La traduction de ce vocable ne permet pas de comprendre de quoi il s’agit car la traduction littérale est modestie. En général, on emploie ce terme pour désigner une façon de s’habiller ou de se conduire. On vend depuis quelques années des maillots de bains « tsniout » qui sont plutôt des robes de bains avec manches, d’une longueur allant jusqu’aux genoux, sans décolleté, laissant ainsi le corps de la baigneuse à l’abri des regards indiscrets et respectant ainsi la chasteté de la femme.
Un verset (14) du psaume de David (XLV) interpelle l’attention. Il est, en effet écrit :
כל כבודה בת מלך פנימה ממשבצות זהב לבושה
Toute resplendissante est la fille du roi dans son intérieur, sa robe est faite d’un tissu d’or.
La signification en est la suivante :
La femme juive est comparée à une Princesse (la fille du Roi qui est l’Eternel) et, de même qu’une reine ou qu’une princesse n’offre pas son corps au regard de tous, la femme/fille juive ne doit pas rabaisser sa valeur au point d’exposer son corps dont elle doit réserver la vue uniquement à son époux qui l’a consacrée sous la houppa (dais nuptial) au moment de leur union.
Les règles de tsniout sont nombreuses mais tiennent en ces quelques mots : NE PAS ATTIRER LE REGARD pour ne pas attirer la convoitise se présentant sous diverses formes et ne pas entraîner celui qui regarde tout comme celui que l’on regarde vers une pente dangereuse. Prenons l’exemple d’une souveraine : elle porte, en général des vêtements bien coupés, de facture classique, avec des manches et sans décolleté, d’une longueur jusqu’aux genoux et très souvent avec un couvre-chef : chapeau ou coiffe.
La femme juive se doit de se présenter telle une reine, bien vêtue, même simplement, sans ostentation ni sur le plan de la teinte des vêtements choisis ni sur le plan des bijoux ou du « clinquant » qui ne manquera nullement d’attirer l’attention.
Devant le leurre offert aux consommateurs, le mari ou, le futur époux, se doit de préserver son épouse, sa compagne, des regards d’autres personnes car, la convoitise n’apporte jamais rien de bon.
Sur un plan plus mystique, la modestie apportée à l’apparence de l’épouse/ mère de famille possède plusieurs atouts et non des moindres : la femme juive en s’habillant selon les règles de Tsniout atteint deux objectifs et non des moindres : grâce à elle, la SHEKHINA se rapproche et se tient à nos côtés pour nous bénir et nous protéger et ensuite nous enseigne le Zohar, les époux et les enfants jouissent d’une bénédiction d’importance inimaginable.
En se protégeant des regards extérieurs, la Princesse qu’est chaque femme juive, ne fait pas que protéger les siens mais elle se protège elle-même.
Voici un bref récit tout-à-fait réel qui a eu lieu, à Jérusalem, il y a une dizaine d’années : il existe une « segoula » (parmi tant d’autres) pour les personnes qui ne parviennent pas à trouver l’âme-sœur : se rendre 40 jours d’affilée au « Kotel » (le mur occidental ou dit mur des lamentations) pour prier et réciter des psaumes.
Une jeune-fille très pudique s’est rendue la nuit venue au Kotel pour y réciter des prières afin de tenter de trouver une solution à son cas. Les membres de sa famille la mirent en garde devant le danger couru à se rendre seule, la nuit en ce lieu où ne se pressent pas que des personnes irréprochables.
La jeune-fille s’attarda plus que nécessaire, enivrée par l’atmosphère emplie de sainteté. Puis, bien qu’à regrets, elle s’apprêta à reprendre son chemin pour rentrer chez elle.
Tout en marchant, elle chantonnait faiblement les psaumes qu’elle venait d’égrener devant le « Mur ». Elle se prit à chanter ensuite une prière que l’on prononce en général à la sortie du shabbat ou dans certaines communautés à la lecture du « chémâ Israël » avant de dormir et dans cette prière il est écrit entre autres « A ma droite se trouve Michaël, à ma gauche Gabriel, devant moi Ouriel, derrière moi Raphaël et, au-dessus de moi Se trouve la Présence (Shekhinat Kel) divine. » (les quatre noms cités sont des Anges).
Cheminant toujours vers la porte de Jaffa, la jeune-fille se rendit compte que des gens la suivaient. Pour se donner du courage, elle chanta encore ce refrain et arriva ensuite au poste de garde. Elle s’adressa au soldat qui était de faction et demanda sa protection. Celui-ci lui dit qu’elle était seule mais, il vit que plus haut deux hommes avaient été appréhendés par des gardiens.
Ces hommes déclarèrent qu’ils n’auraient pas pu attaquer la jeune-fille qui « était escortée » par « 4 hommes drôlement baraqués » et que tout-à-coup, à l’approche de la zone plus éclairée, ces « hommes » avaient disparu !!! Cette histoire fait comprendre une chose : si la jeune-fille n’avait pas été « tsenouâh » elle n’aurait pas pu prier ni s’assurer une protection aussi efficace.
Sans tomber dans les excès, les hommes du XIXème siècle lorsqu’ils apercevaient, accidentellement, la cheville d’une femme qui portait des robes longues jusqu’au sol, voyaient leur imagination sollicitée bien davantage que s’il leur avait été donné, alors, de « lorgner » un corps dénudé et offert.
Cependant, la Tsniout ne se mesure pas que chez les femmes mais chez les hommes également et, elle ne se note pas uniquement sur la longueur de manches ou d’une robe. La modestie se voit sur le comportement de la personne : sur le ton de sa voix, sur sa façon d’aborder autrui, sur sa volonté de paraître effacée…. En s’exprimant normalement sans éclats de voix, mais pas en faisant des effets de manches ou en tombant dans un autre excès…
Caroline Elishéva REBOUH