Shabbat Shira (Beshalah), du 19-01-2019 Horaires Ashdod : 16 h 42 – 17 h 34
LA MARCHE VERS L’INDEPENDANCE
Bokertov (bonjour) à toi et à toi ! Nous sommes le 17 nissan 2448[1] ! Une effervescence peu commune règne dans toutes les maisons juives du pays de Goshen ! Tout le monde s’affaire, on charge les ânes, les chariots, tout ce qui peut porter de grosses charges. Un vent de liberté souffle sur toute la communauté…..
Nous sommes arrivés avec notre aïeul Jacob et tous nos biens mais, tout-à-coup, un jour, après que le roi d’Egypte ait craint que nous ne nous soulevions contre lui, le joug de l’esclavage est tombé sur nous et nous nous sommes retrouvés, au fil des années, opprimés et oppressés, réduits en esclavage et dans un dénuement complet ! Enfin, HaShem a entendu nos soupirs et nos plaintes et, petit à petit la mentalité égyptienne a changé en nous considérant de manière différente. HaShem règne sur l’Univers tout entier et l’une de Ses parures est la Justice. C’est la raison pour laquelle, avant de partir de ce pays qui nous avait fait perdre notre dignité d’hommes et d’êtres humains, nous sommes partis d’Egypte munis d’or, d’argent et de cuivre en dédommagement de toutes les constructions que nous avons faites en Egypte en fournissant non seulement la main d’œuvre mais aussi les matériaux de construction !
Moïse nous tient au courant de tout ce que nous devons faire et voyez, nous sommes prêts à partir au signal et à nous rendre sur cette Terre qu’HaShem a promis à nos Ancêtres de nous donner et, ce n’est pas tout, nous allons recevoir un cadeau inestimable : la Torah !
Ceci est un reportage en direct des plaines de Goshen !!!
Lorsque tout ce peuple (600,000 hommes de 20 à 60 ans plus les femmes et les enfants de moins de 20 ans –filles et garçons – et plus les hommes et femmes de plus de 60 ans) se mit en route, les officiers de Pharaon le prévinrent en déclarant que le peuple juif fuyait c’est ce qui emplit ce souverain de fureur et il poursuivit ces gens jusqu’aux rives de la Mer des Joncs ou Mer Rouge. Au même instant où D partagea les flots de la mer en douze couloirs (un par tribu) et que le sol marin fut asséché en moins de temps qu’il ne faut pour l’exprimer, le monde entier sut que le peuple juif sortait d’Egypte : en effet, au même instant où ce phénomène se produisit, chaque étendue d’eau ou liquide si minuscule soit elle, l’eau des puits, les soupes dans les marmites, la boisson contenue dans les gobelets, tout, absolument tous les liquides se séparèrent en douze couloirs avec un espace sec entre ces liquides érigés en cloisons…… C’est pourquoi le monde s’emplit de crainte devant la Toute Puissance de ce Dieu dont le nom ineffable inspire le respect.
La crainte de ce peuple protégé par l’Eternel fut ressentie au sein des peuples les plus petits comme chez les peuples les plus puissants.
Amalek et ses hordes était devenu puissant et il était dépositaire des dernières volontés de sa mère Timna. Qui était cette femme dont le fils avait fait de ses volontés sa raison de vivre ? Pour en savoir plus, il nous faut faire un saut en arrière dans l’histoire et nous imprégner du fait que les enfants apprennent comment se comporter d’après la façon d’agir de leurs pères: Rashi et le midrash nous rapportent que lorsqu’Esaü sut que Jacob et toute sa famille avaient quitté Laban et le pays de Haran, Esaü, le frère vengeur et encore en colère contre son frère jumeau qui l’avait « délesté » du droit d’aînesse, ordonna à son fils aîné, Eliphaz, d’aller à la rencontre de Jacob et de le déposséder de tout son avoir mais aussi de le tuer.
Eliphaz, en fait, n’avait pas oublié que son oncle lui avait servi de rav alors qu’il n’était qu’un jeune enfant et, il n’eut pas le courage de tuer Jacob. Il se saisit d’une partie des biens de Jacob et de ses vêtements[2] pour prouver à Esaü que son frère jumeau n’était plus. La concubine d’Eliphaz était Timna[3]. Or, celle-ci, admirative de Rivka, sa grand-mère, voulut se convertir et elle fit part de ses intentions aux patriarches qui repoussèrent ses vœux. Aussi s’emplit-elle de colère et voulut-elle se venger. Lorsque son fils Amalek grandit et qu’elle était déjà très âgée, Timna fit part de ses dernières volontés qui n’étaient autres que d’anéantir ce peuple qui ne voulut pas l’accueillir en son sein.
C’est pourquoi, lorsque l’Univers tout entier sut que l’Eternel avait accompli ce prodige de la déchirure de la Mer Rouge, Amalek pensa, qu’affaibli d’une part par l’esclavage d’Egypte et d’autre part par la traversée de la mer, le moment d’attaquer Israël pour l’anéantir et accomplir le vœu de sa mère.
Lorsqu’Amalek surgit et prit Israël par derrière, il revenait de chez Bil’âm auprès de qui le guerrier avait pris conseil. Amalek avait pris comme prétexte le fait qu’il exposa au prophète non-Juif : les Hébreux se sont très mal conduits vis-à-vis des Egyptiens qui les ont accueillis en leur sein pendant tant d’années et les ont comblés de cadeaux et regarde ce qu’ils ont fait : ils se sont enfui ! Aussi, il faut se méfier de ce peuple et le prendre à revers pour l’exterminer car, qui sait ce qu’ils seront capables de faire aux autres peuples ?
L’irruption d’Amalek pour atteindre à la sécurité d’Israël s’est toujours produite, par surprise, au long de l’histoire du peuple juif. Aussitôt que le peuple est en désarroi moral et qu’il omet de se raccrocher à la Torah et à HaKadosh Baroukh Hou (le Saint béni soit-IL), l’ennemi surgit, féroce et s’en prend à l’existence des enfants de Jacob. La valeur numérique du nom de ce persécuteur surgissant toujours dans des périodes de doute spirituel, à des moments où la foi est ébranlée, est égale à 240 (amalek : ayin-mem-lamed-kouf = 70+40+30+100) tout comme le mot doute en hébreu : safek (samekh-pé-kouf = 60+80+100).
Amalek, ce persécuteur a donné naissance à Hagag puis à Haman l’impie qui voulut lui aussi anéantir le peuple juif à Suse au temps de la Reine Esther.
L’armée d’Amalek est présentée, plus loin, dans le Deutéronome (XXV, 18) comme des gens qui ne craignaient pas D et qui se sont attaqués à des gens affaiblis (dans leur foi) et qui traînaient en route.
Lors de cette bataille sans merci contre l’ennemi, le midrash fait ressurgir de l’ombre un « accessoire » de taille par lequel le Prophète et son frère réalisèrent les ordres due l’Eternel : il s’agit du fameux bâton de Moïse à propos duquel le midrash raconte que ce bâton fut celui d’Adam. Puis, Noé s’appuya dessus pour marcher et réaliser ce que D lui demandait de faire. Ce même bâton, servit à Abraham, puis, ilpassa à Isaac et ensuite à Jacob. Celui-ci se servit de ce bâton sur lequel le nom ineffable était gravé lorsqu’il menait paître ses troupeaux et lorsque de Haran il se dirigea vers Canaân. Lorsque, très longtemps après, Moïse arriva à Midiane, il aperçut ce bâton bizarrement planté aux abords des tentes de Jéthro. Il s’en saisit sans effort tout comme on cueille un brin de paille et c’est alors que le prêtre de Midiane – qui était une sorte de prophète – sut que cet homme avait pour destin de libérer les enfants d’Israël du pays d’Egypte.
Selon certain midrash, ce bâton était entièrement fait de saphir. Le Tétragramme y était gravé et, il avait, comme certains autres éléments[4], la faculté de représenter deux « règnes » à la fois.
Ce bâton, soit dans la main d’Aharon, soit dans la main de Moshé Rabbénou, dirigé vers le Nil ou vers les cieux ou la terre montra d’où viendrait le prochain fléau pendant l’application des dix plaies. C’est encore en dirigeant le bâton vers les flots bleus que la mer se divisa en couloirs égaux où les tribus passèrent à pied sec sur un sol qui eût dû être détrempé.
Et, c’est tenant toujours ce bâton dans ses mains que Moïse dont les bras étaient soutenus par Aharon et Hour que D accorda la victoire au peuple Juif contre Amalek.
C’est en cette section hebdomadaire qu’apparaissent les signes qui accompagneront le peuple d’Israël tout au long des quarante années de la traversée du désert : les colonnes de fumée et les colonnes de feu, la manne….. Les Hébreux habitués à vivre dans la chaleur, le sable et un soleil intense, au sortir du lit de la Mer des Joncs, les enfants d’Israël vont se trouver dans la même situation qu’un joyau placé dans un écrin de velours et habillé de satin : en effet, ils se trouvèrent entourés (protégés) de colonnes de fumée le jour et de colonnes de feu la nuit, ils évoluèrent sur le sable du désert sans en ressentir la gêne, et, sans être importunés par des bêtes ou des insectes nuisibles, en jouissant d’effluves de plantes aromatiques et d’une fraîcheur toujours renouvelée et sans avoir à se préoccuper ni de l’usure des vêtements ou de leurs chaussures et, de plus, la manne quotidienne leur permettait d’être rassasiés en goûtant des saveurs tant que leur cœur en souhaitait.
La semaine prochaine nous aurons le privilège d’assister à l’hyménée d’Israël et de Son Créateur avec comme dot la Torah……..
Caroline Elishéva REBOUH
[1] 2448 depuis la création du monde soit il y a 3331 ans ou si l’on préfère, 1312 ans avant l’ère commune…
[2] Tout comme l’ont fait plus tard les enfants de Jacob en prenant les vêtements de Joseph et prouver ainsi au patriarche que son fils était mort.
[3] Certains exégètes prétendent que Timna était la demi-sœur d’Eliphaz (d’une autre mère).
[4] Appartenir à deux règnes à la fois. Il y a la faune (le règne animal), la flore (le règne végétal), les pierres/roches (le règne minéral). En accomplissant le prodige du bâton transformé en serpent et redevenant bâton puis de ce même bâton avalant les serpents, deux règnes sont assimilés en même temps : le végétal et l’animal tout comme les coraux caractérisent deux règnes à la fois.