PARASHAT BERESHIT 5781Vendredi 16 Octobre 2020 – Yom Chichi 28 Tichri 5781 – Horaires Ashdod : 17 h 47 – 18 h 44

Les fêtes sont déjà derrière nous et voici la première section de la Torah devant nos yeux avides de lire et d’apprendre ce merveilleux messages que nous délivre la Torah chaque semaine avec des paraboles, des midrashim et des secrets…
La période que nous vivons depuis le début de 2020 n’est certes pas aisée mais pour qui veut bien laisser ses yeux se déciller il est clair que D  envoie des messages : des masques sur nos bouches ? Des distances à respecter avec tous, et éviter les embrassades les fréquentations avec nos parents amis ce sont certes des épreuves     mais ne vaut-il pas mieux qu’autre chose ?
A nous de comprendre et d’accepter car il vaut mieux de prendre ses distances plutôt qu’autre chose….
Il faut justement profiter de ces circonstances et de se poser des questions, de prendre un livre et d’étudier, d’en profiter pour nous perfectionner et étudier pour qu’HaShem nous bénisse et surtout pour renforcer et cultiver notre Emouna ! Car c’est en renforçant notre foi que nous souffrirons moins lors du dévoilement du Mashiah.

 

AU TOUT DEBUT DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE.

Permettez-moi de rappeler la mémoire de l’un des rabbanim, zal, dont j’ai suivi l’enseignement de longues années durant.  Une année, à pareille époque, il s’était plu à nous raconter un midrash connu, sans doute, mais à l’époque, il était nouveau et, la façon qu’il avait eu de narrer la scène fit que je m’imaginais être témoin de la création de l’Univers : le Midrash racontait que HaShem  désirant créer le monde et l’homme, IL exposa une partie de Son plan aux Anges dont IL  savait que la jalousie les animait.

Les Anges jaloux ? cela ne se conçoit pas direz-vous ! Eh bien si pourtant et je vais vous expliquer comment. Les Anges du Service divin pourvus d’ailes ont pour tâche, entre autres, de célébrer D tout au long du jour. Or, si quelqu’un d’autre apparaît sur cette scène et que ce quelqu’un ait la possibilité aussi de chanter les louanges qui sait si cette créature ne sera pas plus grande et plus considérée que les Anges et qui sait si les louanges de cette créature ne seront pas agréées davantage !! Les Anges se mirent donc en devoir de décourager le Tout Puissant de créer un être qui va sûrement fauter et déplaire aux yeux d’HaShem ! Alors, reprenait mon Maître, HaShem, revêtit la Midat HaRahamim, posa la Torah devant Lui[1], et, c’est ainsi que furent créés le Monde et tout ce qu’il renferme et l’homme.

Les détracteurs de tous ordres ont toujours essayé de réfuter les moindres éléments exposés dans cette section de Bereshit et, en fait, si nous prenions le temps de nous arrêter à chaque lettre à chaque mot, nous n’aurions pas suffisamment de plusieurs mois pour analyser tous les aspects et toutes les significations s’y trouvant.

Nous savons que pour que chacun d’entre nous puisse comprendre le contenu spirituel de la Torah tout entière, nous disposons de quatre façons de discourir : le pshatt, la façon simple, presque littérale, le rémez ou sens allusif, le drash ou l’abord  plus philosophique et enfin le sod qui est le sens caché et parfois tellement caché que même les Maîtres du Zohar hésitent à nous les dévoiler car, tout n’est pas à exposer à un cerveau humain car on nous rapporte qu’au début, la taille d’Adam, le premier homme, était si incroyable que nous avons du mal à le comprendre : ses pieds étaient sur la surface de la terre et sa tête atteignait les nuages, ses talons ressemblaient à des soleils [2]! Il était d’une beauté éblouissante et, son intelligence dépassait tout ce qu’aujourd’hui nous pourrions essayer d’imaginer à telle enseigne que dès ses premiers instants, le Créateur fit défiler devant lui toutes les créatures et Adam les nomma les uns après les autres sans hésiter et sans se répéter.

Le Gan Eden fut un lieu paisible et harmonieux où les senteurs se mêlait et la nature croissait sans que la pluie ne tombât.

La Nature avait reçu ses consignes et même si la Terre « déforma » un peu les ordres divins au moment de la création des arbres fruitiers et fut punie pour cela[3]. Depuis la Création la Nature et les astres, tout poursuit l’impulsion première donnée par HaShem. C’est juste un instant avant l’entrée du premier shabbat de l’Humanité, qu’HaShem « créa  » dix manifestations surnaturelles qui ne devront servir qu’une fois telles que la « bouche » de la terre qui devra engloutir Korah et son assemblée ou la bouche de l’ânesse de Bil’am etc… (Avec l’aide D nous reviendrons sur ces points).

La question récurrente de savoir quel était cet arbre de la connaissance du bien et du mal et souvent certains avancent un pommier en fait dans toute la littérature rabbinique on évoque la vigne ou le figuier[4] sans savoir exactement de quoi il s’agissait. Devant le fait qu’Adam et Eve ont caché leur nudité au moyen d’une feuille, certains pensent plutôt à la feuille figuier de taille plus significative.

Afin d’exprimer ce que devrait nous inspirer l’étude de Bereshit, le Ramban[5] écrivit dans son introduction à ses commentaires bibliques ce que devrait nous inspirer l’étude de Bereshit dans lequel d’énormes secrets sont renfermés : crainte  et respect entre autres car les premiers êtres humains étaient d’une dimension spirituelle telle qu’ils se trouvaient très proches d’HaShem et Lui parlaient sans intermédiaires….

Parmi les secrets accessibles nous trouvons que toutes les sciences de base ont été transmises à l’homme afin qu’il puisse diriger sa vie : les calculs (de toutes sortes) les sciences jusqu’aux principes les plus simples de la vie comme l’enterrement d’un homme inspiré de la conduite de l’oiseau vis-à-vis de son mort…

Bereshit est la relation de la première semaine de la vie dans l’Univers, c’est la relation des premières fautes, du premier jugement, des premiers conflits, des premiers sacrifices…. Les Cabalistes, ont décidé de nous livrer quelques secrets afin que nous puissions prendre conscience de l’infinité de tout ce qui nous entoure les autres secrets resteront inconnus de nous car notre intelligence humaine ne pourrait entendre certaines notions.

Rabbi Hayim Vital[6] enseigne que l’homme est composé des 4 éléments : le feu, l’air, l’eau et la terre.  D’après lui, le feu caractérise la grossièreté, l’orgueil, la haine pour les autres et la colère. L’air ce sont des conversations futiles, le langage flatteur, le mensonge et la médisance. L’eau ce sont les plaisirs terrestres de toutes sortes, les envies[7], la jalousie et le vol. Quant à la terre c’est le fait que l’on néglige les mitsvoth de la Torah.

Les premiers éclats de la jalousie se traduisent justement dans Bereshit et dès les premières minutes de l’existence d’Adam lorsqu’un Ange d’un grade supérieur : Sama- el qui était pourvu de 12 ailes et qui, du fait de l’expression de sa jalousie a vu ce nombre d’ailes ramené à 6 par l’intervention d’HaShem « bikhvodo ou beatsmo » (par Lui-même)…..

Le deuxième acte de jalousie eut lieu lors de la présentation du premier et du deuxième sacrifice par  Caïn (Kahin) et Hevel (Abel). En effet, pour savoir quoi présenter en offrande, Caïn avait déduit du mot korban  (sacrifice en hébreu) qu’il devait offrir des graines de lin. Explication : le mot korban s’écrit kouf – resh – beth – noun : קוף-ריש-בית-נון or, en prenant la fin du nom de chaque lettre en hébreu on obtient pé-shin-tav-noun qui forment le mot pishtan (lin).

Ainsi que nous le lisons dans ce péricope, le sacrifice de Caïn : des graines de lin ne fut pas agréé tandis que l’offrande en bétail d’Abel le fut ce qui excita la jalousie de Caïn vis-à-vis de son cadet. Lorsqu’HaShem demande à Caïn « où est ton frère » celui-ci n’hésite pas à s’exprimer et s’exclame : « si Tu n’avais pas dédaigné mon offrande et agréé celle de mon frère cela ne serait pas arrivé ».

Nous assistons ici à ce que nous appelons en hébreu « pelitat pé »  c’est-à-dire qu’aussi bien Adam lorsqu’HaShem a demandé à Sa créature des comptes sur sa faute et qu’Adam a rétorqué : « C’est la femme que Tu m’as donnée » il n’a pas su se mettre en cause mais a rejeté la faute sur le Créateur et, ici, nous assistons au même phénomène : Où est Abel ? Caïn ne se confesse pas mais il rejette la faute sur HaShem : Tu n’as pas agréé mon sacrifice mais celui d’Abel !…….

Dans la Mishna d’Avoth, Rabbi Yéhoshoua dit : la jalousie, l’envie et les honneurs expulsent l’homme du monde (הקינאה, התאווה והכבוד מוציאים את האדם מן העולם »« ).

Caïn était l’aîné du couple Adam-Eve pourtant, la tunique qu’HaShem cousit au premier couple de l’humanité, Adam la transmit à Sheth qui la transmit et qui parvint de génération en génération à Noé. La question qui s’impose est de savoir pour quelle raison Adam transmit-il cette tunique de peau[8] à Sheth qui n’était pas l’aîné c’est, entre autres parce que Caïn avait versé le sang de son frère. Dans le livre « shaar haguilgoulim » (la porte des réincarnations) le Ari zal[9] écrit que Caïn fut réincarné en Pinhas lequel racheta la faute de Caïn en exécutant le couple Zimri ben Salou et Cosbi car, avec cette « exécution » Pinhas a vengé une triple faute en un seul acte : l’idolâtrie à laquelle se sont livrés les Bené Israël avec les Moabites, les relations sexuelles interdites et les meurtres inutiles or en quoi s’était rendu coupable Caïn de toutes ces fautes ? C’est qu’avec Abel est née une fille jumelle supplémentaire[10] que Caïn convoitait et donc les relations qu’il eut avec elle sont tombées dans la catégorie interdite et quant à la avoda zara ou idolâtrie dans le cas de Caïn cela a été remplacé en quelque sorte par un comportement hérétique en mettant en cause le fait qu’HaShem n’a pas accepté son sacrifice mais agréé celui de son frère.

Ainsi que nous le constatons ici, la première section de la Torah est si pleine d’enseignements sur les dix premières générations de l’Humanité que nous pourrions y passer plusieurs mois.

Caroline Elishéva REBOUH

 

[1]  Enseignant ainsi aux générations futures que quiconque doit toujours se référer à la Torah avant d’entreprendre une quelconque action.

[2]  Ce n’est qu’après la faute d’Adam qu’HaShem réduisit la taille d’Adam à 100 « ama »

[3]  HaShem avait donné l’ordre à la terre de créer des arbres-fruits c’est-à-dire des arbres que l’on pouvait consommer directement au lieu de quoi elle créa des arbres portant des fruits (midrash).

[4]  La Guemara rapporte que certains arbres peuvent être des sources d’énergie et d’autres des sources de faiblesse ainsi disent les Sages qui se repose à l’ombre d’un olivier repart avec son plein  d’énergie alors, qu’à l’ombre du figuier sur lequel se trouvent de mauvaises influences.

[5]  Ramban = Rabbi Moshé ben Nahman, né à Gérone (Catalogne-Espagne) en 1194 et décédé en 1270 à Acre (Akko) était Philosophe, Médecin, Rabbin Cabaliste et exégète biblique.

Rabbi Hayim Vital né en 1543 en Calabre (Italie) et décédé en 1620 à Damas (Syrie) et disciple du Ari zal (Rabbi Itshak Louria Ashkenazi, du Rav Moshé Cordovéro et du Rav Moshé ben Hayim Alshikh.

7]  תאווה est généralement traduit par l envie et parfois par luxure.

[8] La tunique était en עור  ou cuir:peau mais, certains commentateurs insinuent qu’elle était en אור soit en lumière.

[9]  Arizal ou Rabbi Itshak Ashkénazi Louria né en 1534 à Jérusalem et décédé en 1572 à Safed grand Cabaliste fondateur de l’école lourianiste et considéré comme le mystique le plus profond.

[10]  Avec chaque mâle naissait une femelle.