PARASHAT HOUKAT 5780 – Shabbat du 27 juin 2020 – horaires Ashdod entrée 19 h 30 – sortie 20 h 34
LA LOI EST DURE MAIS C’EST LA LOI
Il existe dans la Torah trois sortes de lois :
1 – les Edoth (עדות) dont le nom vient du mot Ed ou témoin[1]qui sont des lois que l’on pourrait qualifier de témoignages il s’agit des lois concernant le shabbat, pessah, souccoth.
2 – Les Houkim (חוקים) ce sont des statuts dirons-nous ou des lois que l’esprit humain ne peut comprendre car les raisons en paraissent irrationnelles voire même parfois illogiques mais qu’il faut accepter et observer comme par exemple : ne pas consommer de porc ou ne pas tisser ensemble des fibres de lin et de laine, les dispositions du lévirat, le propos du bouc émissaire ou encore comme c’est le sujet de cette péricope la vache rousse.
3 – Les Mishpatim (משפטים) ce sont des lois qui satisfont l’intellect car, leur objet est clair et peut être saisi parfaitement comme le vol, le meurtre et il s’agit ici de lois qui, si elles n’avaient point été promulguées, il eût fallu les imposer tant elles sont logiques.
Dans cette sidra, l’on traite plus particulièrement de la vache rousse. Cette vache sur laquelle tous les exégètes ont disserté en envisageant tous les aspects philosophiques, ésotériques mais qu’il est difficile à l’esprit humain de comprendre comment est conçue cette loi.
En effet, le pelage de cette bête doit être roux sans aucun autre poil d’une autre couleur mêlée. Du Mont Sinaï jusqu’à la destruction du deuxième temple de Jérusalem ont été « utilisées » 9 vaches rousses la 10ème sera la dernière et celle que le Mashiah sacrifiera pour purifier tout ce qui devra l’être.
Mais comment comprendre le fait que cette vache, dont les cendres seront utilisées pour purifier ce qui est impur, rendra elle-même impur le cohen qui devra la sacrifier ? Comment comprendre qu’il est interdit de porter un vêtement confectionné de lin et laine tissés ensemble alors que les tsitsioth comportent les deux fibres ? Comment comprendre qu’un homme ne peut avoir de rapports intimes avec sa belle-sœur mais, si le frère meurt sans descendance cette même belle-sœur lui devient permise ?
HaShem dans deux versets différents statue sur les mêmes mots mais dans un ordre différent :voir Lévitique XVIII, 4 et Lévitique XXV, 18 :
אֶת-מִשְׁפָּטַי תַּעֲשׂוּ וְאֶת-חֻקֹּתַי תִּשְׁמְרוּ, לָלֶכֶת בָּהֶם: אֲנִי, יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם.
C’est à mes statuts que vous devez obéir, ce sont mes lois que vous respecterez dans votre conduite: c’est moi, l’Éternel, qui suis votre Dieu.
וַעֲשִׂיתֶם, אֶת-חֻקֹּתַי, וְאֶת-מִשְׁפָּטַי תִּשְׁמְרוּ, וַעֲשִׂיתֶם אֹתָם–וִישַׁבְתֶּם עַל-הָאָרֶץ, לָבֶטַח.
Exécutez mes édits, observez et pratiquez mes lois, et vous demeurerez dans le pays en sécurité.
Rashi voit une nuance dans ces dispositions prises dans la loi et dans l’ordre dans lequel elles doivent être appliquées c’est-à-dire, enseigne le Sage de Troyes, que dans le premier de ces deux versets, l’accent est mis sur les « mishpatim » sur l’établissement de la justice entre les différentes couches sociales du peuple puis, à l’observance des « houkim » ou statuts/décrets sur lesquels l’Eternel a, en quelque sorte, apposé Son sceau par les mots : « ani HaShem Elokéykhem » Je suis l’Eternel votre D….
Dans le deuxième de ces deux versets, l’importance est à accorder aux statuts divins, ceci sous-entend, en conséquence, le faitd’obéir à des ordonnances absolument irrévocables, indiscutables, qui ont été promulguées pour des raisons que Seul HaShem comprend.
L’observance des lois et des décrets doit apporter au peuple l’assurance de résider dans le pays, en paix, en sécurité, avec une abondance hors normes, des conditions de vie optimales.
Ainsi qu’auparavant, les années précédentes, nous avons déjà abordé le sujet, en arrivant au pied du mont Sinaï, la « faute d’Adam » (Adam HaRishon) aurait dû être rachetée et pardonnée. Cependant, en ce même lieu, les enfants d’Israël ont fauté une fois de plus avec la faute du veau d’or.
Les Sages définissent ces deux fautes comme étant des « erreurs de calcul » חטא של חשבון ou erreur de supputation : en désirant parfaire et même en désirant se dépasser eux-mêmes dans leur obéissance aux consignes divines, ils ont voulu trop en faire et sont « tombés »… Certains commentaires désirant donner du crédit aux fauteurs sont arrivés à interpréter le fait que ne voyant pas Moshé Rabbénou redescendre du Mont Sinaï, pris soudain d’une frénésie, de zèle, oubliant les « voix » qu’ils ont vues, oubliant les prodiges divins miraculeux qui les ont accompagnés tout au long de l’exécution des 10 plaies, de la sortie d’Egypte, de la traversée de la Mer des Joncs, et toutes ces preuves de sollicitude divine pour Son peuple, avec des conditions de confort incroyables, des miracles de chaque instant se renouvelant 40 années durant, ce peuple a encore fait une erreur de supputation et a entrepris l’élaboration de ce veau.
Rashi, à propos de la vache rousse, écrit : Elle (la vache rousse) viendra nettoyer les « saletés » de son fils (le veau d’or).
En termes plus clairs : de même que le sacrifice de l’agneau à la veille de Pessah vient, entre autres, pour démystifier le culte idolâtre égyptien rendu aux agneaux, de même, pourrait-on dire, la vache rousse sacrifiée pour purifier le peuple de son impureté vient détruire l’image du veau érigé au pied du Sinaï.
Pendant la période qui précède rosh hodesh adar de rosh hodesh nissan, nous lisons lors des 4 shabbatot de ce mois 4 extraits de la Torah qui rappellent des statuts importants : il y a ainsi : le shabbat shekalim (institution du mahatsithhashekel), shabbat zakhor (commémorant l’attaque d’Amalek dans le désert), shabbat para (vache rousse) et shabbat hahodesh (annonçant l’arrivée du mois de nissan avec la commémoration de l’inauguration du mishkan). Ces 4 parashot correspondent aux 4 parashot disposées dans les boîtiers de tefiline.
Dans la sidra précédente justement, celle de Korah, qui voulut démontrer sa sagesse par rapport à celle de ses cousins Aharon et Moïse qu’il soupçonnait de manipuler le peuple sans comprendre que SEUL le Créateur était l’auteur des lois contenues dans la Torah, un exemple peut être relevé : il est indiqué que dans les tsitsioth il doit y avoir un fil d’azur (petiltekheleth » et, donc, il pose la question de savoir si un talith et ses tsitsioth était entièrement d’azur s’il n’était pas mieux qu’avec un seul fil d’azur ? La réponse est la suivante : le fil d’azur est fait pour rappeler la progression qui existe entre le bleu de la mer (au niveau humain), le bleu du ciel (niveau des anges) et le bleu céleste du KisséHaKavod (Trône divin)…. En ne démarquant point de différence, il n’y a pas d’élévation spirituelle.
Les tefiline rappellent à l’homme son appartenance au peuple juif tous les jours mais pas le shabbat. Le Talith avec les tsitsioth rappellent à l’homme son appartenance au peuple juif et grâce à la vue des tsitsioth cela lui rappelle qu’il est astreint à l’observance des « commandements » divins.
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Ne pas confondre avec le traité de Mishna qui s’intitule « Edouyoth » qui est le 7ème traité du « seder nezikin ».