UNE ROSE PARMI LES EPINES
Nombreuses sont les allégories qui placent entre D et Son Peuple des relations d’Epoux et de fiancée ou d’épouse (כלתי / רעייתי) kalati ou râyati. Le Cantique des Cantiques composé par le Roi Salomon décrit de manière poétique les tourments amoureux d’une femme éprise de son promis, ou les descriptions merveilleuses d’un homme épris de cette femme capricieuse et que nulle autre créature ne peut égaler. Ainsi, l’illustre berger ou Epoux est D qui se repaît de la beauté de son amante ou de cette femme éperdue d’amour partant à la recherche de son Aimé qui n’est nul autre que son D. Au chapitre II du Cantique des Cantiques D s’exprime par la bouche du berger en complimentant sa promise en lui déclarant qu’elle est une rose parmi les épines[1]. Comparée aux autres nations, Israël n’a pas son pareil elle est comparable à une rose qui pousserait parmi des ronces.
De ce verset, Israël aura bénéficié d’un surnom : Israël est une rose. C’est à partir de ce surnom que l’on évoque souvent « la rose aux 13 pétales » car cette fleur si célèbre par sa beauté et qui exhale un parfum si suave, comporte 13 pétales et 5 sépales[2].
Voici l’explication qui se rapporte à ce cas de figure :
La coupe à kidoush a la forme d’un bouton de rose d’ailleurs dans d’autres religions cette coupe (le’havdil) se nomme un calice pour rappeler la forme de la fleur et il est conseillé, au moment où l’on énonce le texte du kidoush de saisir la coupe de vin au centre de la paume de la main puis, de refermer la paume de la main autour de la coupe pour que les 5 doigts de la main représentent les 5 sépales qui maintiennent les pétales fermés autour du cœur de la fleur et de ses 13 pétales qui représentent les 13 postulats qui résument notre foi. Il est évident qu’en un article, il n’est possible que d’effleurer un sujet et ne pas le traiter en profondeur car chaque thème peut donner naissance à des pages entières de considérations.
Pour honorer le shabbat ou les fêtes, nous nous efforçons de consacrer le meilleur : ainsi, nous cuisinerons et pâtisserons ce qu’il y a de meilleur, nous soignerons notre intérieur du mieux possible, nous nous habillerons le plus élégamment possible et nous inviterons des personnes isolées pour qu’elles puissent elles aussi partager ce bonheur qu’est le shabbat. C’est pour cela que les Sages ont conseillé aussi pour Shabbat et les fêtes de se servir d’ustensiles les plus beaux possibles.
Et, puisque nous avons abordé le sujet de la coupe à kidoush nous allons énoncer quelques petites considérations qui ne sont peut-être pas connues de tous : si un simple verre est « kasher » pour faire le kidoush, il faut cependant veiller à ce qu’il ne soit pas fendillé, fêlé, fendu, ébréché, et, s’il est en métal qu’il ne soit pas déformé, bosselé ou cabossé sous peine d’être « passoul » ou inapte. Si la coupe à kidoush est en métal argenté ou nickelé, il faudra veiller à ne pas y laisser de vin à l’intérieur car le vin rongerait la fine pellicule d’argent et rendrait le récipient inutilisable (même du point de vue santé).
D’autre part, s’il est possible de consacrer un certain budget à l’acquisition d’une coupe en argent, ce ne sera qu’un point supplémentaire remporté sur l’échelle des efforts effectués pour agrémenter et sanctifier le shabbat. Précisons que l’argent est un attribut de miséricorde.
Pour le kidoush du vendredi soir il est nécessaire de se munir de vin kashère ou de jus de raisins kashère rappelons que le jus de raisins ne peut être utilisé pour le kidoush que s’il porte la mention permettant son usage pour le kidoush car, selon les marques, même si le jus de raisins est réputé kashère il peut avoir fait l’objet d’un coupage ou d’un ajout de sucre ce qui peut le rendre impropre au kidoush mais n’empêche pas sa consommation en tant que boisson. Pour le cas où il serait difficile voire impossible d’avoir du vin ou du jus de raisins, rappelons qu’il est possible d’utiliser des raisins secs que l’on a mis à tremper et de faire le kidoush dessus. Il y a aussi la possibilité de faire le kidoush (réciter le texte du kidoush) sur les haloth et de bénir « ‘hamotsi léhem min ‘haarets ».
En revanche, pour le kidoush du samedi matin, s’il est recommandé de le faire sur du vin ou du jus de raisins, il est toutefois admis de le faire sur du cognac kashère (cela va de soi), du whisky véritable ou du rhum ou encore de l’eau de vie, arak etc…….Dans certaines communautés ashkenazes, les femmes sont autorisées à faire le kidoush du samedi matin sur une tasse de café noir ou au lait.
La mishna de shabbat consacre un long passage à l’utilisation possible de certaines huiles pour les lumières de shabbat il s’agit d’un passage célèbre qui est lu dans les synagogues le vendredi soir avant la prière de Arvit il s’intitule « baméh madlikine » (mishna shabbat chapitre 2). En résumé, si les hazal permettent toutes les huiles pour les veilleuses, Rabbi Tarfon tranche et ne permet que l’utilisation de l’huile d’olives. Cependant, de l’opinion rabbinique générale actuelle : allumer les veilleuses qui est une des 3 grandes mitsvoth appartenant à la femme [3], puisque l’allumage des lumières du shabbat est une tentative pour elle de rallumer la lumière originelle du monde éteinte après la faute commise par Eve.
Les lumières sont en général au nombre de deux mais certaines femmes allument aussi des bougies pour faire participer – en quelque sorte – tous les membres de la famille au shabbat ; d’autres femmes au contraire, allument des bougies ou des veilleuses à la mémoire d’êtres chers ou de grands tsadikim pour appeler sur leur foyer leur bénédiction.
Il est donc admis d’allumer des veilleuses en utilisant des huiles alimentaires ou des bougies ; cependant il est tout aussi admis d’utiliser des lumières électriques.
Avant l’allumage il est conseillé de faire un petit don (une petite pièce dans un tronc de tsedaka) et, après avoir allumé la maîtresse de maison prononce la bénédiction pour l’allumage des bougies du shabbat ou des fêtes –voir les livres de prières – et lit une supplique pour appeler la bénédiction divine sur elle, son époux, ses enfants, ses descendants et en règle générale sur tous les siens. C’est encore un moment privilégié pour prier et demander à D ce que notre cœur désire.
Après le kidoush dont nous avons parlé au début à cause de l’expression de la rose aux 13 pétales, le Chef de famille entonne Shalom aleikhem puis d’autres ajoutent « Eshet Hayil, d’autres ajoutent un chant à la gloire de Bar Yohay, d’autres ajoutent une poésie cabalistique composée par le Ari zal : « Azamer Bishevahim » puis, il est conseillé de faire quelques bénédictions telles que sentir des fruits odorants et/ou des plantes dotées d’un bon parfum (voir les livres de prières pour connaître ces bénédictions), puis des mezonot (biscuits, crackers etc….) des fruits de l’arbre, de la terre et de « shé’hakol » et faire la berakha aharona[4]. On procède ensuite à la bénédiction de netilath yadayim et on s’apprête à faire le motsi. Certains bénissent leurs enfants après hadlakat néroth, d’autres après le motsi…… tout dépend des coutumes de chacun.
La maîtresse de maison aura pris la précaution de placer une jolie panetière sur la table recouverte d’une belle nappe (blanche si possible ou d’une autre teinte, peu importe). Sur la panetière elle mettra une serviette ou un napperon puis, les haloth et au-dessus des haloth un napperon précieux pour honorer le shabbat et ceci pourquoi ? Pour nous souvenir que dans le désert, nous trouvions, le vendredi, les doubles portions de manne enveloppées de rosée comme si celles-ci se trouvaient dans un écrin.
Des chants et des piyoutim accompagnés de commentaires de Torah rendent le repas du shabbat plus précieux que tous ceux partagés en semaine et contribuent à faire du shabbat ce que nos sages ont qualifié : le shabbat donne un plaisir qui équivaut à un soixantième des délices partagés dans le monde futur.
Caroline Elishéva REBOUH
[1] – Les épines figurent toutes les autres plantes.
[2]– Cette « rose » à 13 pétales n’existe plus aujourd’hui car il y existe une différence entre la « shoshana » en hébreu et la « véred » qui est la rose d’aujourd’hui.
[3] – les 3 principales mitsvoth de la femme sont : hadlakat néroth (allumage des lumières) du shabbat et des fêtes (ce qui ne rend pas l’homme inapte à le faire aussi s’il le désire), hafrashat halla (prélèvement du don de pâte) et la nidda ou pureté familiale.
[4] – ceci est destiné à multiplier le nombre de bénédictions pendant shabbat car les « amidoth » du shabbat sont plus courtes, on ne revêt ni talith ni tefiline le shabbat et donc on prononce moins de bénédictions en règle générale, on essaye donc de prononcer et d’augmenter leur nombre pendant shabbat.