Lorsque la fusée Vega de l’Agence spatiale européenne Arianespace décollera du port spatial de Kourou en Guyane française en octobre prochain, le Centre Médical Sheba -Tel Hashomer deviendra le premier hôpital israélien à lancer une mission scientifique dans l’espace.
Ramat Gan, Israel – L’espace est rapidement devenu la «nouvelle frontière» dans la conduite d’expériences scientifiques au profit de l’humanité. L’équipe responsable de cette expérience spatiale à Sheba est dirigée par le professeur Ohad Gal-Mor, directeur du laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses de l’hôpital, en collaboration avec des chercheurs italiens. « Une meilleure compréhension des bactéries, comme leur réaction et leur résistance, nous permettra de trouver de nouvelles solutions aux maladies infectieuses que les professionnels de la santé pensaient avoir migrées il y a des années, mais qui sont maintenant résistantes aux antibiotiques. Analyser l’impact de la gravité nous permettra de mieux comprendre ce processus biologique complexe et trouver des moyens de l’inhiber» a expliqué le Dr Gal-Mor.
Ce projet de recherche, fait partie d’une mission conjointe avec Space-Pharma, mais également avec le ministère israélien de la Science, de la Technologie et de l’Espace et des chercheurs italiens. En effet, le satellite sera lancé par la société spatiale israélienne SpacePharma, puis rejoindra trois autres expériences en collaboration avec des chercheurs italiens. Le professeur Gal-Mor dirige l’expérience au côté du Pr Galia Rahav, directrice de l’unité des maladies infectieuses de Sheba, le Pr Bar Piscone du laboratoire des maladies infectieuses ainsi que le Pr Rafael Zarili, médecin et chercheur à l’université de Naples en Italie.
L’Organisation Mondiale de la Santé, a d’ailleurs récemment défini le phénomène comme l’un des défis les plus importants et les plus critiques de la médecine moderne et a appelé à la recherche de moyens nouveaux et créatifs pour le traiter. Par conséquent, l’expérience examinera l’effet du manque de gravité sur la capacité des bactéries à propager des gènes conférant une résistance aux antibiotiques. Les résultats de l’étude du comportement des bactéries, pourront aider à mieux les comprendre, les corriger et les combattre.
L’une des nombreuses expériences auquel va s’attarder Sheba à bord du satellite sera d’examiner l’effet de la gravité zéro sur les bactéries, et notamment pour cette mission, la bactérie E. Coli qui devient rapidement résistantes aux antibiotiques, une évolution dangereuse qui pose un défi à la communauté médicale mondiale. Au cours de l’expérience, deux populations de bactéries seront lancées dans l’espace et différents moyens seront appliqués afin de les rendre résistants. Une bactérie peut acquérir une résistance aux antibiotiques de deux manières, soit par mutation, un changement ponctuel dans les éléments constitutifs du code génétique de la bactérie, soit par l’acquisition d’un gène de résistance à un ou plusieurs antibiotiques. Il est également transmis entre différentes espèces de bactéries, et du fait que, dans de nombreux cas, le matériel génétique transmis possède plusieurs gènes de résistance, cela rend la bactérie résistante à plusieurs antibiotiques.
Images au microscope électronique des bactéries qui seront envoyées dans l’espace.
Les expériences spatiales en l’absence de gravité aident à isoler le composant physique qui reste constant sur Terre et à examiner son effet direct sur le processus d’acquisition d’antibiotiques. Une meilleure compréhension de la manière dont les bactéries acquièrent une résistance sera utilisée pour trouver d’autres solutions de routine permettant de lutter contre ce phénomène.