Le 14 nissan, tout Juif doit procéder au sacrifice de l’agneau pascal. Cependant, il se peut que des personnes soient dans l’impossibilité de remplir cette obligation lorsqu’il s’est rendu impur par exemple par le contact avec un cadavre avant la fête de Pessah.
De manière à pouvoir accomplir ce devoir religieux, les personnes qui avaient contracté une impureté, pouvaient le 14 du mois suivant (Iyyar) sacrifier l’agneau pascal et manger matsot et herbes amères en ce jour, c’est la raison pour laquelle le 14 Iyyar est appelé PESSAH SHENI ou deuxième Pessah. De manière à commémorer cette date on a coutume de manger un morceau de matsa.
Le 14 Iyyar est aussi la date du décès de Rabbi Méïr Baâl Haness –celui qui a fait un miracle – et, à cette occasion certaines personnes ont la coutume de faire une hiloula au cours de laquelle on étudie des mishnayoth sur Rabbi Méïr, ou sur pessah shéni, certains consacrent une séôudat mitsva au cours de laquelle les femmes allument des bougies à la mémoire du grand Tana.
Qui était Rabbi Méïr ? Il se nommait, en fait Rabbi Néhoray mais, comme il avait la réputation d’un grand érudit qui savait enseigner la Torah et de la rendre explicite à tout un chacun, il fut surnommé Méïr – celui qui éclaire -.
Rabbi Méïr fait partie de la quatrième génération de Tanayim après la destruction du Beith Hamikdash. Il vécut à la même période que R’ Yéhouda HaNassi et que R’ Shimôn ben Gamliel. Cette époque fut marquée par des révoltes comme celle de Bar Kokhba à Betar ; à cette époque, les Romains persécutaient tous les Maîtres du Talmud et leurs disciples. C’est d’ailleurs aussi à cette époque que furent martyrisés et tués les sages qui dans un kiddoush hashem (sanctification du nom divin) expirèrent après avoir enduré des souffrances inhumaines comme Rabbi Akiba (âssareth harouguémalkhout – les dix victimes mortes pour sanctifier le nom de D -). R’ Méïr épousa la fille, Brourya, du Tana R’ Hanina ben Téradyone qui, lui-même fit partie des asséreth harouguémalkhout. Rabbi Méïr vivait avec humilité et sans ostentation, on rapporte qu’il gagnait 3 pièces d’argent par semaine il consacrait l’une des pièces pour parer aux besoins de sa famille, avec la deuxième pièce il achetait des vêtements pour lui et sa famille et il consacrait la troisième pièce à la charité pour aider les pauvres. Ses condisciples disaient de lui qu’il était un grand homme savant et saint et qu’il était aussi très humble.
Rabbi Méïr, voyant les persécutions commises, s’enfuit vers la Babylonie et il ne reprit le chemin de retour vers Eretz Israël que bien plus tard, lorsque l’atmosphère devint plus sereine. Il étudiait la Torah avec tant d’ardeur que l’on disait de lui qu’il réduisait les montagnes en poussière tant son étude et sa façon d’enseigner était pleine de force et d’ardeur.
Il avait pour ami le fils d’un homme hellénisé Abuya. Ce fils était tout d’abord un homme très cultivé qui se laissa dériver vers les sciences hellénistiques jusqu’à ce qu’il devint apostat et c’est ainsi que de Elisha ben Abouya, il fut surnommé « l’Autre » (haaher). R’ Méïr le poussa à faire teshouva peu avant sa disparition tout en affirmant qu’il intercéderait en sa faveur après que lui-même serait décédé. Il enseignait que quiconque se trouve en difficulté, peut implorer le Créateur en clamant : ILAHA DEMEIR ANENI ! que l’on traduit couramment par D de Méïr réponds moi mais, R’ Méïr enseignait qu’il voulait signifier par là : D qui éclaire le monde réponds moi !!!
Le 14 Iyyar au soir, il est bon d’allumer des bougies à la mémoire du grand Tana et de prier.
LAG BAOMER A ALGER
LAG que l’on écrit en Hébreu avec un lamed et un guimel signifiant 33 car il s’agit du 33ème jour du Ômer, est le jour anniversaire de naissance et du décès de Rabbi Shimôn bar Yohay. C’est la date du 18 Iyyar.
On raconte qu’une épidémie ravagea les rangs des élèves de Rabbi Akiva mais, le 33ème jour du Ômer, la mortalité cessa subitement ce jour devint un jour d’allégresse.L’interdiction de se marier ou de célébrer des bar mitsvoth est suspendue et chez les sefaradim, surtout, les cérémonies familiales avec musique sont à nouveau célébrées.
A Alger, où l’on prononçait l’hébreu avec tous les « daguesh » on ne disait pas LAG BAOMER mais on « fêtait LARH ». Etant enfant je me demandais bien comment cela pouvait s’écrire en français mais apparemment personne n’avait compris ma question…. Ce n’est que bien plus tard que j’ai enfin compris en apprenant les règles grammaticales hébraïques.
Dans l’après-midi qui précédait cette célébration, on se préparait et on allait acheter de grosses bougies décorées de fils dorés et d’autres couleurs, et de dentelle de cire de bougie. Ce sont ces mêmes bougies que certains qualifiaient de l’appellation « cierge » qui servaient aussi pour le henné de la Bar Mitsva (nous en reparlerons plus tard).
Chacun – selon l’enseignement qu’il avait reçu de ses parents ou de ses grands- parents – tenait, le soir de « larh », à faire le tour des synagogues certains disaient qu’il suffisait de se rendre en une seule synagogue alors que d’autres tranchaient de manière savante en postulant qu’il fallait se rendre dans au moins 3 synagogues, d’autres ajoutaient qu’il fallait un multiple de 3 soit se rendre dans 3, 6 ou 9 synagogues. Pour nous, la question était vite réglée nous allions à l’ancienne synagogue de la rue Suffren puis rue de Dijon à la synagogue Lebhar. Puis, mon père nous emmenait en voiture à la synagogue de St Eugène.
Les femmes apportaient à la synagogue des bouteilles d’huile pour allumer des veilleuses puis, elles offraient ensuite des friandises, des gâteaux au miel, et des bouquets de fleurs composés le plus souvent de petits œillets embaumant l’air de la synagogue et de fleurs de lin. Les hommes entonnaient des hymnes à la gloire de Bar Yohay et chacun allumait des bougies et priait avec ferveur pour que se réalisent les vœux les plus pieux s’élevant de chaque cœur.
Lorsque plusieurs décennies plus tard je fis mon aliya et que je vis les « medouroth » sur le rivage de Tel Aviv, Lag BaOmer prit une autre dimension et je m’aperçus qu’en Israël Lag BaOmer est un véritable enjeu car, dès le lendemain de Pessah, des groupes d’enfants se formaient pour accumuler des quantités de bois énormes, chaque groupe respectant le stock de bois constitué par d’autres jeunes garçons. L’après-midi précédant LaghBaÔmer, les bois et les cartons s’amoncellent et forment de petites montagnes auxquelles sera mis le feu à la tombée de la nuit. Les jeunes garçons ou les jeunes filles ont disposé sous les feux des pommes de terre et de gros oignons tous enveloppés de papier aluminium et ces légumes rôtis sous les cendres seront dégustés à la lueur des feux s’éteignant lentement. Les sons des guitares donnent à ces soirées de « koumzitz » (les pommes de terre rôties) un goût qui ne s’effacera jamais des mémoires, les transformant en des souvenirs merveilleux. Plus tard, dans la nuit, sur les cendres encore chaudes, des marshmallows embrochés sur des piques de bambou se caraméliseront.
En Eretz Israël, les fidèles se rendent à Mérone où se trouve le tombeau de Rabbi Shimône et de manière à trouver une place relativement près de la « grotte » certains plantent déjà leur tente une semaine ou dix jours avant la hiloula. Des familles profitent de cette date pour y amener leurs petits garçons âgés de 3 ans pour le « halaké » ou première coupe de cheveux et le port du premier talith katane.
C’est encore le prétexte de faire des grillades « â la esh » et de régaler les voisins de bonnes brochettes odorantes.
Les horizons changent et les coutumes aussi. BAR YOHAY NIMSHAHTA ASHREIKHA SHEMEN SASSON MEHAVREKHA …BAR YOHAY SHEMEN MISH’HAT KODESH NIMESHAHTA MIMIDAT HAKODESH NASSATA TSITS NEZER HAKODESH HABOUSH AL ROSHEKHA PEEREKHA ….
Caroline Elishéva REBOUH