PARASHAT KORAH 5780- Shabbat du 20 juin 2020 – horaires Ashdod entrée 19 h 29 – sortie 20 h 33
SE SUR ESTIMER
La plupart des Exégètes bibliques sont d’accord pour accorder à Korah, (Coré en français), la même importance qu’à Aharon le Grand-Prêtre ! Le Ari zal attire notre attention sur le fait que dans le verset des Psaumes (92, 13): צדיק כתמר יפרח Le juste fleurira comme le palmier, les dernières lettres des trois premiers mots de ce verset forment le nom de Korah pour signifier que virtuellement et malgré les apparences, il s’agissait d’un tsadik, d’un juste. En ce cas, pour quelles raisons la mishna d’Avoth consacre-t-elle une mishna complète selon laquelle, juste avant que ne commence le premier shabbat de l’humanité, HaShem a-t-IL créé dix choses bien spécifiques telles la « bouche » de l’ânesse[1] ou la « bouche » de la terre[2] ?
Selon le grand Sage que fut le Ari HaKadosh[3], c’est parce que malgré tout ce qui est à reprocher à Korah avec entre autres sa propension à se croire supérieur aux autres, cet homme appartenant à la tribu des Lévi, aura une chance de corriger sa faute.
Rashi pose souvent la question de savoir pourquoi une sidra est à tel endroit plutôt qu’à un autre. En effet, son interrogation est de bon aloi mais elle concerne trois parashoth : pourquoi la sidra dans laquelle est évoquée la faute de Myriam est-elle suivie de celle des explorateurs et pourquoi celle-ci est-elle suivie de celle de Korah. Le célèbre exégète de Troyes expose ainsi sa théorie : la faute de la prophétesse et la punition qu’elle encourut, ne servit point de leçon aux envoyés de Moïse en Terre de Canaân et, les dix hommes qui étaient priés de rendre un rapport fidèle de leur mission n’en ont fait qu’un compte-rendu mensonger et alarmiste et la peine encourue fut la mort s’échelonnant sur ans de toute cette assemblée qui exacerba la patience d’HaShem à dix reprises depuis la sortie d’Egypte.
Mais, pourquoi Korah fait-il suite aux explorateurs ? Dans les parashoth précédentes, nous dit Rashi, il est question aussi du prélèvement de la Hala, du Talith, et, d’une part la hafrashat hala est une façon de corriger des fautes, pas forcément commises par nous-mêmes, comme la âvoda zara (idolâtrie/culte étranger). Quant au Talith, il a la faculté d’envelopper l’homme tout entier pour lui rappeler qu’il est soumis aux lois divines.
Ce qui conduit à Korah c’est son manque d’humilité et sa suffisance : étant cousin de Moïse et Aharon, il pense que lui aussi pourrait s’acquitter honorablement des tâches imposées par la prêtrise en « omettant » le fait qu’ils ne se sont pas désignés eux-mêmes mais qu’ils ont bien été nommés et chargés de cette mission.
Si Korah avait été doté d’un embryon de sagesse, il eût pu comprendre que dans ce monde, chacun a un rôle sur terre à accomplir du mieux possible pour que l’univers fonctionne au mieux et célébrer la gloire divine : ainsi, le soleil a-t-il pris ses fonctions depuis son entrée en fonction sans en rien changer, de même la lune, les planètes et les étoiles.
Cependant, il est à souligner que dans cette section, force est de constater que, Moïse se prosterne, face contre terre pour demander pardon et grâce pour les fauteurs de trouble. Moïse et Aharon interviennent de manière Abrahamique auprès d’HaShem pour tenter de calmer Sa colère et d’éviter un désastre….
LE RÔLE DES FEMMES :
Dans ce groupe formé et excité par la grande démagogie utilisée par Korah, Datan et Aviram, les 250 hommes rassemblés risquent leur vie. La femme de Korah exacerbe les sentiments de son mari en l’encourageant à aller de l’avant, à poursuivre ses enjeux.
Au contraire, avec sagesse et douceur, la femme de On ben Peleth, convainc son époux avec brio du fait qu’il était beaucoup plus « sain » de ne pas se mêler à cette querelle et de se retirer. Ce conseil lui assura une vie sauve au contraire de Coré qui poursuivit ses objectifs et fut puni de mort.
2 EME ROUND :
Le culte comprend à deux reprises chaque jour de faire brûler de l’encens. Ces aromates et parfums possèdent une valeur cabalistique très puissante. L’une des facultés est de pouvoir arrêter la mortalité causée par une épidémie. Sitôt après que la terre s’entrouvrit pour engloutir cette assemblée de révoltés, eux et leurs maisons, la mort commença à faire des ravages dans les rangs du peuple. Moïse ordonna alors à Aharon de circuler au sein du peuple pour sauver les gens.
3 EME ET DERNIER ROUND :
Toutes les preuves du fait que Moïse et Aharon furent investis de leurs fonctions par HaShem ne suffirent point : ni le fait que 250 personnes aient été englouties, ni le fait que deux cent cinquante personnes avec leurs encensoirs aient été brûlés prouvant bien que seuls ceux élus par HaShem étaient ceux qui devaient officier……
Intervint HaShem et ordonna d’entreposer une nuit dans la tente un bâton par tribu de manière à bien rendre publique et officielle aux yeux de tous la nomination du Grand Prêtre.
Chacun des responsables de tribu se munit d’un bâton sur lequel Moïse grava le nom de chaque tribu.
La nuit passée le seul bâton qui avait fleuri fut celui d’Aharon. En une nuit, ce bâton s’était non seulement paré de feuilles d’amandier mais aussi de fleurs et de fruits mûrs !
La terre avait ouvert sa « bouche » pour engloutir les fauteurs de trouble mais les bouches de chaque membre du peuple furent bouclées devant la consécration officielle et péremptoire de ceux qui devaient continuer à diriger le peuple.
Cette péricope met en relief le fait que l’orgueil, l’arrogance, la colère sont mauvaises conseillères et qu’aucune n’arrive à concurrencer l’humilité.
La sévérité avec laquelle toute cette affaire fut traitée reste un sujet d’interrogation car les enfants furent entraînés dans la mort avec leurs géniteurs et tous les biens matériels (il est à souligner que Coré possédait une fortune colossale) tout comme le furent ceux qui vécurent au moment de la génération de la scission (Dor haplaga ou génération de la Tourde Babel). Ou plus tard lorsqu’HaShem demandera au roi Saül de passer au fil de l’épéetout être vivant (homme ou animal) et que tous les biens soient brûlés de manière à extirper le mal (quelle qu’en soit son origine).
Caroline Elishéva REBOUH
[1] Allusion à l’ânesse de Bil’âm qui va accuser son maître – dans deux semaines dans la parashat Balak.
[2] Pour engloutir Korah et son assemblée.
[3] Dans son « sefer ha-guilgoulim ».