D’après une étude menée conjointement par le Dr. Amit Benbenishty de l’École des neurosciences de l’Université de Tel-Aviv, le Dr. Pablo Blinder de la Faculté des sciences de la vie et le Prof. Shamgar Ben-Eliyahu de l’École des sciences psychologiques, l’injection d’un adjuvant immunologique connu, contenant un ADN synthétique, utilisé dans certains vaccins pour renforcer la réponse immunitaire, pourrait constituer un moyen efficace de prévenir la formation des métastases cérébrales mortelles après l’ablation d’une tumeur.
La recherche, réalisée en collaboration. avec le Dr. Lior Mayo de l’Ecole des neurosciences de l’UTA, et les Prof. Neta Erez de l’Ecole de médecine et Dritan Agalliu du Centre médical de l’Université Columbia, a été publiée dans la revue PLoS Biology.
« Environ 20 à 40% des patients atteints d’un cancer du poumon, du sein ou d’un mélanome développent des métastases cérébrales, pour lesquelles aucun traitement actuel n’est inefficace », explique le Dr. Blinder. « L’ablation chirurgicale des tumeurs agressives est généralement essentielle, mais la période qui précède immédiatement l’opération, de même que celle qui lui fait suite nécessitent l’arrêt momentané de tout traitement par chimiothérapie ou radiothérapie, créant un potentiel élevé de formation et de progression rapide des métastases mortelles. Notre étude a montré qu’une injection intraveineuse de CpG-C, stimulateur immunologique à base d’ADN synthétique, réduit le développement des métastases cérébrales au cours de cette période. Administré de cette manière, le médicament franchit la barrière hémato-encéphalique activant la microglie, cellules immunitaires du système nerveux central, et éradique les cellules tumorales envahissantes ».
Un profil de sécurité prometteur chez l’être humain
Pour tester l’efficacité de ce médicament, l’équipe de recherche a utilisé une batterie de techniques d’imagerie de pointe, afin d’examiner la progression tumorale sur des modèles murins, et de découvrir les cellules immunitaires spécifiques impliquées dans la mise en route de l’effet protecteur contre les métastases cérébrales.
« Actuellement, les patients atteints d’un carcinome du poumon à petites cellules, forme particulièrement maligne du cancer du poumon, suivent une radiothérapie préventive du cerveau entier afin de réduire les métastases cérébrales, mais ce traitement entraîne de nombreux effets secondaires négatifs », explique le Dr. Blinder. « Notre approche prépare les ‘troupes immunitaires’ au combat, à la fois dans le cerveau et dans le reste du corps. Elle n’est pas spécifique à une tumeur, et son profil de sécurité est prometteur chez l’être humain. Le groupe de recherche du Prof. Ben-Eliyahu, entre autres, a déjà montré que ce médicament est bénéfique à la fois contre les tumeurs primaires et contre les métastases dans d’autres organes. Nous espérons qu’il pourra être utilisé comme traitement préventif pour différents types de tumeurs, dans le but de prévenir ou de réduire les métastases cérébrales ».
Ce nouveau traitement pourrait être administré à des patients cancéreux devant subir une intervention chirurgicale en vue d’ablation d’une tumeur plusieurs jours avant l’opération et pendant quelques semaines après. Les chercheurs mènent actuellement plusieurs études pour vérifier qu’il ne met pas en danger la santé des patients, ni le succès de l’intervention chirurgicale.
« Nous avons pu vérifier que ce traitement ne perturbe pas la cicatrisation des tissus, ce qui est important pendant la période postopératoire », a déclaré le Prof. Ben-Eliyahu. « De plus, il ne semble pas augmenter le risque d’autres complications communes liées aux interventions chirurgicales, comme une réaction inflammatoire postopératoire exagérée. Nous testons actuellement l’utilisation simultanée potentielle de médicaments anti-inflammatoires qui se sont également avérés efficaces pour la réduction des risques de métastases péri-opératoires, et pourraient atténuer les réactions inflammatoire délétères après l’intervention chirurgicale, et éventuellement au traitement CpG-C. Si ces tests réussissent, nous prévoyons de passer aux premiers essais cliniques sur des patients atteints de cancer « .