PARASHAT BEHOUKOTAY – chabbat du 25-05-2019 Horaires : 19 h 07 -20 h 19
LE DESTIN INDIVIDUEL NE PEUT S’INSCRIRE QUE DANS LA COLLECTIVITE
La dernière section hebdomadaire du troisième livre du Pentateuque s’intitule « behoukotay », c’est une sidra de plus où on rappelle au peuple juif que selon son comportement l’être juif peut entraîner des bénédictions ou des malédictions.
Les conditions (tenayim) ne sont pas ici sans nous rappeler les modalités qui entraînent l’établissement des modalités d’un contrat où les parties sont astreintes à des devoirs et des obligations de l’un vis-à-vis de l’autre, tout comme un contrat d’associativité ou un contrat d’alliance…… Les deux parties sont le Fiancé (D) et la Fiancée (L’entité du peuple d’Israël).
Si les devoirs de la Fiancée sont d’aimer le Fiancé et aussi de respecter ses volontés, les devoirs du Fiancé sont de protéger la Fiancée de toute atteinte, de la préserver et de veiller à sa pérennité. De son côté, D rappelle à tout propos que pour Lui, Il Se souvient et Se souviendra toujours du triple serment fait à nos Patriarches et, si une menace est permanente en cas de non observance des commandements divins, d’abandon de la Loi, ou du désintéressement, il existe des promesses en cas d’obéissance et de respect du dogme.
Mais, ce texte se veut de dépasser le niveau primaire de la notion bénédiction = récompense et de malédiction=sanction. L’action de l’homme face à son D s’inscrit dans un microcosme qui n’est qu’une facette du macrocosme que représente la Nation Juive. En partant du principe que le microcosme humain est un luminaire à plusieurs facettes et donc que chaque homme possède sa propre lumière, ce n’est qu’avec la lumière des autres que le macrocosme arrive à luire comme un astre. D a voulu que nous soyons un peuple de Prêtres (mamlékheth cohanim) et que nous donnions l’exemple aux autres peuples, nous en revenons à dire que lorsque le soleil luit dans la journée, la lune et les étoiles captent cette lumière pour illuminer la nuit. Chacun possède son propre talent, son propre éclat et chacun est une étoile brillant au firmament reflétant, la nuit, la lumière qu’il a emmagasiné le jour du soleil (la Torah). Tous les individus ensemble génèrent une force collective incommensurable de même que l’ardeur de l’amour que nous voue le Créateur est, elle aussi, forte comme la clarté du soleil.
En démontrant à D notre attachement à Lui et à Sa Loi, nous quêtons la réalisation de la promesse ancestrale et nous quêtons LA sécurité de rester sur notre Terre et chacun de nous doit être persuadé que chacun de nos actes s’inscrit dans la perspective collective. Et, le destin commun d’Israël est composé des cristaux produits par chaque individu et dans une perspective positive et éternelle.
Les récompenses ou bénédictions promises par l’Eternel semblent n’être comprises que dans le domaine matériel mais à l’échelon collectif ou national. Cependant, dans le domaine spirituel, il y a aussi des récompenses qui viendront dorer le blason de chaque individu et pour l’éternité.
Les enseignements de nos Sages ont été consignés dans ce traité de mishna intitulé Pirké Avoth pour permettre à l’homme juif de connaître des principes fondamentaux. En rapport avec la sidra de Behoukotay nous pourrions emprunter à la mishna l’enseignement de Ben Azay selon lequel se dégage la règle suivante : la mitsva entraîne une autre mitsva et une faute engendre une autre faute. En fait dans une approche ésotérique de la péricope Behoukotay, ce ne sont pas moins de 49 « malédictions » qui sont énoncées dans cette section hebdomadaire ! Et chaque « âvéra » (faute) est décomposée en 7 degrés… et chacun de ces niveaux sont décomposés en encore 7 positions. Car, la mansuétude divine tend à donner au « pêcheur » un maximum de chances de se rattraper et d’éviter le plus de faux pas possible. Ainsi, à chaque instant, le Créateur tend la main à Sa créature…
Les lois de Behoukotay sont inscrites sur la courbe collective du peuple et de la société et elles ne concernent pas l’individu ou chaque individu de manière singulière mais de manière collective car l’individu ne peut réaliser son destin qu’en étant une infime partie d’un seul et unique macrocosme de la collectivité.
Ainsi, celui qui pour des raisons qui lui sont propres décide ne rien avoir en commun avec la Loi d’Israël et, il n’aura de cesse que de chercher à se libérer du « joug des mitsvoth » invoquant des prétextes divers. En agissant ainsi, on brise l’alliance avec D au Sinaï…
Dans l’histoire d’Israël Yérob’âm ben Nabat, en désirant défaire le lien spirituel grâce auquel il s’était attiré les faveurs de D., il entrouvrit la porte à des fautes qui en entrainèrent d’autres parmi les plus graves telles le blasphème, l’idolâtrie, et toutes les fautes punies de lapidation. Ces fautes entraînent aussi des conséquences fâcheuses pour le peuple qui fut exilé….
- promet de Se souvenir de Son alliance avec les patriarches et, au lieu d’évoquer dans l’ordre Abraham, Isaac et Jacob, IL les cite dans un ordre inverse : Jacob, Isaac et Abraham en rappelant pour chacun d’eux qu’a eu lieu une alliance. Rashi nous donne la raison de cet ordre inverse : de même que l’on nous désigne sous le terme d’enfants de Jacob, car Jacob a eu 12 fils qui sont tous restés fidèles à l’enseignement de la Torah et qu’à lui seul il a accumulé suffisamment de mérites pour mériter à lui seul cette alliance, Isaac a eu un fils qui s’est détourné de la foi ancestrale et, si besoin était d’ajouter des mérites à ceux de Jacob, alors, on lui aurait ajouté les mérites d’Isaac et de même, si besoin était d’ajouter des mérites à ceux de Jacob ou d’Isaac, on ajouterait ceux d’Abraham qui se trouva devant l’obligation de chasser de chez lui son fils Ismaël à cause de son mauvais comportement.
Vers la fin de la péricope, il est question de herem ou anathème. En ce domaine, il est important de souligner encore une fois le lien puissant existant entre l’individu et la collectivité et de mettre en exergue le fait que la parole peut être si importante qu’elle peut entraîner la vie ou la mort et, la parole d’un individu peut sauver ou has veshalom condamner, et, cette parole prononcée peut être un vœu ou un anathème.
Le rachat ou pidyone. Dans des cas graves comme celui d’un malade, on peut procéder à un pidyone nefesh. Ce rachat peut se faire avec ou sans somme d’argent convenue il suffit de déclarer que l’acte qui va être fait l’est pour le rachat de l’âme d’untel et cela permettra à la personne désignée de jouir d’une vie normale à partir du rachat. Rashi exprime ceci en appuyant sur le fait que, peu importe qu’il s’agisse de la dîme ou du rachat d’un premier-né animal, le rachat tend à confiner à toute nourriture un caractère sacré de première importance et nous rappeler s’il en était besoin que le Créateur nous a donné la libre-jouissance des biens terrestres mais que tout Lui appartient et Rien n’est à nous. De même que certains s’épuisent au travail pour un moindre salaire et que d’autres voient « le jus de la grappe s’écouler dans sa gorge » sans aucun effort, ainsi va la vie : D distribue Ses biens comme bon Lui sembleet il nous appartient de savoir comment nous devrons nous conduire en réponse.
Caroline Elishéva REBOUH