PARASHAT NITSAVIM 2018
Dans nos porte cartes se côtoient des cartes de crédit et des cartes de club. Chaque année, on nous demande de cotiser, d’adhérer, de s’identifier avec, de prendre part pour…….. et, en contrepartie, les membres en retirent des avantages. Souvent, on nous prévient : souscrire ou renouveler son adhésion jusqu’à telle date nous procurera l’avantage de bénéficier d’une réduction….
Nous sommes à quelques jours de Rosh Hashana et depuis le début du mois d’Eloul et jusqu’à la fin de Yom Kippour le Juif a la possibilité de faire teshouva, de se repentir, pendant 40 jours : 30 jours du mois d’Eloul et 10 jours « redoutables » de Rosh Hashana à Kippour.
De même qu’en adhérant à un club, nous prenons sur nous de nous conduire d’après les règlements du club, de même, en étant Juif, notre libre-arbitre doit nous guider vers un choix judicieux qui est de choisir la vie, l’obéissance au Créateur et à l’observance des Mitsvoth de la Torah.
Pendant ces 40 jours, nous entendons la sonnerie puissante du shofar et nous récitons des textes nous aidant à exprimer tous nos regrets de ne pas nous être conduits exactement (ou même approximativement) comme l’a demandé le Maître de l’Univers à toutes Ses créatures mais en particulier à Son peuple et, en souhaitant que nos suppliques soient exaucées et que nous sera accordée une année supplémentaire en cadeau.
HaShem nous inonde de cadeaux en tous genres. En sommes-nous réellement dignes ? Le textede la Torah détaille « qu’aujourd’hui » nous sommes là debout devant D. Le mot « natsiv » signifie au sens propre « représentant ou gouverneur » mais, dans un autre sens le mot natsiv signifie colonne conférant une image de solidité, de stabilité comme le mot dérivé yatsiv, stable. La Torah précise que tout le peuple convoqué par Moïse le jour de sa mort se tient debout devant l’Eternel. Chacun quel qu’il soit : représentant ou chef de tribu, hommeou femme, jeune ou plus âgé, quelle que soit la profession, du fendeur de bois (bûcheron) au puiseur d’eau, qu’il appartienne au peuple ou qu’il en soit étranger, tous se tiennent debout devant le Maître du Monde.
Chaque personne prie avec ferveur, regrettant ses errements et ses erreurs de jugement, de fonctionnement envers le Créateur, tout comme envers le prochain. Chacun a un projet de quelque ordre qu’il soit et souhaite le mener à bien, et ajouter à son actif encore un peu de tsedaka, encore une bonne action. Aider encore et encore. Cela ressemblerait presque à un architecte qui établit un plan pour construire une maison et, il ajoute ici une terrasse et là une salle….ou à un banquier qui tente de pouvoir ajouter un ou plusieurs autres zéros (millions) à son actif bancaire dans le but d’améliorer le sort de sa communauté.
Les 40 jours de teshouva (repentir) servent à permettre à l’être humain d’analyser et de passer en revue tout ce qui s’est passé dans l’année précédente et essayer de s’améliorer.
Depuis le premier jour des « selihoth » (du mot seliha = pardon) et jusqu’à la néîla de kippour (ultime prière et supplique de Kippour), l’homme doit avoir pour ambition de se parfaire. Ces 40 jours sont un délai pendant lesquels il est souhaitable de faire un effort pour nous-mêmes. Comme on le dit familièrement : maintenant c’est l’heure ! Après l’heure, ce n’est plus l’heure.
Pourquoi justement la fête de Kippour se termine-t-elle par la Néîla ? Que signifie ce mot ? Le mot « néîla » signifie clôture. C’est un terme beaucoup plus fort que le mot « fermeture ». En hébreu, le mot cadenas ou verrou se traduit par le mot « man’ôul »[1]. C’est un mot très fort qui laisse comprendre que rien ne peut intervenir pour briser le jugement rendu ! Rien ? D a prévu tout de même un recours pour ceux qui se réveillent après : le dernier recours a lieu pour Hoshâna Raba (le dernier jour de Souccoth) durant cette veillée, on étudie, toute la nuit et on récite encore quelques selihoth et on sonne encore du shofar pour ébranler notre mauvais penchant.
Car, malgré tous les verrous qui peuvent exister, HaShem a prévu 3 « portes de sortie » qui ont un pouvoir supérieur et peuvent briser TOUS les verrous, TOUS les jugements et ce sont :
- LA PRIERE
- LES LARMES
- LA TESHOUVA (le repentir).
Si, dans les prières que nous récitons tous ensemble, le texte est à la première personne du pluriel et pas à la première personne du singulier, c’est parce que nous sommes tous responsables les uns des autres et que TOUS ENSEMBLE nous formons UN SEUL PEUPLE, le peuple de D !
En pleurant, nous demandons pardon pour nos fautes faites au vu et su de tous comme pour celles dont nous sommes fautifs et dont personne n’est témoin.
Caroline Elishéva REBOUH.
[1] Le mot man’ôul מנעול possède la même racine que le mot chaussure נעל. L’idée étant que la chaussure se ferme sur le pied ou enferme le pied. Dans un sens beaucoup plus large, on dira de quelqu’un à l’esprit totalement obtus qu’il est « naôul » נעול c’est-à-dire que rien ne peut entrer dans cet esprit.