Suite à un rapport alarmant de l’organisation Latet sur la pauvreté en Israël, notamment dans la communauté francophone en 2020, l’équipe de Qualita a décidé de se mobiliser une nouvelle fois.
La réussite en Israël des juifs de France, pour laquelle Qualita se bat depuis sa création, se heurte parfois à des accidents de la vie qui privent des milliers de familles de ressources financières suffisantes. C’est pour elles que Marc Eisenberg, président de l’organisation, a de nouveau lancé une campagne de dons, le 21 février 2021, à quelques jours de Pourim.
Pourquoi avoir lancé Israël Tsedaka by Qualita, l’an dernier en mars 2020 ?
Marc Eisenberg : A l’heure où le monde entier ferme ses frontières, l’Etat d’Israël est le seul à continuer d’investir dans l’intégration des nouveaux immigrants. Pourtant nous avions identifié, avec nos partenaires municipaux et du ministère des Affaires sociales, que plus de 1000 familles francophones se trouvent ici dans une situation de précarité. Des familles qui, fraîchement arrivées dans le pays et sans la maîtrise de la langue, ne savent pas vers qui se tourner pour demander de l’aide.Un remboursement maladie qui n’arrive pas, un litige avec un propriétaire qui s’envenime, ou bien encore une séparation, un licenciement… Des situations dont on pourrait se relever avec un réseau social et un moral solides, mais qui peuvent être amplifiées dans un pays dont on ne maitrise pas encore bien le fonctionnement.
La campagne de 2020 a permis de collecter 6 320 000 shekels. Comment cet argent a-t-il été utilisé ?
- E. : Effectivement, la mobilisation dans tout Israël, mais aussi en France, a été exceptionnelle et je tiens à remercier tous les donateurs du plus petit aux plus grands, qui ont « matché » et doublé les sommes obtenues lors de la journée de dons. Je remercie également les dizaines d’associations, institutions, municipalités, Fondations, qui se sont associés à cette opération.
Grâce à cette collecte, nous avons pu aider 900 familles, c’est-à-dire près de 5000 personnes, en remettant des bons alimentaires de 500 shekels en moyenne par mois et pour une période de 12 mois. Nous avons pu également aider des soldats francophones isolés, soutenir des opérations pour des enfants ou lors des fêtes juives.
Cette opération solidaire a été possible grâce aux relais des nombreuses associations de terrain dans les villes, les services sociaux des mairies, ceux deJérusalem,Netanya et Ashdod en particulier, et aussi grâce aux bénévoles. Nous avons également travaillé main dans la main avec le Consulat Général de France pour aiderles familles plus particulièrement touchées par le Covid.
Michel nakache, vous avez piloté cette campagne. Comment avez-vous procédé pour allouer l’aide aux familles ?
- N. : Pour réaliser cette opération nous nous sommes appuyés sur dix associations présentes dans les villes et les quartiers, et qui connaissent personnellement les familles. Mais aussi sur un Guichet Social créé en septembre 2020 au sein de Qualita, qui suit avec des bénévoles près de 300 familles dans tout le pays.En outre, des Comités Locaux d’Action Sociale ont été mis en place dans les villes et avec les associations (souvent par zoom) réunissant parfois les services sociaux. Pour chaque dossier, une aide de 250, 500 ou 750 sh /mois pendant six mois renouvelable a été accordée. Les bons alimentaires de la chaine Rami Levy était fournis par Qualita aux associations qui les distribuaient aux familles chaque mois. Partout, les familles ont reçu de l’aiderapidement.
quels enseignements tirez-vous de cette première opération ?
- N. : Tout d’abord, nous avons constaté la réalité des besoins… Nous avons reçu plus de 1000 formulaires et nous savons qu’au moins le double aurait dû nous parvenir… Mais les olim francophones peuvent ressentir une certaine gêne à l’idée de demander de l’aide.Ceux qui sont arrivés il y a moins de cinq ans sont les plus fragilisés et ils ont représenté plus de 50 % des demandes. Un chiffre qui monte à 70 % si on considère ceux qui ont moins de dix ans d’alyah.35 % de ces familles ont été fragilisées par la crise du covid, les familles mono parentales (femmes avec enfants souvent sans pension) représentant plus de 25 % des demandes, sans compter les jeunes, les étudiants qui ont perdu leur « petits jobs » à cause du Covidet les nombreux retraités.
MARC EISENBERG.:Qualita va-t-elle aussi accompagner ces familles, outre l’aide financière ?
Absolument, tous les services de Qualita seront mobilisés pour aider ces familles à se réinsérer socialement et professionnellement. Nous avons déjà lancé un programme spécifique de retour à emploi pour 150 d’entre elle mais aussi une aide continue dans la gestion du budget familial avec des partenaires, le soutien scolaire pour les enfants dans différentes villes, sans compter, avec l’appui de nos 300 bénévoles, du soutien psychologique et administratif pour ceux qui peuvent obtenir des certains droits. Nous voulons permettre à 20 à 25 % des familles qui se sont tournées vers nous de sortir de la spirale de la dépendance, et nous réussirons avec l’aide de toutes les associations et communautés francophones avec qui nous travaillons depuis près d’un an sur ce programme.
MARC EISENBERG.:Quel message souhaitez-vous adresser pour cette nouvelle campagne ?
Notre nouvelle collecte du 21 février 2021 est indispensable et plus que jamais nécessaire. Nous devons aider plus de familles et donner plus chaque mois. Nous avons évalué le besoin moyen des familles à au moins 800 shekels par mois, soit près de 10 000 shekels par an (2600 euros).
Cela représente près de 10 millions de shekels, c’est beaucoup plus qu’en 2020 !
Notre aide sera plus adaptée à certaines réalités et à certaines catégories sociales : les jeunes et les soldats isolés notamment, car nous devons nous considérer en partie responsable de leur avenir ici, en Israël.
Le 21 février prochain, nous devons poursuivre l’incroyable chaine de solidarité qui s’est mise en place.
Chacun de nous doit se mobiliser pour accomplir la mitzva de Pourim (MatanotLaeviyonim).
Nous devons être là pour eux.