Les chiffres sont ahurissants, peu importe comment vous les comptabilisez. Que vous disiez 13 ans et 128 jours ou simplement 4 876 jours, le samedi 20 juillet, Benjamin Netanyahu est devenu le Premier ministre d’Israël le plus longtemps en poste. C’est un exploit extraordinaire, car il a dépassé le mandat record de David Ben Gourion en tant que dirigeant d’Israël.
Le problème tient en partie au fait que l’obsession concernant la durée de son mandat a permis d’établir une comparaison avec le premier Premier ministre israélien, qui est une réprobation implicite de Netanyahu. Bien que l’idée qu’il y ait une concurrence entre les deux soit ridicule, il est utile de comprendre l’évolution du pays pauvre et en difficulté que Ben Gourion a conduit à l’indépendance et à la survie, à la super puissance économique et militaire régionale gouvernée par Netanyahu.
Le fait que la plupart des classes bavardes en Israël et dans la plupart des pays occidentaux, voix juives et non juives, méprisent Netanyahu n’est pas un secret. Il n’est donc pas surprenant que la plupart des commentaires sur le fait qu’il devienne le plus ancien Premier ministre de l’histoire d’Israël se soient largement concentrés sur une litanie de ses péchés.
Le contenu de ces accusations est qu’il s’agit d’un mégalomane arrogant et corrompu qui n’est préoccupé que par le maintien de son pouvoir personnel au pouvoir. Il est accusé d’avoir entravé la paix, mis fin au soutien bipartite à Israël aux États-Unis, aliénant les Juifs américains et mené une attaque contre la démocratie israélienne.
Parmi ces accusations, il n’est probablement que réellement coupable d’une volonté obsessionnelle de conserver le pouvoir.
La notion qu’il est antidémocratique est un non-sens total et en grande partie à cause du ressentiment de ses détracteurs au sujet de ses victoires démocratiques. Son refus d’être évincé de ses fonctions par ce qui apparaît à de nombreux Israéliens comme des accusations de corruption sans fondement n’est pas davantage une indication de l’autoritarisme que ses efforts pour maîtriser un système judiciaire incontrôlable.
Netanyahu domine la politique israélienne depuis son retour au bureau du Premier ministre en 2009, après que son premier mandat de 1996-1999 eut entraîné une défaite qui semblait avoir mis fin à sa carrière politique. Son retour était en partie dû à la chance, car le rejet constant des offres de paix par les Palestiniens, y compris un État indépendant, garantissait le discrédit de la gauche israélienne. L’approche plus réaliste du conflit par Netanyahu était le seul choix crédible proposé aux Israéliens.
Mais si son retour au pouvoir était pavé des mauvais choix de ses rivaux et des ennemis d’Israël, le retour de Netanyahu était un hommage à ses talents politiques. On peut en dire autant de sa capacité à conserver son poste et à remporter des élections successives.
Cela dit, le long règne de Netanyahou est aussi un argument en faveur de la limitation du nombre de mandats. Le Premier ministre a chassé de son parti tout successeur potentiel afin de maintenir sa suprématie. Et bien que les accusations de corruption auxquelles il fait face ne soient pas aussi graves que le prétendent ses ennemis et soient de nature essentiellement politique, elles restent le produit inévitable de toute administration qui dure depuis trop longtemps.
Mais si plusieurs Israéliens pensent toujours que Netanyahu est l’homme indispensable d’Israël, c’est qu’il a été un excellent Premier ministre.
Sous sa gouverne, l’économie israélienne a prospéré et sa brillante diplomatie a contribué à briser l’isolement dont elle souffrait auparavant dans le tiers monde et dans une grande partie de l’Europe. Netanyahu a brillamment réussi à tous les égards. Aucun de ses adversaires n’aurait fait de même, car ils n’ont ni son expertise économique et diplomatique, ni son approche prudente et pragmatique des questions de sécurité.
Pourquoi alors est-il encore si méprisé par tant de gens?
Une grande partie de cette animosité provient du fait que de nombreux libéraux n’ont jamais pardonné au peuple israélien d’avoir adhéré à la coalition de droite israélienne dirigée par Netanyahu, tandis que le mouvement sioniste travailliste que dirigeait Ben Gourion s’est marginalisé.
Beaucoup de gens ne pardonneront pas non plus à Netanyahu son refus inébranlable de jouer avec la notion populaire selon laquelle la paix avec les Palestiniens est à la portée d’Israël. C’est cela – et non le catalogue de fautes qui lui sont reprochées – qui constitue la véritable substance des critiques qui lui sont adressées.
Bien que de nombreux commentateurs aient critiqué le style de vie haut de gamme de Netanyahu, contrairement à l’ascèse de Ben Gourion, son attitude à l’égard du processus de paix est enracinée dans le même pessimisme sobre qui a caractérisé les politiques du premier Premier ministre israélien.
À la grande frustration de la politique étrangère internationale, Netanyahu comprend que la culture politique des Palestiniens rend la paix impossible dans un avenir prévisible. Son objectif, comme celui de Ben Gourion, est de gérer le conflit plutôt que de s’engager dans des efforts vains et dangereux pour le résoudre.
Il mérite un crédit énorme pour avoir eu le courage de dire «non» aux efforts du président Barack Obama pour le forcer à faire des concessions qui auraient affaibli Israël. Il en va de même pour sa volonté de faire de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien un exemple d’apaisement téméraire qui a abandonné les intérêts sécuritaires d’Israël et de l’Occident.
Si les Juifs américains et les démocrates partisans lui en veulent de ces prises de position ou de son incapacité à faire la paix comme par magie alors que les Palestiniens continuent de refuser de mettre fin à leur guerre contre le sionisme, c’est en raison de leurs défauts, pas des siens.
Netanyahu est peut-être resté trop longtemps et son mandat va bientôt prendre fin, même si les remplaçants potentiels ne sont pas de son rang. Mais les historiens impartiaux dont les vues ne sont pas entachées de parti pris politique de gauche devront reconnaître que sa gestion d’Israël a été en grande partie exemplaire. On ne se souviendra pas tant de lui pour la durée de son mandat de premier ministre que pour la manière habile dont il a exercé ses fonctions.
Sources : Jewish News Syndicate en anglais
Dr Yehiel Lasri : « Hier soir, j’ai eu le privilège de féliciter personnellement le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour ses 13 années de mandat et de l’entendre une nouvelle fois exprimer sa préoccupation pour le développement et le succès de notre belle ville d’ Ashdod. Salutations et succès, Monsieur le Premier ministre! »