Nous allons rapporter quelques citations de nos rabbins séfarades et ashkénazes sur l’importance de Yom Ha’atsmaout (nous nous excusons pas avance pour la longueur de ces deux prochaines halakhot, mais le sujet est tellement vaste, méconnu et passionnant que nous nous sommes permis exceptionnellement de dépasser le quota habituel).
Dans le monde séfarade
Les rabbins séfarades ont tous vu la création de l’Etat d’Israël de façon très positive. Ils fêtaient le jour de Yom Ha’atsmaout avec beaucoup de joie et la plupart ont considéré l’Etat d’Israël comme le début de la délivrance annoncée par les prophètes.
Le Rav Ovadia Yossef
Le Rav Ovadia Yossef, ancien Grand Rabbin d’Israël déclare (Kovets Torah chébeal pé vol. 16, 5734 page 19) : “Je voudrais préciser que l’Etat d’Israël et l’indépendance du gouvernement du Peuple d’Israël en Terre Sainte est un événement historique et religieux de la première importance. Apres 2000 ans d’exil, d’errance de notre peuple poursuivi par les peuples étrangers, nous avons eu le mérite de revenir sur notre terre sous un état souverain indépendant : l’Etat d’Israël. Cet Etat permet à nos frères exilés à travers le monde de venir s’installer dans notre Terre Sainte, de construire le pays et de se construire eux-même, sans limite. « Qui sont ceux-ci, qui volent comme une nuée, comme des colombes vers leurs colombiers ? Tes fils arrivent de loin, avec tes filles qu’on porte sur les bras » (Isaïe chapitre 60 verset 4 et 8). L’Etat d’Israël est aujourd’hui le centre de la Thora dans le monde entier. «
Il déclare également dans son Responsa (Yabi’a Omer, 6, 41, 5) : « De nombreux et importants rabbins voient la création de l’Etat d’Israël comme étant le début de la gueoula,” comme il est écrit dans le Talmud de Jérusalem : Rabbi H’iya et Rabbi Shimon fils de H’alafta se promenaient avant l’aube, ils virent alors l’étoile du matin percer la nuit noire par une faible lueur.
Rabbi H’iya dit à Rabbi Shimon la gueoula d’Israël se comporte de la même façon que cette étoile, au début sa lumière est faible, plus elle avance plus elle nous éclaire car il est écrit lorsque je suis dans l’obscurité D.ieu est ma lumière.
De même il est écrit dans le traité Meguila (page 17a) « la guerre fait partie aussi du début de la gueoula ».
Et le Gaon Rav Moshé Kacher ramène dans son livre “Hatekoufa haguedola” (page 374-378) un manifeste dans lequel presque tous les grands de la génération ont signé, qualifiant la création de l’Etat d’Israël comme étant le début de la Gueoula”.
Le Rav Yossef Messas
Le Rav Yossef Messas, ancien Grand Rabbin de Tlemcen (Algérie) et de Haïfa considérait l’Etat d’Israël comme une Sainteté [medinatenou hakedoucha].
Il a composé plusieurs poèmes en faveur de l’Etat d’Israël et de son armée et s’est exprimé dans son Responsa de façon très positive ; ainsi lorsque quelqu’un lui posa une question concernant certaines personnes qui récitent les supplications le jour de Yom Ha’atsmaout (passage de la prière lu d’un coeur contrit, qui n’est pas lu les jours de fête) , il répondit de manière claire (Otsar Hamih’tavim volume 3 réponse 1769) : « Tu n’as pas besoin de te tracasser la tête avec ces sujets. Tu es un juif Séfarade ? Alors fais ce que nous faisons ! Nous fêtons Yom Ha’atsmaout comme un jour de fête [Yom Tov] : nous récitons le Hallel, nous mangeons, buvons et nous nous réjouissons ».
Le Rav Shalom Messas
Le Rav Shalom Messas, ancien Grand Rabbin du Maroc et de Jérusalem, donne son approbation à un livre de prière destiné à Yom Ha’atsmaout (Beth Melouh’a) et s’exprime ainsi : « Bien que les paroles de géants de la Torah (le Rav Ouziel et le Rav Hertzog) n’ont pas besoins d’être renforcées et qui viendrait contredire ces rois magnifiques qui ont déjà ordonné et institué (la lecture du Hallel) pour toutes les générations (à Yom Ha’atsmaout) ? Qui est-ce qui pourrait être à ce point non reconnaissant envers D.ieu qui nous a permis de voir des choses auxquelles on n’osait même pas rêver. Il nous a permis de voir le renouvellement d’un gouvernement juif, la multiplicité de grandes yechivot ainsi que la progression de la religion de jour en jour… »
Baba Sale
Le Mekoubal Baba Sale ne cessait de prier pour la réussite de nos soldats. Il conseillait certains élèves de Yechiva d’aller à l’armée qui à ses yeux représentait une des plus grandes mitsvot (défendre le peuple juif).
Il est également allé sur la tombe de David Ben Gourion et a dit qu’il avait fait de très bonnes choses pour le Peuple mais que dans sa vie personnelle il avait fait des péchés. Il a fait tout son tikoun [réparation de ses mauvaises actions]. Il s’exprimait également ainsi : “Comment ne pas remercier D.ieu ! Alors que lorsqu’on était en exil les arabes nous dominaient et pouvaient faire de nous ce qu’ils voulaient ! Aujourd’hui, nous sommes en Israël et c’est nous qui les dominons!”.
Le Rav Meir Mazouz
Le Rav Meir Mazouz, Roch Yechiva de « Kissé Rahamim« , nous enseigne une allusion au jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël : dans le livre de Daniel (chapitre 12) il y est écrit au début « En ce temps-là, Mikhaël, le Prince Supérieur, qui a mission de protéger les enfants de ton peuple, sera à son poste ; et ce sera un temps de détresse (souffrance) tel qu’on n’en aura pas vu depuis qu’existent des nations jusque-là ».
Le Rav Mazouz explique que cette souffrance correspond à la Shoah. Il est écrit dans le dernier verset de ce chapitre « Heureux celui qui attendra avec confiance et verra la fin de 1335 ! ».
La Shoah s’est terminée durant l’année 5705. Cependant, dans les cieux tout est décrété à Roch Hachana.
- Année 5705 : année simple 355 jours
- Année 5706 : année embolismique 383 jours
- Année 5707 : année simple 354 jours
- Année 5708 : jusqu’à la fin du 2ème mois d’Adar : 208
- Mois de Nissan + 5 jours : 35 jours
De Roch Hachana 5705 jusqu’au 5 Iyar 5708 (jour de l’indépendance de l’Etat d’Israël), il y eut exactement 1335 jours !
Dans le monde Ashkénaze
Parmi les sommités du monde religieux ashkénaze, certains sont connus pour leur soutien sans faille au processus sioniste en marche : parmi ces rabbins le Rav Tsvi Yehouda Kook, le Rav Itsh’ak Hertzog, le Rav Tsvi Pessah Frank, le Rav Yaacov H’arlap, le Rav Mechoulam Roth et le Rav Menah’em Mendel Kacher pour ne citer que eux.
Mais que pensent les principaux Rabbins du courant orthodoxe lituanien [‘haredi] ?
Le Rav Yossef Eliashiv, ancien chef spirituel du courant orthodoxe ashkénaze s’exprime ainsi lorsque quelqu’un lui demanda son avis à propos du hallel de Yom Ha’atsmaout : « Si tu ressens vraiment de la joie, tu peux dire le Hallel » (Afiké banégév page 103).
Le Rav Yossef Kéanman, fondateur de la yeshiva de Poniovitch (une des plus grandes et importantes yeshiva de Bné Brak), avait pour coutume de mettre le drapeau d’Israël sur le toi de la yeshiva à l’occasion de Yom Ha’atsmaout.
Bien qu’il déclara à plusieurs reprises que le début de la gueoula avait commencé, il déclarait également se comporter comme Ben Gourion en ce jour : il ne faisait ni le Hallel ni les supplications [tahanounim]!
Le Rav Shlomo Zelman Auerbah’, ancien Rosh Yechiva de la Yeshiva Kol Torah, avait l’habitude de ne pas réciter les supplications le jour de Yom Ha’atsmaout. Concernant le fait de réciter le Hallel en ce jour, il déclara qu’il y en a qui le recitent et d’autres non, mais que dans les deux cas chacun avait sur qui s’appuyer. Il est rapporté en son nom (yésoupar lédor) qu’il ne comprenait pas pourquoi certains parcourraient des kilomètres pour aller prier sur les tombeaux des tsadikim [justes] alors qu’à Jérusalem au cimetière du mont Herzl il y avait des soldats saints qui sont morts pour la sanctification du nom de D.ieu.
Le Rav Shlomo Yossef Zavin, rédacteur de l’encyclopédie talmudique s’exprimait de la façon suivante (léor haalah’a hamilh’ama page 56) : « Nous avons mérité de voir de nos jours l’Etat d’Israël indépendant , libre de joug des nations et de l’asservissement de l’exil. » Pour cela il écrit également (mah’anayim 6 guillione 25) que nous avons l’obligation de réciter le Hallel, de manger un repas en l’honneur de Yom Ha’atsmaout ainsi que de se réjouir.
Bien qu’il subsiste quelques divergences à propos de détails liturgiques (récitation du Hallel avec ou sans bénédiction…), il est clair que l’immense majorité des grands Rabbanim, Sépharades ou Ashkénazes, sionistes ou non, voient dans Yom Ha’atsmaout le début de la délivrance, un jour qu’il faut fêter dans la joie et la reconnaissance envers D.ieu.
Caroline Elisheva Rebouh
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov