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PARASHAT KI TISSAShabbat du 14-03-2020 -Horaires Ashdod 17 h 28–18 h 26

LA KETORET  (L’ENCENS) ET SES POUVOIRS

Dans  chaque paracha, il est question d’un ou plusieurs sujets et, au cours de la précédente sidra (Tetsavéh), il a été question des vêtements du Cohen mais aussi de l’offrande quotidienne de l’encens qui, avec l’huile d’olives sont un délice pour le Saint Béni soit-IL.

Cette semaine et la semaine prochaine, la Tora traitera encore de l’encens.

L’Eternel, de tous les sacrifices apportés au Temple, Se délecte des parfums de l’encens brûlé deux fois par jour et de l’offrande de l’huile d’olives…

Avant d’aller plus avant dans notre étude et de manière à permettre une meilleure compréhension de ce qui suit, il convient de définir les différentes « classes » de fautes. Effectivement, s’il existe une liste infinie de façons de contrevenir à la Loi, il n’existe que deux classes de « pêchés » ceux commis entre l’homme et le Créateur et ceux de l’homme vis-à-vis de son prochain.

La faute du veau d’or est une faute de l’homme vis-à-vis de son Créateur.

La vente de Joseph par ses frères est une faute de l’homme envers son prochain.

L’ensemble du peuple souffre à cause des délits causés par l’ensemble du peuple car s’il existe une responsabilité individuelle il faut comprendre que chacun est responsable de la collectivité. Il est exact que chaque être possède un libre-arbitre mais il n’empêche que les décisions prises par ce libre-arbitre débouchent sur des comportements qui engagent la collectivité. Ainsi, si l’on voit quelqu’un agissant de manière à contrevenir à la loi, il est du devoir de celui qui voit d’en faire (diplomatiquement) la remarque.

HaShem est par définition infiniment bon et IL pardonne nos fautes lesquelles restent marquées pour mémoire. Certaines fautes « capitales » restent présentes et gravées (au-dessus de nous). Le peuple juif a été exilé et opprimé surtout à 4 périodes à causes de 4 grosses fautes. Le AlshikhhaKadosh[1] en s’appuyant sur leexte de la Guemara (Baba Kama),  évoque 4 fautes qui sont en rapport avec 4 sortes d’exil qui ont entraîné 4 chefs de dommages:

L’Exil de Babylone illustré comme étant le « taureau » correspondant à la faute de veau d’or.

L’exil de Médie (Maday) illustré par la  » le puits » dans lequel a été détenu Joseph avant d’être vendu aux Egyptiens

L’ « exil » de  Grèce correspondant à la faute de « hamav’é »

L’exil d’Edom illustré par « habe’er » (le brûleur) illustrant le fait que les Romains ont détruit le Temple en le brûlant et correspondant à la faute des explorateurs qui se lamentèrent sur quelque chose qui aurait dû les enchanter[2].

Tous ces peuples vers lesquels les Juifs se sont tournés lors des différents exils, n’avaient que deux possibilités de se débarrasser de ce peuple juif : soit en les tuant (en les enterrant) soit en les « honorant ».

La première s’est révélée inefficace : tous ceux qui ont voulu se débarrasser des Juifs en les tuant, en les brûlant n’ont jamais réussi à s’en débarrasser entièrement la preuve : la « solution finale »  des nazis (de mémoire maudite) n’a pas réussi ni les espagnols de l’inquisition … En revanche, en voulant « honorer » les Juifs et en leur permettant d’accéder à des postes honorifiques, les Juifs se sont sentis si honorés qu’ils en oublièrent leurs origines[3].

Pour en revenir au propos initial de cette sidra : l’encens, la berayta de Rabbi Pinhas ben Yaïr[4] s’étend sur le fait que dans le Temple il y avait deux  « tables » en dehors de la table des pains de proposition. L’une des « tables » était en cuivre (nehoshet) et l’autre en or (zahav).

La table en nehoshet était destinée à recevoir les bêtes sacrifiées et destinées à être consumées par le feu tandis que la table en or recevait deux fois par jour les aromates pilés très fin pour être consumés et embaumer toute la région.

L’abattage et le nettoyage des animaux (bœufs, chèvres, agneaux, boucs etc…) étaient nettoyés avant d’être présentés pour être consumés et expier les fautes de tout un chacun. Ceci entraînait le fait que des odeurs très fortes de boucherie régnaient et, l’encens non seulement masquait ces odeurs mais il donnait à toute la région une odeur agréable.

Rabbi Pinhas ben Yaïr  s’exprima ainsi : de même que le corps mange pour se nourrir, l’autel reçoit des sacrifices comme « nourriture » et, de même que l’âme ne se nourrit pas de matériel mais de manière spirituelle, de même, la « table » des parfums ne se « nourrit » pas.

Les aromates en brûlant réjouissent le cœur de l’homme. Dans shemot chapitre 30 verset 34, sont énumérés les 4 principaux composants de la « ketoret » (encens) : Nataf, SHibolet,Helbana et Lévona[5].  Les initiales de ces quatre aromates principaux disposés en grande et égale quantité forment le mot shoulhanou table. Parmi ces aromates dont le parfum est délicat et délicieux l’un d’eux est d’une odeur fétide. La question qui se pose est : comment HaShema-t-IL choisi ce composant ? Ceci est pour te dire que l’on a l’habitude de classer les membres du peuple en 4 catégories tout comme on a coutume de le faire à Souccoth ou dans d’autres occasions. L’autre question qui se pose est : la ketoret se compose de 11 éléments, tous capables de donner d’excellentes senteurs, pourquoi l’un de ses composants est-il malodorant ? La réponse est que si un rashâ se trouve en présence d’un ou de deux tsadikim le rashâ pourrait avoir une mauvaise influence mais, face à dix, cette mauvaise influence disparaîtra.

Les vêtements du Cohen Gadol ont un rôle particulier pour ce qui concerne le rachat des fautes : par exemple : la tunique (koutonet)d’un ton de bleu très clair et très particulier est faite pour racheter les fautes dont la base est de verser du sang inutilement (shefikhouthdamim),les caleçons (mikhnassayim) rachètent les fautes rattachées aux perversions sexuelles (guilouyârayoth), la tiare (mitsnéfeth) rachète les fautes sur la grossièreté (gassoutharouah), la  ceinture (avneth) rachète les fautes commises par hésitation (hirhourhalev) le pectoral (hoshenmishpat) rachète les questions de lois (dinim), le gilet (éphod) rachète les pêchés par idolâtrie (avodazara) et le manteau/cape (mé’îl)  rachète la médisance (lashonhara).

Le « mé’îl » était bordé de clochettes et de petites grenades. Quelle partie du mé’îl devait racheter les fautes de lashonhara ?  Ce sont les clochettes mais, pourquoi de petites grenades étaient-elles apposées à côté des clochettes ? Pourquoi HaShema-t-IL fait apposer des grenades et non pas des raisins, des dattes, des figues ou des olives ?

Les réponses à ces questions sont simples en réalité : l’assemblée d’Israël est symbolisée par une grenade. En effet de par sa morphologie la grenade ressemble à un tout, une communauté. La tradition précise que la présence des nombreux grains à l’intérieur de la grenade représente les 613 mitsvoth et, par ailleurs, chaque grain illustre un mérite qui a pu être acquis par la personne. Le roi Salomon, dans le Cantique des Cantiques, célèbre la beauté et la fragilité de la grenade.

Une autre facette de cette question est que l’on doit toujours juger autrui en lui accordant le bénéfice du doute( לדון לכף זכות). D’où la présence de la grenade.

La médisance se présente sous deux aspects : la médisance qui est faite de manière publique en associant plusieurs témoins à ce lashonhara et, la médisance en privé : on ne parle d’une personne qu’avec une seule autre personne (lashonharabelahashלשון הרע בלחש ). Il est, en conséquence souhaitable, avant – ou même pendant – que l’on dit du mal de quelqu’un de penser et de prendre en compte le fait que toute personne fait également des mitsvoth.

La ketoret a la propriété d’arrêter les épidémies et d’éloigner la mort.

La ketoret se lit deux fois par jour et pour certains deux fois par jour : une (ou deux selon les rites) le matin et une à l’office de minha.

Caroline Elishéva REBOUH.

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

 

[1]AlshikhHaKadosh est Moshé Alshikh né en 1508 en Turquie et décédé et enseveli à Safed en 1593.

[2] Les explorateurs en revenant de leur visite en Canaan et en rapportant des fruits géants au lieu de se réjouir, se sont lamentés plus que de raison et HaShem leur promit de leur donner à même époque (le 9 av) une excellente raison de se lamenter (destruction des deux Temples).

[3] C’est ainsi qu’Assuérus invita à son banquet des Juifs riches qui, en réaction, s’assimilèrent dans la société persane de l’époque. En Chine également, les Juifs ne furent jamais pourchassés mais honorés, au contraire, et ils s’assimilèrent (malgré tout les Juifs de Chine existent encore).

[4] Rabbi Pinhas ben Yaïr était un Tana de la 4ème génération (IIème siècle) il fut le beau-père de Rabbi Shim’on bar Yohay. Il fut l’auteur d’un midrash intitulé Midrash Tadshé (תדשא) ou Berayta dé Rabbi Pinhas ben Yaïr.

[5]En français Storax, ongle aromatique, encens et glbanum.

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