission du ministre de la Sécurité publique Ohana pour ne pas avoir tenu compte des «nombreux signes de danger» avant l’événement. Plus tôt vendredi, Ohana a lui-même appelé à une enquête indépendante sur «tous les aspects liés à la planification de l’événement, aux préparatifs, aux responsabilités, aux infrastructures».

Netanyahu a juré lors d’une visite sur les lieux, déclarant « c’est le pire désastre qu’Israël ait connu en temps de paix » que les enquêtes seraient «complètes, sérieuses et détaillées».

Le commissaire de police Kobi Shabtai et le chef du commandement du Nord, Lavi, devraient être appelés à témoigner sur l’enquête PIID.

Shimon Lavi, chef du commandement nord de la police israélienne, au mont Meron, le 30 avril 2021 (Capture d’écran YouTube)

Sigal Bar Tzvi, cheffe de la police israélienne, a déclaré à la Treizième chaîne que le site de Meron pouvait accueillir les quelque 100000 fidèles qui se sont rassemblés jeudi soir, mais que la catastrophe provenait du fait que trop de personnes étaient entassées dans cette zone spécifique, là où la bousculade s’est déroulée. Elle a toutefois ajouté qu’il y avait de nombreux autres points chauds potentiels sur le Mont.

Elle a répété à plusieurs reprises que la police n’avait pas le pouvoir de limiter le nombre de participants au rassemblement sur le Mont Meron. «Nous faisons ce qu’on nous dit de faire, dans le cadre de nos capacités; il y a la liberté de réunion religieuse. »

Même s’il s’agissait d’un «événement religieux» qui ne nécessitait pas de licence ni certains autres contrôles, a-t-elle déclaré, le commandant du district Lavi s’était assuré que deux ingénieurs de sécurité – celui du ministère des Affaires religieuses et un deuxième expert indépendant – ont signé les rapports de controle et que d’autres approbations ont été obtenues.

Elle a déclaré que la police avait averti au cours des deux dernières semaines «que l’événement était dangereux»  Elle a ensuite déclaré que les plans et informations sur l’événement, « y compris tous les dangers … ont été présentés au ministre. » Interrogée sur la réaction du ministre Ohana, elle a répondu: «Je ne sais pas. Je n’étais pas là.

Dans les heures qui ont suivi la tragédie, de plus en plus de preuves sont apparues que les avertissements concernant les dangers liés au rassemblement annuel ont été ignorés pendant des années, y compris dans deux rapports du contrôleur de l’État.

Un rapport du contrôleur d’État de 2008 a mis en garde contre «un échec systémique dans l’enceinte du lieu saint [Rabbi Shimon bar Yochai]» à Meron, en raison de «nombreuses autorités différentes toutes impliquées dans sa gestion», notant que la situation chaotique entraînerait des dommages au Mont, mettant en danger les fidèles.

Dans un rapport supplémentaire du contrôleur de l’Etat de 2011, il a été une fois de plus souligné que le site était mal sécurisé pour recevoir des centaines de milliers de personnes. 

Un rapport de police de 2016 a également mis en garde contre des problèmes à venir. Le commandant Ilan Mor, chef de la branche opérationnelle de la police nationale de la circulation, a produit un rapport dans ce sens. Le document analysait les tragédies passées causées par la surpopulation lors d’événements publics, y compris les problèmes deja rencontrés à Meron même, et concluait que l’infrastructure du lieu saint ne pouvait pas accueillir en toute sécurité le nombre important de fidèles qui assistaient chaque année à Lag B’Omer.

Dans le rapport, Mor a appelé à limiter le nombre de personnes présentes et à désigner un seul organisateur pour gérer le site, au lieu de permettre à chaque branche hassidique de gérer sa propre zone.

L’événement de cette année ayant lieu après les çonfinements liés au COVID-19 – annulé l’année dernière en raison de la pandémie -, les consultations impliquant le ministère de la Santé, la police et d’autres responsables ont conclu que pas plus de 9000 personnes ne devraient être autorisées à y assister. Toutefois, un accord à cet effet n’a jamais été soumis au gouvernement pour approbation en raison de conflits internes entre ministres sur d’autres questions, y compris un différend majeur sur la nomination d’un ministre de la Justice.

De plus, selon les informations de vendredi, les représentants de la police lors de ces réunions ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas les ressources nécessaires pour garantir que tous les participants présents puissent fournir une preuve de vaccination «passeport vert».

«Nous avons travaillé pendant des semaines sur un cadre», avait fulminé le Dr Sharon Alroy-Prais, responsable de la santé publique au ministère de la Santé, dans une interview télévisée mercredi, à la veille des festivités de Lag B’Omer. «Il a été approuvé par toutes les parties, par la police, par le ministère des Affaires religieuses, par le ministère de l’Intérieur – tout le monde. Mais à la fin, cela a échoué parce que personne n’a assumé la responsabilité de l’application de la loi », a-t-elle déclaré, accusant les autorités gouvernementales de se renvoyer la balle.

«C’est honteux», dit-elle. «Le ministère des Affaires religieuses essaie de faire assumer la responsabilité à la police.»

La Douzième chaîne a rapporté vendredi que jusqu’à la dernière minute, les responsables de la santé ont cherché à imposer une limite du nombre de visiteurs. Cependant, un certain nombre de législateurs de droite ont rejeté l’idée, insistant pour que la foule majoritaire-ment haredi soit autorisée à célébrer Lag Ba Omer à Meron comme elle l’avait fait les années passées.

En fin de compte, quelque 100 000 personnes ont assisté aux festivités – plus de 10 fois le nombre qui avait été envisagé, mais toujours beaucoup moins que les années précédentes, lorsque des centaines de milliers y ont participé.

Des foules de fidèles dans une allée étroite dans les instants qui ont précédé la tragédie du mont Meron, le 30 avril 2021 (Capture d’écran)

Des rapports vendredi ont indiqué que le flanc du Mont Meron est devenu essentiellement une sorte de zone extra territoriale, sur laquelle le gouvernement n’a pas réussi pendant des années à imposer pleinement son autorité. Les ministères du gouvernement, la police, les autorités locales et l’autorité qui contrôle les lieux saints d’Israël sont tous censés en avoir certaines responsabilités lors de la préparation de l’événement annuel, mais dans la pratique, la responsabilité globale n’a jamais été finalisée.

Des groupes ultra-orthodoxes distincts organisent leurs propres événements de Lag B’Omer sur le site et construisent leurs propres voies d’accès internes au sein du lieu de rassemblement ont indiqué les médias hébreux. 

source : the times of Israël en anglais

©ashdodcafe.com

 

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