PARASHAT EMOR 5780– Shabbat du 08 mai 2020 – horaires entrée 19 h 06 – sortie 20 h 07
LES DEVOIRS DES COHANIM
Toutes ces sidroth comprennent un nombre considérable de mitsvot à accomplir par tous mais certaines ne sont à accomplir que par une partie du peuple tels les agriculteurs et d’autres ne sont applicables que par les Cohanim qui sont les seuls à être autorisés à pénétrer dans le Saint des Saints, sous certaines conditions et uniquement pour des « convocations » saintes.
Nous avons vu les différences existant dans les vêtements sacerdotaux du Cohen Hédioth (simple) et du Cohen Gadol. Mais, ce n’est pas tout !!!
La Torah, en dehors des lois sur les sacrifices, les lois sur la menorah et tout ce qui se rapporte au culte donne des instructions sur quelle femme est permise à un cohen, ce qu’un cohen peut et doit manger et aussi…. Lorsque survient un malheur familial comment le cohen devra-t-il se comporter. Les lois sont claires, pourtant, parfois, on ne peut tellement comprendre certaines dispositions.
La parashat Emor commence par les règles du deuil pour un Cohen. Alors, il faut peut-être rappeler qui est Cohen en règle générale et qui est Cohen Gadol. Un Cohen, est un homme né dans la tribu de Lévy et descendant de la famille d’Aharon qui est attaché à l’exercice du culte au Temple, à recevoir et faire les sacrifices, à reconnaître les atteintes physiques ou autres, présenter les offrandes et également transmettre au peuple la bénédiction de l’Eternel. Un Cohen peut être reconnu comme Cohen dès qu’il est pubère mais il n’est, en général, reconnu apte au service que lorsqu’il est âgé de 20 ans.
De manière à préserver la pureté, un Cohen ne peut se marier qu’avec une vierge[1] suivant le verset qui énonce : (Lévitique XXI, 7) :
אִשָּׁה זֹנָה וַחֲלָלָה לֹא יִקָּחוּ, וְאִשָּׁה גְּרוּשָׁה מֵאִישָׁהּ לֹא יִקָּחוּ: כִּי-קָדֹשׁ הוּא, לֵאלֹהקיו
Une femme prostituée ou déshonorée, ils ne l’épouseront point; une femme répudiée par son mari, ils ne l’épouseront point: car le pontife est consacré à son Dieu.
Les 5 premières lettres des 5 premiers mots du verset ci-dessus ont été mises en relief dans un but spécifique car elles forment un nom connu : Azoulay. En effet, lorsqu’un Cohen désirait épouser une femme veuve ou divorcée qui lui est interdite car il lui serait impossible d’exercer son ministère, on supprimait de son nom le titre de Cohen et on le remplaçait en Afrique du Nord par le nom de Azoulay ou de Allal/Hallal et, sous d’autres cieux on les appelaient autrement. Lorsque le nom du Cohen était composé de deux noms : Cohen Solal ou Cohen Haddad ils perdaient seulement le premier nom (Cohen) et se faisaient appeler seulement du deuxième patronyme. Ceci n’étaient des dispositions qui existaient dans le passé.
Le Cohen ne peut donc épouser ni une convertie, ni une veuve ni une divorcée. Quoiqu’un cohen hédioth pourrait, éventuellement, épouser une veuve.
Les enfants nés d’union non reconnue, seront « déchus » hallalim et ils ne pourront jamais prendre la place d’un cohen.
Lorsque quelqu’un décède parmi les proches du Cohen, s’il s’agit du Cohen hédioth, par « proches » ne sont reconnues que 7 personnes : les parents (père et mère), l’épouse, les frères et sœurs (sœur célibataire) et les fils ou filles (célibataires).
C’est justement dans ce domaine que de grands sages des époques précédentes (comme Ibn Ezra[2] par exemple) ou des époques plus récentes (comme le Rav Sorotskine[3]) se sont questionnés au sujet de l’énoncé de l’interdit de se mettre en situation d’impureté. En effet, pour le cohen hédioth sont inscrits dans cet ordre : la mère et le père alors que lorsqu’il est question du cohen gadol il est question du père, et de la mère. Sachant que rien n’est écrit au hasard et que chaque lettre compte, nous voyons dans l’enseignement de ces deux grands exégètes de quoi tirer des leçons.
En effet, lorsqu’il s’agit d’un simple cohen qui vivait dans la communauté, écrit le Rav Sorotskine, dans Oznayim la Torah, en faisant référence au premier verset de la sidra Tazriya, il est évident qu’un lien privilégié est tissé dès sa conception entre la mère et le fils. Aussi, lors du décès de la mère, le fils sera plus affecté car l’amour filial du fils est pour la mère tout comme celui de la fille va au père.
En ce cas quelle différence y a-t-il entre un Cohen Gadol et un Cohen hédioth ? Le cohen Gadol ressentirait-il moins d’affection pour sa mère puisque le père est cité en premier lieu ? Et c’est en ceci que les exégètes sont étonnants….
Lorsque le peuple est entré en Canaan et en a pris possession, HaShem a donné l’ordre de construire des villes de refuge qui devaient pouvoir accueillir des personnes soupçonnées de meurtre ou qui avaient perpétré un acte répréhensible visiblement. Les personnes purgeaient leur peine en quelque sorte en restant dans ces villes jusqu’à la mort du Cohen Gadol en exercice. Les mères des Cohanim Guedolim savaient pertinemment que tous ces gens réfugiés priaient discrètement mais fermement pour souhaiter la mort prochaine du Cohen Gadol en exercice afin qu’ils pussent s’échapper et reprendre une vie normale !!! Aussi, les mères des Grands-Prêtres avaient-elles coutume de distribuer de la nourriture, des gâteries, des vêtements aux réfugiés qui devraient alors penser que rien ne leur manque et cesser de prier pour la mort du Cohen Gadol !!! C’est ce qu’Abraham Ibn Ezra soutient en s’appuyant sur le traité de guemara Makoth. Ainsi, les actes de hessed faits par ces mères entraînaient une longévité notoire aux mères de grands prêtres.
Dans le midrash rabba est citée une femme exceptionnelle : « La Kimehite ». Cette femme était issue d’une puissante famille et elle eut le sort enviable de donner naissance à 7 fils lesquels eurent tous le mérite d’être chacun à son tour Grand Prêtre….
Quelqu’un lui posa la question de savoir si elle connaissait la raison de cette « chance » elle répondit que cela venait, d’après elle, du fait que jamais les poutres de son logis n’avaient pu « voir » un seul cheveu de sa tête.
Le Zohar rapporte qu’une femme qui se conduit et se vêt selon les règles de « tseniouth » (pudeur/modestie) attire des bénédictions sans fin sur son foyer et donc sur son mari et ses enfants.
Il est de notoriété que l’être humain est faible devant toutes les tentations devant lequel il est confronté à chaque instant dans la vie de tous les jours.
Aussi, grande est-elle la récompense de la femme qui empêchera l’homme de tomber dans un piège grossier de tentation inutile.
Caroline Elishéva REBOUH
[1] Etant donné qu’il pourrait être difficile de trouver une « vierge » en âge correspondant à celui d’un cohen vieillissant, une femme célibataire même si elle n’est pas vierge pourrait épouser un cohen veuf par exemple.
[2]Abraham Ibn Ezra1089 né à Tudela en Navarre espagnole -1167 enseveli à Safed Philosophe, grammairien, mathématicien, astrologue, poète espagnol.
[3]Zalman Sorotskine 1881 en Lituanie-1966 Jérusalem Rav et auteur du fameux « Oznaim la Torah ».