PARASHAT SHEMOT – Shabbat du 18-01-2020 /Horaires Ashdod 16 h 41– 17 h 41
DE LA DELIVRANCE A L’EXIL.
Abraham s’est exilé d’Ur Casdim en Chaldée et il prit possession de ce pays offert par HaShem à Son fidèle serviteur : Canaân. La naissance du peuple formé d’Hébreux se fait en Canaân. Les Hébreux (‘Ivriim en hébreu = ceux qui sont « passés » en allusion au fait qu’Abraham et ses proches ont « passé » (traversé) le grand fleuve qui séparait ce monde païen d’un futur pays où le monothéisme prendrait racine. Ce terme « ‘ivri » se retrouve pour la première fois dans la bouche de Joseph lorsqu’il se présente comme jeune-homme hébreu: « j’ai été enlevé du pays des Hébreux » (genèse chapitre 40 verset 15).
Cette entité hébraïque subit des transformations : ils sont les bené Israël (enfants de Jacob/Israël) jusqu’aux pieds du Mont Sinaï, lorsqu’après avoir reçu la Torah, il devient peuple Juif……
Au moment où HaShem propose la « brithbeynhabetarim » à Abraham, IL dévoile l’avenir de ce peuple : il descendra en exil dans un pays qui ne sera pas le sien car on ne peut être exilé qu’en quittant son propre pays et on ne peut acquérir le statut de « libéré » qu’à partir où l’on quitte cette terre d’exil pour retourner dans son pays d’origine. C’est ainsi que le peuple juif ne sera « délivré » qu’au moment où il rentrera en Canaân libéré des étrangers qui s’y étaient installés pendant 210 ans.
Lorsqu’HaShem prédit à Abraham, que son peuple sera exilé 400 ans durant cela implique une explication : le calcul des 400 ans commence à la naissance d’Isaac. Et les choses se passent ainsi : Isaac avait 60 ans lorsqu’avec Rivka ils prièrent pour avoir un fils et durant cette même année, naquirent Esaü et Jacob. Jacob quitta le pays de Canaân à 130 ans pour aller en Egypte rejoindre Joseph, son fils bien-aimé. Moïse, naquit en Egypte 130 années après l’entrée de Jacob et ses enfants en Egypte et, Moïse était âgé de 80 ans lorsqu’il conduisit le peuple hors d’Egypte. En ajoutant ces données nous obtenons 400 ans (60+130+130+80=400).
Les années d’esclavage furent de 210 ans : 130+80=210. L’esclavage de par lui-même ne fut pas rude d’emblée mais la sévérité de ces années- là suivit une courbe ascendante : au départ, les bené Israël conformément aux vœux du Pharaon qui avait connu Joseph et, tant que celui-ci vécut et occupa un poste honorifique, les douze tribus et leurs familles occupèrent la terre de Goshen, à la disparition de Joseph, les choses empirèrent : l’ancien pharaon mourut, Joseph disparut à son tour, les onze autres fils de Jacob n’étaient plus en vie et furent tous enterrés en Canaân. Les petits enfants de Jacob commencèrent à « s’assimiler ». L’esclavage commença à toucher ces nouveaux résidents. Petit à petit, les mesures s’endurcirent et les travaux publics pour Pharaon revêtirent l’aspect de travaux obligatoires, puis la sévérité rendit le caractère de ces travaux de plus en plus durs. Les mesures s’endurcirent par degrés : lorsque la population s’accoutumait à une mesure, une nouvelle arrivait et était appliquée. Malgré cela, les hommes soupiraient et s’habituaient et ils cédaient à l’environnement.
L’arrêt divin, eût pu être changé si la conduite avait été modifiée et si, au lieu de se laisser absorber par le milieu ambiant, les descendants du Patriarche avaient opéré un changement dans leur attitude et leur mode de vie.
La descente en Egypte ne fut pas une descente exclusivement physique mais aussi spirituelle car l’Egypte représentait le plus haut niveau d’impureté.
Le KeliYakar fait remarquer que lors de la promesse d’alliance, HaShem a évoqué 4 niveaux de souffrance qui frapperait ce peuple : il se sentira étranger dans un pays qui n’est pas à eux, ils seront astreints à de durs travaux et à de grandes souffrances.
ETRANGER : La Torah rappelle à chaque occasion de protéger et de ne pas maltraiter les étrangers car nous-mêmes, rappelle le texte sacré, avons été étrangers en Egypte (et ailleurs aussi par la suite)…
UN PAYS QUI N’EST PAS A EUX : Le Juif a souvent été errant et contraint de s’expatrier et de se perdre de pays en pays ou de continent en continent.
DE DURS TRAVAUX : Le travail n’est pas, en réalité, quelque chose qui peut mettre une personne en danger MAIS………… le mot AVODA revêt une autre signification que le travail, le labeur : AVODA peut-être le CULTE et le CULTE ETRANGER, les HABITUDES ETRANGERES et devenir esclave des mœurs étrangères !!!!
DE GRANDES SOUFFRANCES : Ces souffrances touchent le peuple qui s’est laissé absorbé et noyé dans les rituels qui ne sont pas les siens et la souffrance devient physique et morale !
D’après de nombreux Tanaïm, cette descente en Egypte et l’esclavage que les bené Israël y ont trouvé, constituent une première purification physique et spirituelle après l’épisode du serpent et d’Eve dans le jardin d’Eden. Cette impureté du serpent a rejailli sur toute l’humanité mais les Juifs ont tenu à se purifier dit-on dans la Guemara Shabbat. C’est une partie de cette impureté qui s’est amassée et s’est durcie que l’on désigne dans un langage cabalistique sous le terme de « klipa » (écorce). Plus l’écorce se durcit et plus il devient improbable de s’en débarrasser.
La reconnaissance (הכרת הטוב) et le manque de reconnaissance (כפוי טובה) peuvent aussi se traduire par des réactions peu enviables. Lors de la faute commise par Adam et Eve et la présence (l’intervention) du serpent, furent décelées trois fautes : le manque de reconnaissance d’Adam envers son Créateur qui a mis à la disposition de l’Humanité non seulement un univers plein et débordant mais encore IL avait créé une compagne et en signe de reconnaissance, lorsque le premier homme dut donner des comptes il adressa des reproches au Créateur en accusant : « la femme que Tu m’as donnée ».
Avant cela le serpent qui désirait ardemment arriver à ses fins n’eut de cesse que de nier la Puissance de l’Eternel et il procéda en conséquence à une « kefirabe’îkar » (la négation du Principe) כפירה בעיקר. Ceci équivalent aussi à de l’ingratitude (כפוי טובה).
Cette ingratitude se retrouve dans les décisions pharaoniques car, si tout-à-coup l’Egypte se trouve être devenu un pays riche et puissant c’est à cause des actes de Joseph qui sut régler les problèmes économiques de l’Egypte.
Cette ingratitude conduisit Pharaon à une conduite complètement hérétique….au point que lorsque Moïse fait « appel » à Pharaon celui-ci déclare avec suffisance qu’il ne sait qui est D.
Nous avons déjà évoqué précédemment qu’Abram et Saraï n’ont pas eu d’enfants ensemble jusqu’à ce que l’Eternel juge qu’ils étaient purifiés de leur passé et de leurs origines. Abram eut un enfant avec une Egyptienne idolâtre. Cet enfant, Ismaël, bien que né d’Abram n’entre pas dans la lignée réelle de Jacob puisque lors de l’ordre de lier Isaac est reçu par Abraham, l’Eternel précise : TON FILS, TON UNIQUE FILS, ISAAC…. La première procréation d’Abram fut avec une idolâtre.
Lorsqu’Isaac et Rebecca ont deux enfants, l’un d’eux bien que né d’une mère juive est lui rebelle et le Ari zal dévoile qu’Esaü est une réincarnation de Caïn qui habité par un esprit « étranger » pensait qu’il poursuivrait ses crimes jusqu’à ce que son père disparaisse, Esaü pensait qu’il tuerait Jacob après que son père, Isaac, disparaitrait…
Mais HaShem est là et veille et surveille§; IL connaît les torts et les mérites de chacun comme il est écrit dans AzYashir Moshé (le Cantique de la Mer Rouge), les uns sont ballottés comme fétus de paille, d’autres coulent comme le plomb etc….
Lorsque les esclavagistes décidèrent de ne plus fournir de matières premières pour faire des briques et que chacun devrait désormais se débrouiller pour trouver les matières nécessaires à la fourniture de briques jusqu’à ce que les pères de famille devinssent inhumains au point de précipiter leurs propres enfants dans le ciment pour faire davantage de briques….
La Torah et le Midrash content avec un certain merveilleux tout ce qui entoura la conception, la naissance et l’éducation de Moïse.
La sidra de shemot dit de manière très brève comment les parents de Moshé se sont mariés et comment il est né. Le Midrash se répand en explications : la situation était catastrophique. Les devins et sorciers qui entouraient Pharaon avaient eu la révélation que le « libérateur » d’Israël frapperait l’Egypte par l’élément eau. Ils ne savaient pas si ce libérateur était déjà vivant ou pas ni comment il frapperait l’Egypte. Pharaon prit donc la décision de tuer tous les bébés mâles à naître et de les jeter dans le Nil. La réaction qui s’en suivit fut le divorce de nombreux couples. Amram et Yokhéved qui étaient les parents déjà d’Aharon et Myriam divorcèrent. Myriam les accusa d’être plus sévères que Pharaon qui s’en prenait aux garçons tandis qu’eux refusaient même la naissance à des filles éventuelles… Devant un tel argument ils se ré épousèrent en secret pour rendre leurs épousailles publiques trois mois plus tard alors que Yokheved était déjà enceinte. C’est ainsi qu’elle accouche en secret et éleva son enfant secrètement jusqu’au moment où les officiers royaux ne tarderaient pas à se rendre chez cette femme pour y surprendre un nouveau-né……
Un midrash conte que lorsque Moïse – jeune enfant – assis sur les genoux du pharaon s’empara de la couronne, les devins crièrent au sacrilège… Parmi ces devins figurait le prêtre de Midiane (jéthro) qui tranquillisa l’assemblée en affirmant qu’il ne s’agissait que d’un acte sans valeur provenant d’un enfant IL conseilla de mettre l’enfant à l’épreuve différemment : préparer deux plateaux l’un avec des joyaux et l’autre avec des braises enflammées. Moïse avança la main vers les joyaux mais un ange fit bifurquer sa main vers les braises qu’il saisit à pleines mains et déposa sur sa langue ce qui le rendit malhabile en parlant… Certaines sourcesévoquent le fait qu’il fallait ceci pour « purifier » sa bouche d’avoir bu le lait d’une nourrice égyptienne.
La péricope est longue et les enseignements multiples. Les prochaines parashot seront également fertiles en matière à penser.
Caroline Elishéva REBOUH.