PARASHAT KI TISSA 2019 – shabbat du 23-02-2019 – Allumage Ashdod 17 h 03 – 18 h 11
Dans cette portion hebdomadaire de Torah il sera question de la faute du veau d’or. Des hommes de toutes les tribus se sont retrouvés impliqués dans cette faute en dehors des descendants de Lévy. Aharon lui-même se trouve acculé devant cette foule hurlante et possédée par le Yetser Harâ…… Il essaye de gagner du temps pensant qu’en réclamant de l’or, le temps passerait et que Moïse redescendrait d’ici à ce que le précieux métal soit rassemblé.
Aharon n’avait pas prévu que ces hommes étaient « sortis » de leur état normal et qu’une sorte d’hérésie avait pénétrés et que pour eux seul importait le désir d’adorer une statue… A peine eut-il versé l’or dans la fournaise que surgit un veau : afin de comprendre pourquoi un veau il faut se souvenir que Joseph avait été comparé à un taureau par son père Jacob. Et, lorsque le peuple se tint prêt à sortir d’Egypte, Moïse se rendit au bord du Nil dans les eaux duquel le sarcophage de Joseph avait été immergé, le plus grand prophète de tous les temps jeta vers les eaux du fleuve un parchemin sur lequel était inscrite la phrase : « shor Israël âlé » ou taureau d’Israël monte et aussitôt, le sarcophage était apparu. Un jeune garçon se trouvait présent et il se saisit du parchemin surnageant et le conserva par devers lui. Un midrash raconte que, lorsqu’Aharon versa tout l’or qu’on lui avait apporté, ce jeune garçon jeta ledit parchemin dans la fournaise et c’est ainsi que surgit le veau d’or d’entre les flammes.
Les justes qui se trouvaient parmi le peuple tentèrent de ramener les dissidents dans le droit chemin mais, ce fut en vain, car ils avaient perdu la raison pour la plupart et certains se firent tuer pour avoir osé affirmer que Moïse était sûrement sur le chemin du retour, et Aharon craignait aussi pour sa vie. Ce fut la Victoire du Yetser harâ qui réussit à faire perdre son contrôle au peuple d’Israël.
Perdre la boussole dit-on en langage de la rue, perdre le contrôle sur soi-même peut avoir des conséquences terribles et irrémédiables Réouven, le fils de Jacob, qui perdit le contrôle de ses actes en voyant le lit de son père dans la tente de la concubine perdit par ce geste inconsidéré trois choses d’une grande importance : l’aînesse, la royauté et la prêtrise.
Par le fait que Moïse ait « discuté » avec HaShem sa mission en Egypte lui valut de perdre la prêtrise.
Plus loin dans le temps, Shaoul qui avait été choisi et oint par HaShem pour être Roi d’Israël perdit lui aussi énormément par son manque de contrôle sur lui-même car, dès qu’un homme fait passer son orgueil avant que de considérer la priorité divine, l’avenir de l’être humain ne pèse pas très lourd dans la balance du Jugement.
Les Sages dans la Guemara ont tranché : הטוב שברופאים לגהינם(le meilleur des médecins ira en enfer). Cette citation qui peut être relevée dans deux traités différents pourrait entraîner une sorte de rébellion, en considérant que de nombreux grands penseurs juifs furent aussi médecins, il apparaît clairement que l’intention des Sages fut de dénoncer l’orgueil qu’éprouvent certains médecins exerçant ce qui devrait être un sacerdoce : apporter un soulagement à ceux qui sont malades et souffrent autant physiquement que moralement et de savoir rester humble et ne pas s’enorgueillir. La « sentence » semble donc s’appliquer au praticien qui agit par et avec orgueil, à celui qui ne sait pas admettre que tout est selon la volonté divine.
Ainsi, Saül, n’a su repousser son orgueil. Se voyant l’oint d’HaShem il n’a su faire la différence entre sa volonté et celle de D. Les Sages enseignent que si David a fauté de nombreuses fois ses fautes ne furent que des fautes humaines, propres à l’homme et, à plusieurs reprises, il s’est trouvé dans des situations dont il a su sortir vainqueur car il a su mettre son honneur et sa vie de côté face à un homme qui était encore l’oint du Créateur…
Au contraire, Saül a commis des fautes de Roi, à cause de son orgueil, il n’a su accepter la décision de D…. Il lutta contre David qu’il savait devoir être son successeur et croyant pouvoir en le tuant arriver à changer le décret divin !
Et, en dérogeant aux ordres divins, en ayant pitié d’Agag et de sa famille, en tuant injustement les Cohanim de la ville de Nob (près de Jérusalem), en n’écoutant pas les consignes du prophète, Saül s’est attiré les foudres du Ciel et c’est ainsi, à cause de son orgueil démesuré, que la couronne de la royauté fut retirée à Saül et ses descendants pour être confiée à David et ses descendants.
Plus loin, dans le texte, on assiste à une nouvelle disposition : faire boire aux pécheurs ou à ceux soupçonnés d’avoir péché un mélange d’eau et de poudre d’or. A quoi ressemble cette décision ? Rashi éclaircit un peu notre perplexité en nous enseignant deux points différents et parallèles en même temps : le premier parallèle tiré est celui de la femme sota (femme infidèle) et le second de la vache rousse ; les finalités étant légèrement différentes tout en se retrouvant dans le procédé. Mais, en dehors de ces deux explications citées ci-dessous, il y en a encore une autre : celle de rabaisser aux yeux de ce peuple la « valeur » de cette statue ramenée à l’état de poussière et comestible de surcroît.
Pour la femme infidèle, de manière à vérifier son innocence, si elle le désire : on lui fait boire un liquide dans lequel on a dissout une inscription de noms sacrés sur une plaque de métal. Si la culpabilité est prouvée l’infidèle est condamnée et mourra.
Pour la vache rousse : elle est pure de son vivant, et impure à sa mort. Elle sera brûlée jusqu’à être réduite en cendres. Tous ceux qui l’approcheront à sa mort seront rendus impurs, toutefois, les cendres de la vache mêlées à de l’eau rendront leur pureté à ceux qui l’ont perdue en étant aspergés par quelques gouttes de cette eau particulière.
En conséquence, le veau d’or est brûlé jusqu ‘à ce qu’il n’en reste plus qu’une très fine poussière qui, diluée dans de l’eau, sera absorbée par tous ceux qui désiraient une idole et tous ceux qui ont assisté à cette scène dans le but de faire ressortir l’innocence de certains et, par voie de conséquence la culpabilité des autres. C’est ainsi également que s’exprime Juda Halévy dans son Livre du Kuzari.
Caroline Elishéva REBOUH