ROSH HASHANA – Vendredi 18 Septembre 2020 – Yom Chichi 29 Eloul 5780 horaires Ashdod entrée 18 h 23 – sortie 19 h 18
Le premier jour de Rosh HaShana est l’anniversaire de la création d’Adam et d’Eve, l’anniversaire du premier shabbat de l’Univers !!! Mais il est aussi l’anniversaire d’autres personnalités du monde juif ou plutôt l’anniversaire du jour où ces personnalités ont été conçues ainsi le transmet la Tradition juive.
Le premier homme de l’humanité fut créé dit la Torah à la ressemblance de D. il est dit à son propos que sa taille était si élevée que ses pieds étaient sur terre et sa tête dans les nuages.
La guemara – Baba bathra – rapporte que le Rav Béna (בנאה) qui était un amora avait coutume de se rendre sur les tombeaux des Patriarches et, à Hébron il « visita » les tombeaux d’Avraham, puis d’Itshak et de Jacob. Lorsqu’il s’apprêta à « ouvrir » la sépulture d’Adam, une voix céleste s’éleva « tu as déjà vu Jacob et cela suffit Adam est identique » il n’eut donc plus qu’à refermer ce tombeau sans pour autant omettre qu’il avait eu, néanmoins, le temps d’apercevoir les talons d’Adam qui étaient comme des soleils éblouissants !!!!
Les lectures de parasha et d’Haftara des deux jours de Rosh HaShana mettent en relief trois personnalités féminines des plus marquantes : Sara, Rahel et Hana.
Nous savons, pour en avoir disserté les années précédentes, que Sara, épouse d’Abraham, était stérile et qu’HaShem a permis à ce couple d’avoir un fils unique, qui fut celui qui transmit la « dynastie ».
Le premier jour de Rosh HaShana, la lecture de la Torah et la haftara rappellent les difficultés à concevoir et à avoir un enfant mettant en parallèle des personnages tels que Sara et Hana d’une part mais aussi Abraham et Elkana nous le démontrerons un peu plus bas.
Le deuxième jour de Rosh HaShana, le parallèle est construit entre Rahel et la Akedat Itshak.
Les Sages mettent l’accent sur le fait que Sara, Rahel et Hana sont devenues enceintes le jour de Rosh HaShana d’une manière qui n’est pas habituelle mais par Rahamim (Miséricorde) par l’intervention d’HaShem (Tétragramme = youd-ké-vav-ké = Rahamim) alors que si cela avait été fait « naturellement » le texte aurait employé le nom d’Elokim qui est l’équivalent, en valeur numérique de « hatéva » (la nature).
Dans les communautés sefarades, on a l’usage à chaque prière du matin d’évoquer la prière de Hana, tirée des premiers versets du deuxième chapitre du livre de Samuel car ce texte est un exemple de la demande d’une femme qui eut à subir toutes les humiliations et qui a souffert au plus profond d’elle-même et qui élève sa requête de manière désintéressée : HaShem donne moi un fils que je Te dédierai : il ne sera pas pour moi il sera à Ton Service. Lorsqu’elle prie, ses lèvres bougent mais aucun son ne sort de sa bouche. Elle pleure d’humiliation et de souffrance. Pourquoi ? En peu de mots voici son histoire et voici aussi sa récompense :
Elkana était un brave homme habitant Ramatayim (aujourd’hui Hod HaSharon). Il épousa une jeune-fille du nom de Hana. Dix ans plus tard, Hana s’avéra stérile et, comme c’était l’usage, elle conseilla à son époux de prendre une seconde épouse. Il se maria avec Penina. Mais, les choses ne furent pas simples : Penina ne fut pas enceinte jusqu’à ce que s’écoulèrent un peu plus de 9 ans et demi de mariage mais là, elle mit au monde 10 enfants !!!
Le Midrash raconte que « bashamayim » (aux cieux) chaque larme versée, par une femme ou par un enfant qui souffrent, est comptabilisée et, lorsque la « coupe est pleine »[1], la prière est réalisée. Penina aiguisait la peine de Hana en lui faisant voir qu’elle avait 10 enfants….
Hana, en formulant sa demande, pensa profondément à ce que serait sa vie en mettant au monde un enfant qu’elle n’aurait pour elle que le temps de l’allaiter et de le sevrer très tôt pour l’arracher par elle-même de ses bras maternels et le transmettre au service divin. Hana désirait avoir un enfant qui serait le Serviteur de D, qui serait un être d’exception : un prophète.
Cette femme mit au monde d’autres enfants au monde (elle en eut 5 en tout) mais, puisque chaque faute doit être payée en ce monde, A chaque enfant qui naquit à Hana, deux enfants de Penina mourait… Au dernier accouchement de Hana, Penina se confessa et dit : « Hana, à chaque fois que je te mettais en colère à cause des enfants que tu n’avais pas le but était de te faire pleurer pour que la coupe déborde de tes larmes et que tu puisses toi aussi avoir des enfants et voici qu’à chaque enfant que tu mets au monde deux des miens disparaissent je t’en supplie Hana prie pour que les deux enfants qui me restent vivent malgré la naissance de ton enfant ! » Hana pria et les deux derniers enfants de Penina survécurent ! c’est la raison pour laquelle nous psalmodions Akara yalda shiv’a verabat banim oumlala (la femme stérile fait naître 7 enfants et la femme féconde est malheureuse) Hana ayant eu 5 enfants plus deux de Penina qu’elle a sauvés…
Les Sages ont aussi tracé des parallèles entre Abraham et Elkana : en effet, à plusieurs reprises, pour désigner Abraham, le texte de la Torah s’exprime : « HaIsh » et, il en est de même pour Elkana. Par ailleurs, de même qu’Abraham diffusait la foi monothéiste pour convaincre ses congénères d’abandonner l’idolâtrie au bénéfice du monothéisme, Elkana, pour sa part, ayant constaté une défection du public qui ne se présentait plus au temple de Shilo, il convainquait les gens de « monter » avec lui à Shilo et ils les encourageait à revenir au culte ancestral….., les exemples sont nombreux et, de même qu’Abraham n’hésite pas un seul instant à sacrifier son unique fils à l’Eternel, Elkana, laisse faire sa femme et elle consacre son fils aîné (et unique pour l’instant) au service divin…
Si tous les jours, tout au long de la journée, il est recommandé de prier, d’étudier et même de « converser » avec HaShem, pour se confier, avouer notre détresse et nos peines, nos doutes, les Sages recommandent pour Rosh HaShana de ne prier que pour la communauté, le peuple tout entier ! D’ailleurs dans la prière de la Amida récitée depuis l’entrée de Rosh HaShana jusqu’à la fin de Yom Kippour nous demandons à titre global que l’Eternel nous accorde à nous tous en tant qu’entité une longue vie et de la santé ainsi qu’une bonne parnassa…En s’adressant au Créateur en lui demandant de nous juger tous de façon clémente et miséricordieuse, nous nous engageons, en quelque sorte, à réviser notre conduite par amour de la Torah mais aussi par amour du prochain afin de créer une chaîne solide constituée de maillons renforcés par la teshouva pour nous couvrir tous les uns les autres et vivre de longues années à l’ombre des Ailes de la Shekhina….
LA SIGNIFICATION DES BERAKHOTH DE ROSH HASHANA :
A la tombée de la nuit, on aura soin de disposer à l’endroit où la maîtresse/maître de maison allume les bougies/veilleuses/lumières du shabbat/fêtes, deux bougies pour la fête plus éventuellement des bougies consacrées au rappel de la mémoire des disparus plus une bougie de 48h pour l’allumage de cigarettes si la fête ne tombe pas un shabbat ou pour l’allumage du gaz par exemple. Bien entendu, si la fête comporte un shabbat (au début des deux jours) on ne pourra utiliser cette bougie qu’au deuxième jour pour allumer à partir de cette flamme.
Si la fête tombe un mercredi soir, le deuxième soir étant un jeudi soir cela équivaut à dire que la fête se prolonge d’un jour en shabbat auquel cas il conviendra de brancher la plaque électrique dès le début de la fête et préparer également un « érouv tavshiline » qui permettra de cuisiner lez vendredi matin des mets qui seront consommés le shabbat. Voir dans les livres de prières les textes et instructions pour cela.
Les traités de Guemara HORAYOTH et KRITOT Abayé explique en détail ce qui concerne le « SEDER » de Rosh HaShana : il est donc écrit que ce qui est à consommer est : KRAA et ROUBIA et KARTE, SILKA et TEMARE autrement dit : la courge dont le nom est kra et dont le « yehi ratson » demande de déchirer nos ennemis. Les haricots verts (roubia) dont le nom rappelle quelque chose qui se multiplie et pour lesquels nous demanderons que soient multipliés nos mérites. Les poireaux (karté) dont le nom rappelle le mot qui signifie retranchement car nous demandons alors que soient retranchés tous nos ennemis et tous ceux qui nous haïssent. Les blettes/bettes (selek) pour que tous nos ennemis et ceux qui nous haïssent s’esquivent. Les dattes (tamar), pour lesquels nous demandons, aussi, que l’année soit douce.
Où donc figurent la pomme et le miel et la grenade ?
En réalité, ce sont des coutumes. Eretz Israël a été bénie par ses fruits qui sont : Sur le plan des céréales : le blé et l’orge et la vigne, et les figues, et les grenades, les olives et les dattes.
Si l’on y fait attention, tous ces produits de la terre parviennent à maturité à la fin de l’été/début de l’automne (les moissons et les vendanges), au moment où l’humanité va être jugée.
La grenade est ornée d’une sorte de couronne à 6 branches comme un Maguen David et le roi du même nom avait choisi comme emblème de la royauté la moitié de cette couronne ce qui a influencé les artistes de la royauté française en stylisant ces trois pétales en une fleur de lys !!!
Pour Rosh HaShana certains ont ajouté une tête de poisson car comme on le sait le mauvais œil ne « tombe » pas sur les poissons et quant à la tête d’agneau, certains font un rapport avec le souhait d’être en tête et pas en queue mais certains comme Rabbi Moshé Isserlès y voient un rapport tout-à-fait clair avec la ligature d’Isaac.
Il est important de consommer des mets sucrés/doux car la saveur sucrée est rattachée au HESSED (Miséricorde) alors que la saveur aigre/acide ou des aliments forts sont rattachés à la GUEVOURA (rigueur/force).
COMMENT PROCEDER ?
Souvent on agira comme le dicte l’habitude familiale mais, en réalité, il faudrait procéder au Kidoush puis, au lavage des mains, et alors dire le yehi ratson et manger mais, si l’habitude familiale est autre, il faudra donc faire la bénédiction sur les fruits puis goûter un peu, réciter le yéhi ratson et manger alors. En faisant le motsi avant, tous les fruits qui seront goûtés seront inclus dans le birkat hamazone.
SHANA TOVA OU MEVOREKHET OU METOUKA
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Expression connue en français ou l’on met en relief le fait que « la coupe est pleine » et qu’on ne peut plus en supporter davantage.