PARASHAT VAYAKHEL – Peykoude 5781 – Vendredi 12 mars –Yom Chichi 28 Adar 5781″- Horaires Ashdod : Entrée : 17 h 27 – Sortie : 18 h 25
A la sortie de shabbat prochain, débutera le mois de Nissan. Ce shabbat annonce donc la fête de Pessah
LA CONSTRUCTION DU TEMPLE
Plusieurs parashoth traitent de la construction du Mishkan. Les haftaroth, en regard des sidroth nous entraînent vers la construction du Temple de Jérusalem, et par conséquent, il semble indispensable de considérer ce qui a permis la construction du Temple par Salomon et non pas par David, puis comment fut reconstruit le deuxième sanctuaire et pour quelles raisons l’un comme l’autre furent détruits.
Cette péricope et les sujets évoqués dans le premier paragraphe, ici, ont préoccupé de nombreux exégètes parmi les plus célèbres : Rashi, Sforno, Ramban, le Ari zal, le Gaon de Vilna…. Les opinions des uns n’allant pas toujours dans le sens des autres.
Pour le célèbre commentateur de Troyes et pour Sforno, l’ordre de construire un mishkan soit un « lieu » où la présence divine (shekhina) pourrait se retirer ne fut promulgué que parce que les Bené Israël se rendirent coupables, dans une certaine mesure, de la faute du veau d’or car, avant cette « erreur de conduite » la shekhina se trouvait sur chacun des êtres humains sortis d’Egypte.
Après avoir partagé le quotidien de tant d’Egyptiens idolâtres pendant autant de siècles, les Bené Israël ressentaient le besoin d’une « représentation » pour adresser leurs prières et, ils s’adressaient à la colonne de nuée ou à celle de feu qui éclairait leur chemin la nuit et, rappelons que ces nuées les préservaient de la rigueur du climat le jour et de la noirceur de la nuit.
Le Ari zal, dresse une comparaison entre la construction du Mishkan et celle des Temples de Jérusalem : En se basant sur le fait que Moïse a « parlé à D en vis-à-vis » (פנים מול פנים ou panim moul panim = face à face), il est représenté par l’élément de la face, et le Pharaon représente celui de l’arrière : la nuque[1]. Le Zohar, avant lui, suit les mêmes raisonnements.
Le Mishkan, dans sa construction nécessite la présence des 4 éléments suivants provenant des différents règnes : minéral, végétal, animal et humain (parlant)[2] : l’or, l’argent, le cuivre pour le premier domaine, le bois des arbres pour le deuxième, les matériaux fournis par les peaux de bêtes et par les sacrifices animaliers, le sacerdoce opéré par les prêtres pour le quatrième domaine.
Se posent les questions : dans le désert, d’où provenaient tous ces matériaux utilisés et fournis par le peuple ?
1 – Pendant la plaie des ténèbres nous nous souvenons du fait que les Hébreux ont « repéré » les objets d’or d’argent et de cuivre qu’ils ont demandé à leurs voisins ce qui en fait n’était qu’un dû étant donné qu’ils avaient travaillé lors de leur esclavage sans avoir été rétribués, mais pas seulement : en effet, en nous reportant au Cantique de la Mer Rouge (Az yashir Moshé) il est largement fait allusion aux trésors de guerre rejetés par la mer qui avait englouti les 600 chars des cavaliers pharaoniques et ce butin était une chose due et légale.
2 – Les arbres : Abraham avait déjà planté des cèdres que Jacob récupéra lors de sa descente vers l’Egypte et qu’il avait replanté sur le chemin qu’emprunterait sa descendance fuyant l’Egypte pour rejoindre le pays promis à Abraham. Les autres végétaux étaient présents au même endroit par le mérite des Patriarches.
3- Les animaux : les Enfants de Jacob (Israël) sont sortis d’Egypte avec des troupeaux entiers de bétail (petit et gros) pouvant fournir ainsi les sacrifices, les peaux de bête et les sacrifices sans problème.
4 – Les Cohanim (les prêtres) étaient donc présents, constituant la tribu des Lévy.
Ce tabernacle, servit 480 années durant pendant lesquelles il fut démonté et remonté un nombre incalculable de fois jusqu’à ce que David – le Roi David – émit le désir de construire une magnifique Résidence terrestre à HaShem. Mais, l’Eternel qui aimait David et qui l’a guidé toute sa vie, ne souhaitait pas que ce Temple fût construit par David car les matériaux ne manquaient pas : déjà, à l’époque de Joseph, les femmes avaient pour coutume de jeter des bijoux, de l’or et des pierres précieuses sur les héros et David n’y échappa pas après la victoire sur Goliath et à chaque victoire ; de plus, après chaque guerre, il amassa de très grands butins ce qui fait que le trésor royal était immense mais l’Eternel répugnait à ce que ces matières entrassent dans la confection du Temple car entachées par le sang versé des combats.
Le roi Salomon était immensément riche surtout pour ce qui concerne les métaux précieux et les pierres précieuses qui ne provenaient pas de butins de guerre. Pourtant, les cèdres du Liban qui étaient plaqués d’or fin pour tous les ustensiles du Temple provenaient d’ailleurs MAIS SURTOUT, il s’agissait d’arbres au bois précieux abattus par des non-juifs, par des travailleurs du roi Hiram de la ville de Tyr (Tsour en hébreu).
Le Zohar, tout comme le Ari zal met en parallèle le travail du Mishkan (Tabernacle) et celui du Mikdash (sanctuaire/Temple) ; Moshé et Salomon, Pharaon et Hiram.
Si le Mishkan a duré 480 ans, car il avait été construit par des gens éminemment saints et contenait des choses éminemment saintes[3], le 1erTemple n’a pas duré autant et fut détruit, avance Sforno, car on y notait la présence d’objets qui n’auraient pu être là sans l’intervention de non-juifs[4] et, Salomon aurait pu à cette époque dépêcher des Juifs capables d’abattre les cèdres par eux-mêmes sans avoir besoin d’une main d’œuvre étrangère, ajoute Mordékhay Nahman Stieglitz dans son livre « derekh yam ».
Lorsque fut lancé l’appel aux teroumoth (offrandes), on s’en souvient, les Princes d’Israël s’étaient proposés pour compléter largement les offrandes. En fait, il était tout à fait possible de voir ceci d’un très bon œil, c’est-à-dire d’y voir de la générosité mais, en réalité, il était question de défiance : ils ne pensaient pas constater autant de largesse de la part de tout le peuple : c’est ce qui les desservit. Ils n’offrirent, en définitive que les pierres précieuses devant orner le pectoral du Grand Prêtre, chose qui ne leur coûta aucun effort (voir les commentaires des semaines précédentes).
Les offrandes concernant le Temple ne devaient provenir que de la communauté d’Israël et non pas du « Erev Rav » (tourbe nombreuse) qui était présent lors de la faute du veau d’or tandis que la tribu de Lévy et les Princes d’Israël n’étaient pas présents, alors.
HaShem demande à tout le peuple de participer aux offrandes et le peuple répond unanimement et avec largesse car par ces offrandes ils prouvent leur attachement au Créateur.
Les offrandes faites par les femmes sont distinguées de celles des hommes car les épouses possédaient des objets particuliers tels des bijoux et ornements en or destinés à les rendre plus désirables aux yeux de leurs maris mais aussi des ustensiles tels des plateaux ou assiettes en cuivre si poli qu’il était possible à chaque femme de se parer et de se farder de telle sorte que malgré le travail harassant de l’esclavage, elles pouvaient encore attirer leurs époux et concevoir.
Cependant, de même que l’Eternel avait informé Moïse du fait qu’il confierait à Betsalel ben Ouri ben Hour le soin d’exécuter toute la partie créative et artistique des ustensiles du Mishkan, ainsi qu’à Oholiav ben Ahisamakh. Il demande aux femmes de se joindre à l’ensemble des artistes qui exécutent des tentures et autres fournitures nécessaires pour la construction et l’élaboration du Tabernacle c’est ainsi que certaines femmes étaient spécialisées dans le tissage des poils de laine sans raser les moutons au préalable.
Les dimensions de chacun des ustensiles, des tentures ou des tapis est extrêmement détaillé ainsi que la quantité de chaque chose.
Pour ce qui concerne les tapis, la Torah emploie une tournure peu courante bien qu’elle soit utilisée vingt fois dans tout le Tanakh. Au verset 14 du chapitre 36 de l’Exode, il est écrit ceci :
וַיַּעַשׂ יְרִיעֹת עִזִּים, לְאֹהֶל עַל-הַמִּשְׁכָּן: עַשְׁתֵּי-עֶשְׂרֵה יְרִיעֹת, עָשָׂה אֹתָם.
On fabriqua des tapis en poil de chèvre, pour servir de pavillon à cette enceinte ; on les fit au nombre de onze.
Onze se dit en hébreu ehad assar אחד עשר. Pourquoi cette tournure ? Comme toujours, nos exégètes se sont penchés sur ces mots. Certains s’étonnent du mot ashtey en donnant plusieurs versions mais dont la traduction est unanimement onze.
Ainsi, Abraham Ibn Ezra[5] explique-t-il que l’expression âshtey âssar contient un très important secret car : « âshtey provient du mot « eshtonoth » comme si le dix « a enfanté » et ceci renferme un grand secret » car apparemment il considère les chiffres du point de vue cabbalistique du calcul fragmentaire ou les dizaines sont alors considérées comme des unités, les centaines comme des dizaines et les unités comme des unités.[6]
Le Radak[7], dans son ouvrage « sefer hashorashim » , écrit que la racine du mot âshtey est eshtonoth ou pensée. Abonde dans le sens d’Ibn Ezra.
Caroline Elishéva REBOUH
[1] En inversant les lettres qui forment le mot pharaon = פרעה = הערף ha’oref
[2] En hébreu : דומם, צומח, חי, מדבר : domem, tsomeah, hay, medaber.
[3] Le Mishkan contenait les Tables de pierre gravées par le « doigt » de D, et Moïse était responsable du mishkan et Itamar était responsable, Betsalel qui fut l’artiste était le descendant de Hour assassiné par le « erev rav » ou tourbe nombreuse, et dans le peuple étaient de nombreux tsadikim.
[4] Rappel : Noé avait fait pousser lui-même des cèdres car il existait un culte idolâtre envers des arbres/cèdres et, rien ni personne n’aurait pu attester du fait que ces arbres n’avaient pas été l’objet d’un culte quelconque à un moment quel qu’il soit.
[5] Abraham Ibn Ezra 1089-1167.
[6] Prak gadol/prak katan.
[7] Rabbi David Kimhi ben Yossef 1160-1235 (Narbonne).
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