PARASHAT HOUKAT 2018 – Shabbat su 23 juin 2018 – Horaires Ashdod : Entrée 19 h 20 – Sortie 20 h 33
LA VACHE ROUSSE : La lecture de cette semaine concerne la vache rousse et le moyen de faire de l’eau lustrale avec cette bête.
Le Midrash a toujours que Moïse a été le plus grand des hommes en hokhma (intelligence) mais la Tradition corrige en précisant que Moshé Rabbénou a été le plus grand de tous les Prophètes car, le plus Sage et le plus intelligent des hommes a été le Roi Salomon qui écrivit dans Kohélet (L’Ecclésiaste) justement à propos de la vache rousse qu’il a « fouillé » la question et consulté tant qu’il a pu mais que finalement il est arrivé à la conclusion qu’il n’a pas réussi à comprendre quelle est la raison qui a fait qu’HaShem a donné cette loi. Et pourtant, il a été l’homme le plus intelligent que l’humanité a pu compter !
On peut classer les « tariag mitsvoth » (613 commandements) que la Torah contient en trois catégories : les mitsvoth « houkiyoth » (statuts), les « sikhliyoth » ou « mishpat » (que l’on peut comprendre) et les « êdouyoth » (en témoignage). Parmi les mitsvoth « êdouyoth » de témoignage, on pourra classer le commandement d’observer le shabbat « zikarone lémaâssé bereshit » –en souvenir de la création du monde- ou Pessah « zekher litsiath mitsrayim » – en souvenir de la sortie d’Egypte-. Parmi les commandements « sikhliyoth » (qui tombent sous le sens), il y a le commandement du respect des parents, de ne pas voler, ne pas tuer etc…..
Les statuts (les houkiyoth) que nous ne pouvons pas comprendre sont des lois telles que celle de la vache rousse, de la « shaâtnez » –mélange de fibres d’origine animale et végétale- etc…
La Torah indique : « vayikehou élékha » le mot élékha signifie vers toi ou pour toi. Rashi explique qu’à chaque fois qu’une vache rousse a été utilisée on a mélangé à l’eau lustrale, un peu des cendres de la première vache que Moïse avait abattue et c’est la raison pour laquelle il est inscrit « pour toi ». Maïmonide de son côté, précise que, jusqu’à la destruction du deuxième temple ont été sacrifiées et consacrées 9 vaches rousses et que la 10ème la serait par le Messie lui-même.
D’autre part, l’accent est mis par la plupart des exégètes sur le fait que les mitsvoth houkiyoth sont des commandements qu’il n’appartient pas à l’homme de comprendre ni d’interpréter. Ces commandements existent uniquement pour affirmer notre appartenance au peuple avec lequel D a conclu une alliance et donc notre soumission à D.
Le Midrash nous renseigne sur cette mitsva de la vache rousse en affirmant que Moshé Rabbénou « possédait » 49 degrés d’intelligence sur 50. Le Gaon de Vilna dans son « Adéreth Eliahou » se livre à un calcul fort intéressant pour décomposer les 49 degrés d’intelligence du plus grand prophète de tous les temps : En dehors d’Aharon, il y eut 5 autres Cohanim Guedolim auxquels on ajoute bien entendu Moshé qui a sacrifié la première vache rousse c’est-à-dire : 7 cohanim, chacun de ces cohanim ont sacrifié une vache rousse = 7 vaches, il y a eu sept fois une consumation de vaches , 7 aspersions, 7 lessives, 7 fois 7 jours d’impureté, et 7 purifications Ainsi dit-il nous arrivons à 7 fois 7 = 49 portes (degrés) d’intelligence car, pour chaque groupe de 7 s’ouvre une porte d’intelligence.
D’après la Tradition, HaShem a dévoilé à Moïse les raisons de la vache rousse. Pour quelle raison HaShem a-t-Il dévoilé une partie de Ses secrets au plus grand des prophètes de tous les temps ?Les Sages nous renseignent[1] : l’humilité de Moshé lors de la « rencontre » entre HaShem et Moïse près du buisson brûlant[2] fut un geste déterminant. Par ailleurs, le Midrash rapporte que depuis la promulgation de la Torah, après que Moïse ait écrit le mot « ânav » (humble) en caractères plus petits que le reste du texte dicté par D, il restait une goutte d’encre[3] qu’il essuya sur son visage. Ceci eut pour conséquence qu’un être humain ne pouvait plus contempler le visage de Moïse tant il rayonnait de sainteté et, « l’homme » Moïse fut contraint, pour le restant de sa vie, d’atténuer le rayonnement de son visage en portant un voile. Ces faits auraient valu au prophète de connaître le secret entourant la vache rousse.
Néanmoins, de nombreux exégètes ont trouvé des motifs à cette loi qui viendrait en quelque sorte racheter la faute du veau d’or, en accord avec la maxime : « la mère (la vache) viendra nettoyer les saletés de son fils » (le veau d’or) ( אמא תקנח צואת בנה).
A propos de l’homme qui accepte d’observer la loi (houka) sans chercher à comprendre mais, uniquement par Amour ou par crainte révérencielle de son Créateur ainsi qu’il est dit dans Sanhédrin que celui qui observera les statuts fixés par le Saint béni soit-IL, est considéré comme un associé de l’Eternel.
Le « Malin » ou les Nations qui cherchent toujours à dissuader Israël de s’éloigner de la Torah tendent perpétuellement des pièges à ceux qui craignent D en lui faisant croire que les commandements sont là uniquement pour perdre l’homme. L’un des arguments fallacieux des Nations est de questionner au sujet de l’eau qui était amère et comment en y jetant un morceau de bois amer par lui-même, l’eau a-t-elle pu s’adoucir ? La réponse est que l’imagination de l’homme a besoin de voir les choses pour les comprendre : l’homme a besoin de concret, ainsi le cerveau humain a associé le fait de jeter ce bois pour associer l’image au fait que l’eau ait été adoucie et soit devenue potable.
Pour la vache rousse, les faits sont contradictoires si l’on y réfléchit : commentse peut-il qu’ une bête, après sa mort, rende l’homme qui l’a abattue impur et le rendra pur en l’aspergeant d’eau lustrale fabriquée avec les cendres de cette même vache ? La raison humaine ne peut comprendre les raisons qui se cachent derrière si ce n’est que l’homme tente de satisfaire le Créateur dans le moindre de Ses désirs ; il n’appartient nullement à l’homme de douter mais il doit seulement accepter d’observer les commandements divins parce qu’ils émanent du divin.
Une autre question (d’un tout autre ordre) se pose : L’homme doit racheter le 1er né de l’âne. Quelles en sont les raisons ? La guemara traité Bekhoroth explique qu’en Egypte, lorsque les enfants de Jacob sont sortis de la maison d’esclavage, tous les Hébreux étaient chargés de tout ce qu’ils avaient reçu des Egyptiens. Certains parmi les Bené Israël avaient 90 ânes chargés d’or et d’argent ! Aussi, pour les remercier d’avoir subi cette charge hors du commun le Saint béni soit-IL a-t-IL voulu honorer le premier né de ces bêtes en les « rachetant » (mitsvat peter rehem hamor).
C’est au cours de cette péricope qu’ont lieu des évènements pénibles tels la disparition de Myriam puis d’Aharon.
L’épisode du serpent d’airain est très important et il nous faut en disserter un peu. Mais, avant de nous attaquer au serpent d’airain, nous aborderons le sujet de l’encens. En effet, après l’engloutissement de Korah et de ses partisans, Moïse et Aharon furent encore une fois l’objet de murmures du peuple contre eux et ils enflammèrent la colère divine. Cependant, Moïse et Aharon intercédèrent encore une fois en faveur de ce peuple ingrat et la mortalité commença à s’étendre dans le camp. Aussi, le Créateur indiqua-t-IL à Moïse et à Aharon de saisir l’encensoir et d’allumer l’encens pour arrêter la progression de l’Ange de la Mort dans le camp.
A présent, dans notre sidra, une fois de plus, le peuple récrimine et réclame et en arrive à la médisance jusqu’à enflammer la colère divine une fois de plus. Ils savent et comprennent que les limites de la bienséance ont été dépassées lorsque HaShem suscite des serpents brûlants qui viennent mordre à mort les enfants d’Israël. La crainte les saisit et désirant opérer un retour sur leurs actes, ils supplient l’Homme de D d’intercéder en leur faveur. Acquiesçant, le Créateur ordonne à Son envoyé de forger un serpent d’airain gigantesque de manière à ce que quiconque qui l’aperçoive pût être guéri instantanément de la morsure d’un serpent. Il est à signaler que ce serpent d’airain fut à l’origine du caducée emblème de la profession médicale au contraire de ce que l’on enseigne généralement : en effet, on attribue le caducée au dieu grec hermès qui, à l’aide de cet emblème, guérissait les morsures de serpent !! Jugez vous-même de l’imposture !
Dans une prochaine étude qui sera consacrée au serpent et à son symbole dans le judaïsme, nous analyserons la signification de cet animal. Pour l’heure, nous nous limiterons en faisant remarquer que ce serpent vient juste après un nouvel épisode de médisance et d’ingratitude. Le peuple, ingrat envers son Créateur et Libérateur, dès qu’il fait amende honorable et regrette son comportement, en retissant un lien puissant avec le Maître du Monde, est instantanément guéri des morsures.
Avant de clore, je voudrais signaler ceci : la Tradition enseigne le fait que les serpents brûlants étaient des « sérafim » c’est-à-dire des séraphins en français soit des anges brûlants. Je vous invite ici à une petite étude des mots serpents et séraphins : le mot brûlant en hébreu se dit : soref de la racine trilittère : sine-resh-pé. Soit les lettres latines : s-r-p que l’on retrouve dans les mots serpent ou séraphin !!!
Caroline Elishéva REBOUH
[1]– Guemara Berakhot
[2]– Moïse en entendant HaShem lui dire qu’IL est le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob, se couvrit le visage.
[3] – HaShem avait remis à Moïse la quantité exacte d’encre qu’il faudrait pour écrire tout le texte et, puisque Moïse avait écrit le mot עניו en caractères plus petits tant il était humble il restait donc une goutte d’encre sur la quantité destinée à l’écriture.