Est-il possible d’aimer, de créer des liens sans un minimum d’estime de soi ?
Pour la psychologie : Sous l’antiquité les stoïciens et les épicuriens préconisaient l’entrainement a l’écoute de soi et incitaient a la méditation conçue comme un soin psychique. Aristote exhortait a être un bon ami pour soi opposant cette amitié a l’égoïsme, passion désordonnée, funeste conséquence de l’ignorance de notre être véritable.
Rousseau, dans « Emile ou l’éducation »(1762) considère que cet élan vital est un instinct universel, repérables également dans le monde animal. Kant, adepte du rigorisme moral sans compromis, se méfiait de l’amour de soi, susceptible de nous inciter à convoiter la femme et les biens de notre prochain, pour peu que nous décidions qu’ils sont la condition de notre satisfaction. Cette sévérité toute Kantienne a l’utilité de rappeler que des conflits d’intérêts surviennent régulièrement entre l’envie de nous faire plaisir et l’amour du prochain. Quant a Freud il n’arrête pas de marteler que la haine précède l’amour et que la tendresse pour d’autres ne va pas de soi. Cependant le narcissisme est un allie privilégie pour se protéger. C’est comme cela que nomme la psychanalyse cet amour protecteur envers soi même. Il peut comporter un versant pathologique (l’auto centrage qui coupe du réel et des autres) Pourtant le narcissisme constitue un moment clé du développement psychique. Tout d’abord le bébé élit son propre corps comme objet d’amour. Puis il s’en détache pour chercher des centres d’intérêt dans le monde extérieur. Toutefois nous conservons toutes les traces de cet amour narcissique qui e métamorphose avec les années en capacité à veiller sur soi, a se protéger de ce qui sont susceptibles de nous faire du mal. Ce narcissisme est la condition de l’estime de soi qui résulte du jugement que nous portons sur notre personne et de la confiance en soi qui permet de nous affirmer et nous rassurer sur notre capacité a rebondir après un échec. L’amour pour l’autre à le pouvoir de la vie .Certains installent une distance infranchissable, d’autres se jettent dans une relation a corps perdu. La demande d’amour peut paraitre exigeante. Nous demandons de l’autre qu’il nous offre l’amour que nous ne sommes pas capables de nous accorder. Des failles narcissiques trop importantes font douter d’apporter quoi que ce soit d’intéressant. Toute fois, la vie nous prouve régulièrement que même parti sur des bases bancales, un amour peut résister aux tentatives de destruction les plus pernicieuses.
Pour le judaïsme : Nous sommes rentres dans le mois d’Elloul propice a la remise en question sur soi et sur son rapport aux autres et bien sur notre lien avec le Créateur. Hillel disait aime ton prochain comme toi-même c’est à dire ne fais pas a autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse .Et le prochain le plus proche est bien sur son conjoint .Voici la clé essentielle du shalom bait ! Et ne dit on pas que la présence divine ne réside pas dans un foyer ou il n’y a pas de chalom bait. Au delà de la moralité et du respect pour autrui aimer comme un juif c’est reconnaitre, admettre ,apprécier ,comprendre , considérer qu’il y a dans chacun de nous une parcelle divine en tout être .Et savoir que notre interaction positive avec cet être révélera ce potentiel et fera de cette chose un relais du divin au bénéfice de tous, contribuant ainsi le monde a l’avènement messianique.
Le Rabbi Its’hak de Berditchev écrit : «Celui qui ne possède pas cette vertu de voir toujours le bien et la droiture chez un juif, et que tous les juifs soient toujours admirables a ses yeux, et sil na pas la qualité de toujours juger favorablement son frère juif, il saura avec certitude qu’il ne pourra pas se mettre au service du Créateur. Un homme peut baigner toute la journée dans l’étude de la Thora, prier chaque matin au Nets, mettre plusieurs paires de tephilines chaque jour, se tremper au mikve matin et soir, achever chaque jour la lecture des tehilim, respecter les shabbatot et jours de fête, être très scrupuleux dans le respect de la Halakha etc.…Mais s’il na pas fait l’effort d’acquérir le niveau de l’amour du prochain avec toutes ses implications, il saura qu’il lui manque l’essentiel :l’Ahavat Israel. Et puisque la Ahavat Israel est la chose la plus importante et la plus élevée qu’il soit le mauvais penchant s’investie de toutes ses forces dans ce domaines. Il est content que Lhomme se consacre à l’étude pourvu qu’il laisse de cote l’Ahavat Israel… » N’oublions pas que le deuxième beit a Michdach a été détruit a cause de la haine gratuite et n’est toujours pas reconstruis bientôt avec la grâce de D !(alors que le premier fut reconstruis au bout de 70 ans !) Inspirons nous du Rav Kook dont on a fête l’anniversaire de sa disparition cette semaine qui gardait sa porte ouverte jour et nuit pour recevoir ses frères et qui signait ses lettres comme ceci : « Le serviteur du peuple D’Israel » ! Bonnes et éclairantes fêtes de Tichri !
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Hanna Lachkar Haddad
Psychologue, psychothérapeute.
Enfants, adolescents et adultes.
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