PARASHAT BAMIDBAR 2019 : QUAND L’HOMME VEUT ETRE ANGE
Nous commençons à lire le quatrième livre du Pentateuque : les Nombres ou BaMidbar en hébreu. Cette sidra débute par le dénombrement du peuple un mois après que le peuple se trouva dans le désert.
Rashi et le Shlah ha Kadosh enseignent que le fait de demander le dénombrement à plusieurs reprises démontre d’un amour sans borne d’HaShem pour Son peuple tout comme, (kiv’yakhol) en quelque sorte, une Maman compte ses enfants à chaque instant car elle s’en inquiète. Pourtant les exégètes se posent une question de savoir pourquoi ce dénombrement intervient-il un mois après que les Bné Israël aient commencé à séjourner dans le désert ? La réponse qui se retrouve chez la plupart des exégètes est que la personne n’est désignée en tant que résident seulement après que se soient écoulés 30 jours. Tout comme quelqu’un qui déménagerait disposerait de 30 jours pour fixer une mezouza à sa porte car, avant cela, il n’est pas encore considéré comme résident (toshav).
Le décompte des tribus est intéressant à plusieurs égards: en effet, il va être question de l’emplacement des tribus autour du mishkan, ainsi que des drapeaux de chacune d’elles et des différences entre la condition des anges et de celle des humains !
L’exposé de toutes ces considérations se fera à l’inverse de ce qui vient d’être évoqué. En effet : lors de la Révélation au Mont Sinaï, les Bné Israël ont « vu » que 22,000 chars d’Anges du Service divin ont accompagné la Shekhina quand chaque Ange apparut avec un « étendard ». Ces mots sont entre guillemets car il s’agit de termes que nous, humains, comprenons tandis qu’en fait il s’agit de notions différentes de celles que nous sommes aptes à comprendre/imaginer. Lorsqu’HaShem réside dans les « reki’îm » (cieux), IL est entouré de Ses serviteurs qui sont au nombre de 22,000 Anges (Male’akhéhaShareth) mais, en examinant les chiffres de plus près, la Torah nous indique qu’au dénombrement, la tribu de Lévy comptait 22,000 hommes ! Ce qui fait dire aux extraordinaires exégètes du Pentateuque que le « service divin » sur Terre est constitué des Léviim. Et, lorsque les enfants de Jacob ont vu les Anges du Service ils ont été saisis d’un désir infini de ressembler aux êtres célestes et c’est dans cette optique que lorsqu’HaShem a proposé la Torah ils ont répondu d’une seule voix et en une seule clameur « na’âssévenishma » (nous agirons et nous écouterons) s’élevant ainsi à un niveau spirituel supérieur à celui du commun des mortels !
Pour comprendre la position de chacune des tribus autour du mishkan, nous devons revenir en arrière, au moment où Jacob, étendu sur son lit demande à bénir ses enfants et leur demande de prendre place autour de sa couche en disposant 3 tribus au nord et 3 à l’est, 3 au sud et 3 à l’ouest.
Cet emplacement restera inchangé autour du mishkan dans le désert. Cependant, alors, il ne fut pas question d’étendard, de drapeau quelconque… Le midrash accourt pour permettre un autre aspect de la question : lorsque les bné Israël eurent la vision des armées célestes dans leur magnificence, ils aperçurent les étendards et ils réclamèrent la possibilité de détenir un étendard terrestre car ils savaient qu’ils ne pourraient avoir les mêmes drapeaux qui, pour eux seraient un morceau de tissu tenu sur un pieu à la différence de ceux des armées célestes.
Qu’est-ce qu’un drapeau ?
Un métrage de tissu de couleur avec un emblème. Ici encore, il nous faut revenir à la dernière sidra de Bereshit au cours de laquelle nous nous séparons de Jacob : d’après les bénédictions paternelles chaque tribu sera caractérisée par un emblème Réouven par les mandragores, ou Judah par un lion etc… et pour la couleur, il suffira de se reporter au Hoshen sur lequel chaque pierre du pectoral (attribuée à chaque tribu) est d’une couleur différente.
Ces descriptions sont celles des étendards mis à la disposition des humains et ils sont totalement différents de ceux, entièrement spirituels, brandis par les Anges, car ces emblèmes ne sont pas confectionnés en tissu ni en métal.
Les deux mots accolés : Bemidbar Sinaï, revêtent une double importance car, étant donné que certaines mitsvot ont été répétées à plusieurs reprises non pas seulement au Sinaï mais aussi dans les plaines de Moav, le Créateur a la volonté de signaler que déjà au Mont Sinaï le thème en question avait été énoncé. De plus, tout au long des pérégrinations des enfants d’Israël dans le désert, le peuple a été gardé, sauvegardé et encadré par le Tout Puissant qui avait par des prodiges de tous les instants protégé et guidé ce peuple par des colonnes de feu et de fumée. Cependant, le terme du voyage se rapproche et le peuple va se trouver confronté à de véritables exigences : il va falloir former une armée et désigner des tâches pour que chacun connaisse son rôle au sein de la communauté.
Le dénombrement va ainsi jouer un rôle dans la structuration de ce peuple au moment où il va devenir autonome.
La mitsva du rachat du premier-né est abordé au cours de cette sidra. Le premier-né a une importance dans la loi mosaïque et ce, même au moment d’un héritage. A ce propos, nous allons ouvrir une parenthèse : l’appartenance d’un Juif à son peuple se fait de par la mère : si la mère est juive l’enfant est juif mais, à propos des héritages, l’appartenance à la tribu est patrilinéaire.
Isaac fut le premier-né d’Avraham, avec sa femme légitime Sara. Esaü est le premier-né d’Isaac et ce droit d’aînesse ravi par Jacob a causé de grands tracas à notre patriarche.
D a ordonné à Moïse de compter tous les premiers-nés.
Le texte de la Torah nous enseigne que chez les Lévis le compte fut de vingt-deux mille depuis l’âge d’un mois. Cet âge va servir de base pour le rachat du premier-né pour lequel la cérémonie de rachat sera fixée à l’âge d’un mois. Pourtant un fils de Lévi ne sera pas racheté (Lévi ou Cohen ne se rachètent pas).
Lors de la faute du veau d’or nous savons que la tribu des Lévi n’a pas pris part à ce délire provoqué par la peur panique de ce peuple qui, pendant des siècles fut réduit en esclavage et réduit à être soumis à une autorité, à un chef, et qui, devant l’absence prolongée de Moïse a cédé à la nécessité absolue et immédiate de se retrouver dirigé. Pendant ce temps, les autres premiers-nés d’Israël qui furent sauvés de la dixième plaie mortelle, tournèrent le dos à l’Eternel pour prendre une part active à la faute du veau d’or.
Or, les premiers-nés d’Israël devaient être consacrés au Service divin mais plus après la faute du veau d’or. C’est une des raisons pour lesquelles, l’enfant qui ne pourra aider les Léviim lors de leur service au Temple devront être rachetés par un Cohen moyennant la somme de cinq shekels d’argent qui représente le rachat des premiers-nés après qu’ils aient encouru la peine de mort méritée par la faute du veau d’or. Rashi nous renseigne au sujet de cette somme : ces cinq shekels correspondaient à vingt pièces d’argent, somme qui fut versée par les marchands d’esclaves qui achetèrent Joseph lequel n’était autre que le premier-né de Rachel……
La sidra de la semaine prochaine : Nasso précède la fête de shavouoth au cours de laquelle on a coutume de lire la meguila de Ruth.
Pour la fête de Shavouoth qui célèbre le Don de la Torah, certains ne consomment que des mets lactés et des pâtisseries à base de miel conformément à l’image que nous avons du pays où coule le lait et le miel ארץ זבת חלב ודבשeretzzavathalavoudevash. D’autres consomment des mets carnés – à base de viande – mais consacrent ne serait-ce qu’un repas pour un délicieux gâteau au fromage.
Caroline Elishéva REBOUH