Selon une étude réalisée sous la direction des Prof. David Gurevitz et Noam Shomron de la Faculté de médecine de l’Université de Tel-Aviv, les porteurs des mutations génétiques PiZ et PiS présentent un risque sévère de morbidité grave et de mortalité liées au coronavirus. Selon l’étude menée sur des bases de données de 67 pays différents sur tous les continents, les personnes possédant ces mutations doivent s’isoler pour limiter leurs risques de contamination et devront être vaccinées en priorité.
L’étude, menée avec la collaboration de l’étudiant de maîtrise Guy Shapira, a été publiée dans la revue scientifique The FASEB Journal.
Selon les chercheurs les porteurs des mutations génétiques PiZ et PiS présentent un risque élevé de morbidité sévère et même de mortalité par le coronavirus. Ces mutations se caractérisent par une déficience de la protéine Alpha1-antitrypsine, qui protège les tissus pulmonaires des dommages liées aux inflammations graves. Le déficit de cette protéine est déjà connu dans les recherches sur d’autres maladies pulmonaires comme étant lié aux dommages inflammatoires affectant le fonctionnement des poumons.
Des mutations fréquentes en Europe et rares en Asie
Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont analysé les données provenant de 67 pays sur différents continents. La comparaison a montré une corrélation positive significative entre la prévalence de ces mutations dans la population et le taux de mortalité du coronavirus (rapporté à la taille de la population dans chaque pays), et ce dans de nombreux pays tels que les États-Unis, l’Angleterre, la Belgique, l’Espagne, l’Italie et autres. Ceci en comparaison avec de faibles taux de morbidité et de mortalité dans les pays où ces mutations ne sont pas fréquentes comme la Chine, le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge.
En effet, l’analyse des bases de données montre qu’en Belgique, où 17 citoyens sur 1000 sont porteurs de la mutation PiZ, dominante parmi ces deux mutations, le taux de mortalité du coronavirus (en septembre 2020) est de 860 par million d’habitants. En Espagne, la situation est similaire : 17 citoyens sur 1000 sont porteurs de la mutation Piz et le taux de mortalité par le coronavirus est de 640 habitants sur un million. Aux États-Unis, où 15 citoyens sur 1 000 sont porteurs de la mutation en question, 590 personnes par million d’habitants sont décédées de la maladie.
Cette tendance se reflète également en Angleterre où 14 citoyens sur 1000 sont porteurs de la mutation et où le taux de mortalité dû au coronavirus s’élève à 620 par million d’habitants. De même en Italie, où 13 personnes sur 1000 sont porteuses de la mutation, le taux de mortalité du coronavirus s’élève à 620 par million de citoyens et en Suède où 15 citoyens sur 1000 sont porteurs de la mutation, le taux de mortalité dû au covid-19 s’élève à 570 par million de citoyens.
Un facteur de risque supplémentaire
En revanche, les chercheurs ont constaté que dans de nombreux pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est et d’Afrique, où la prévalence de la mutation est relativement faible, les taux de mortalité du coronavirus sont bas également. Au Japon, où 9 citoyens sur un million sont décédés de la maladie, le taux d’incidence de la mutation est nul. Des résultats similaires émergent également en Chine, en Corée du Sud, à Taiwan, en Thaïlande, au Vietnam et au Cambodge.
Par conséquent, les chercheurs pensent que l’existence parmi la population des mutations génétiques PiZ et PiS peut constituer un facteur de risque qui vient s’ajouter à ceux déjà signalés comme facteurs de risque du covid-19 et recommandent donc tout d’abord de confirmer ces résultats par des essais cliniques et, s’ils sont établis, de mener des enquêtes approfondies au sein de la population pour identifier les porteurs des mutations génétiques PiZ et PiS afin de les isoler pour prévenir leur contamination par le virus, et de leur donner la priorité dans l’administration des vaccins dès que ceux-ci seront disponibles : « L’analyse des données révèle l’image d’une corrélation claire entre les porteurs de ces mutations et les taux de mortalité et de morbidité grave liée au coronavirus. Nous appelons la communauté de recherche à conforter notre hypothèse de travail par des données cliniques, et les décideurs de tous les pays à effectuer des enquêtes approfondies sur la population pour identifier les porteurs de ces mutations, leur donner la priorité dans l’administration des vaccins dès l’approbation de ceux-ci, et entre-temps avertir les porteurs qu’ils sont susceptibles de se trouver dans un groupe à risque élevé face à la maladie et doivent respecter scrupuleusement la distanciation sociale ».
Photos:
1. Le Prof. Noam Shomron (Crédit: avec l’autorisation de l’Université de Tel-Aviv)
2. Le Prof. David Gurevitz (Crédit: avec l’autorisation de l’Université de Tel-Aviv)
3. Guy Shapira (Crédit: avec l’autorisation de l’Université de Tel-Aviv).
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