Mes chers Amis,
Par le fait que certains de nos frères et soeurs résident en dehors d’Israël et devront lire la section de Torah du 8ème jour de Pessah alors qu’en Israël nous lirons la parashat Shemini, nous serons en décalage d’une parasha jusqu’au 12 mai où on lira en Diaspora la sidra jumelée de BEHAR BEHOUKOTAI et en Israël BEHOUKOTAI. Après cela nous serons à nouveau au diapason !!!
Cette semaine donc vous recevez Shemini plus un dossier sur la Réprimande
Cordialement

SHEVII SHEL PESSAH : PARASHAT SHEMINI 2018 horaires des fêtes  et shabbat a Ashdod : 18 h 34 – 19 h 42

LE JOUR DE L’INAUGURATION DU MISHKAN

Le mot MISHKAN s’écrit en hébreu : mem-shin-kaf-noun, et vient de la racine shakhen : voisin et désigne le Tabernacle.

Le huitième jour est le jour officiel de l’entrée en fonction du Cohen Gadol,  Aharon, frère de Myriam et de Moïse et donc de l’inauguration officielle du Tabernacle, le jour où certains sacrifices vont être présentés, au nom du Cohen Gadol et d’autres au nom du peuple tout entier. HaShem demande un sacrifice dit « hatath » pour obtenir le pardon de fautes et des sacrifices « ôléh » pour une autre sorte de pardon à obtenir.

L’ensemble des exégètes tendent à expliquer de la même manière ces sacrifices : un veau pour le hatat présenté pour Aharon et des animaux présentés par la suite car enseignent-ils ces sacrifices doivent racheter la faute du veau d’or pour laquelle  Aharon a fauté matériellement et a fauté par la parole.

Dans l’exposé qui suit, nous allons disséquer cet état de choses pour rendre les choses le plus clairement possible :

Au moment de la faute du veau d’or plusieurs états de faits se sont produits : d’une part, le monde s’est retrouvé dans un désordre absolu tel le Tohu Bohu d’avant la Création, et toute cette « pollution » matérielle et spirituelle s’est trouvée en suspens et il fut nécessaire de procéder à une purification véritable c’est pourquoi Aharon qui a fait le veau d’or devait avant tout obtenir le pardon de cette faute commise à moitié car son intention intime était de faire patienter ce peuple insoumis il n’avait donc pas vraiment l’intention de le faire, cependant il a demandé de lui faire parvenir des objets d’or pensant que cela prendrait le temps nécessaire pour que Moïse réapparaisse. Cette demande de lui fournir de l’or fut une faute par la parole.

Cependant, lorsque l’or commença à toute vitesse à parvenir à Aharon, celui-ci dût le faire fondre et c’est alors que prend place un évènement d’importance pour lequel nous devrons faire un saut en arrière de quelques temps :  avant de mourir, Jacob fit promettre à ses enfants de l’ensevelir au Caveau des Patriarches à Hébron puis, lorsque Joseph  sentit sa fin venir il fit promettre à ses enfants que lorsque le moment de la délivrance sonnerait, que les Bené Israël, n’oublient pas de prendre ses ossements pour les enterrer en terre ancestrale. Ainsi, Moïse tint à s’acquitter de cette promesse et, il apprit de Sérah bat Asher que le cercueil de Joseph avait été immergé dans le Nil  par les Egyptiens qui pensaient, en agissant ainsi, retenir les Juifs en Egypte.     Moïse se tint donc sur la rive du Nil et appela : « Joseph, nous allons partir, lève- toi pour partir avec nous toi aussi » mais rien ne se produisit et, le temps pressant, Moïse écrivit sur un parchemin : « Âlé shor  » (taureau[1]  lève-toi). Il jeta ce parchemin dans le Nil et en un instant le cercueil fit surface et ceux qui accompagnaient Moïse se saisirent du sarcophage pour le mettre en tête du cortège. Néanmoins, un fait dont personne ne voulait se produisit : un jeune enfant, prénommé « Mikha »[2]  fut témoin de la scène et récupéra le parchemin se disant que cela pourrait toujours servir et c’est exactement ce qu’il fit lorsque l’or fondu bouillonnait devant Aharon, Mikha précipita le parchemin dans le creuset et c’est ainsi que surgit le veau d’or.

Moïse transmet une consigne à Aharon : Et toi tu ordonneras aux enfants d’Israël…. Pourquoi ne l’a-t-il  pas  fait par lui-même ?  C’est pour enseigner qu’Aharon devait tout d’abord se faire pardonner pour la faute du veau d’or et seulement après être Cohen Gadol.  Le peuple était coupable de la faute de pensée car il voulait cette idole mais ils ne l’ont pas faite de facto. Ainsi, le peuple devra -t –il   offrir « un bœuf mangeant de l’herbe ».

Si le veau et le taureau offerts en sacrifices sont pour réparer les fautes matérielles et d’intention pourquoi doit-on offrir aussi des chèvres ?  Pour plusieurs raisons imbriquées les unes dans les autres : pour racheter la faute des frères de Joseph lorsqu’ils ont tué un chevreau pour « couvrir » la vente de leur frère et le faire passer comme mort aux yeux de leur père. Quel est le motif profond de cette discorde entre Joseph et ses frères : d’une part il était, certes, le préféré de Jacob ce qui excita la JALOUSIE et la HAINE des autres frères et ces sentiments furent renforcés par ce qu’ils interprétèrent être de l’ORGUEIL de la part de Joseph et par le fait qu’il avait coutume d’informer le père sur les faits et gestes de ses frères au lieu d’aller les réprimander sur leurs actes erronés[3].

La JALOUSIE est un sentiment exprimé à plusieurs reprises dans la Torah et notamment à deux reprises : lorsque HaShem met le peuple en garde contre l’idolâtrie et où D Se qualifie Lui-même de D Jaloux ou bien, lorsqu’il est question de la femme infidèle[4]  soupçonnée d’infidélité par son époux « jaloux ». La jalousie est provoquée par  l’idolâtrie et par l’inconduite sexuelle dans les rapports interdits.

L’inauguration du Tabernacle au sujet de laquelle les Sages ont écrit qu’il n’exista pas de joie plus grande que celle de ce jour-là  même l’allégresse dans laquelle les Bené Israël ont vu les flots de la Mer Rouge se séparer en douze couloirs, même cette allégresse-là ne fut pas aussi grande que celle éprouvée lors de l’inauguration du Tabernacle, et pourtant…..

Lorsque Jacob posa ses tentes du côté de Shekhem et que la seule fille de Jacob sortit dans les champs et qu’elle fut « remarquée »  par le prince de la ville, Shimon et Lévy sortirent du camp pour venger l’honneur bafoué de leur sœur. Leur « jalousie » mêlée de rigueur eut raison de la vie des mâles de cette tribu de Shekhem.

La seule tribu qui persista dans cette conduite pleine de rigueur fut celle de Lévy dont Aharon et Moïse  sont issus et avec eux les enfants d’Aharon dont Nadav et Avihou devaient leur succéder.

La sidra commence par le mot « vayehi »  qui, comme nous le savons est porteur de nouvelles peu réjouissantes  bien qu’il s’agisse de l’inauguration du Mishkan  et, pour mieux comprendre, il faut se reporter au verset de la Genèse (Bereshit) où il est question de la Création et où la Torah écrit : « vayehi êrev, vayehi boker, yom ehad » soit : il fut soir et, il fut matin jour un. Dans ce contexte, le mot « vayehi » n’annonce rien de fâcheux. Mais, nous y reviendrons dans quelques lignes. Il semble clair en conséquence que le « vayehi » du début de cette péricope fasse allusion à la mort de Nadav et Avihou. Nous ne pouvons comprendre pourquoi en ce jour de si grande joie, ces deux enfants d’Aharon doivent mourir.  Et personne ne peut donner de réponse.

Nous avons appris que la faute d’Adam fut très dure à racheter car elle contenait plusieurs dérivés  menaçant l’Essentiel. En effet, lorsqu’HaShem a écrit « yom Ehad »[5] c’est parce qu’IL était encore seul et unique dans le monde étant donné que dès le deuxième jour, IL créa les Anges et toutes les armées célestes. Et, lorsque le serpent encouragea par son langage trompeur le premier homme – Adam – à croquer dans le fruit que D lui avait interdit de consommer, la notion de dualité est entrée en jeu et ainsi le rejet des fautes peut se faire sur l’autre[6].  De même que le langage trompeur  induit en erreur, ilentraîne aussi  la faute de la négation de l’essentiel[7] pour la simple raison qu’en ajoutant foi aux propos mensongers ils ne se donnent pas une chance de raisonner.

La faute d’Adam a été rachetée au moment où le peuple tout entier s’est tenu au pied du Sinaï pour recevoir la Torah.   En inaugurant le Tabernacle il nous est donné de constater que ce tabernacle est recouvert de quatre couches de revêtement : l’azur puis les peaux de chèvre et un toit de peaux de TAHASH.  Qu’est-ce que le TAHASH ? Il s’agissait d’une bête créée par HaShem uniquement pour l’usage fait au tabernacle : cette bête était multicolore (6 teintes) et, elle arborait une seule et unique corne au milieu du front un peu comme la mythologique licorne.

La finalité du tabernacle serait en quelque sorte un microcosme du monde où l’on peut se reconnaître et y trouver l’ordre ou bien la rigueur en même temps que la miséricorde car, le monde fut créé dans la rigueur intrinsèque sans qu’il ne soit question de miséricorde. C’est dans un tel contexte que lorsqu’est rendu un arrêt il doit s’effectuer immédiatement.

Le feu allumé par Nadav et Avihou n’ayant pas été commandé par HaShem, l’arrêt de mort fut rendu et exécuté immédiatement, sans délai.

Dans toute l’histoire du Judaïsme, nous enseigne le Talmud, les seules personnes ayant été dotées d’une force d’âme exceptionnelle furent Rabbi Akiba et, avant lui Nadav  et Avihou.

Caroline Elishéva REBOUH

 

[1] L’emblème de la tribu de Joseph est un taureau).

[2] Mikha était la réincarnation de l’un de ceux qui avaient fomenté l’insurrection et l’insoumission en défiant D lors de la construction de la tour de Babel. Mikha faisait partie de cette masse nombreuse de gens qui se mêlèrent au peuple d’Israël en sortant d’Egypte : ce que l’on désigne par le « erev rav » –êrev découlant de la racine ârebev (âyin, resh, beth, veth).

[3]Devoir de réprimande (Tokhakha).

[4] Isha Sotta (d’où vient le mot « sotte »)Parashat Nasso (Bamidbar/ les Nombres V, 11-31)

[5]YOM EHAD car particulier en son genre.

[6] En effet qu’a dit Adam lorsqu’HaShem lui a reproché sa faute, il la met sur le compte de sa femme laquelle la fait reposer sur le serpent : Genèse III, 12-13.

[7] Kefira baîkar

LA REPRIMANDE OU LA RESPONSABILITE INDIVIDUELLE

La réprimande ou la remontrance est un devoir énoncé dans le Lévitique de cette manière  (XIX,17) :

לא-תשנא את-אחיך בלבבך הוכיח תוכיח את-עמיתך ולא-תישא עליו חטא.

« Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur, réprimandes le et tu ne porteras pas sa faute. »

Dans le verset qui suit celui-ci, nous recevons aussi cet enseignement :

לא-תקם ולא-תטר את-בני עמך ואהבת לרעך כמוך אני ה’

« Ne te venges pas et ne gardes aucune rancune vis-à-vis des enfants d’Israël, tu aimeras ton prochain comme toi-même Je suis l’Eternel. »

Ces  deux  versets  sont  liés  l’un  à l’autre nous enseignent les Sages, par une  idée maîtresse : l’amour du prochain. Qui est ce prochain ?

Nous disposons de plusieurs termes pour désigner celui qui est notre voisin, notre parent comme nous allons le voir tout de suite en analysant ces différences : en effet, hormis nos relations avec ces personnes,  chaque terme concède une perception différente : ainsi nos frères (ou sœurs) est un terme qui inclus nos proches parents, cousins, oncles, neveux etc…., puis nos amis, nos collègues de travail ou autres, nos « copains », nos voisins. Ces différentes sortes de relations sont au nombre de sept : soit en hébreu du premier au dernier les noms suivants :

אח, ידיד, חבר, רֵעַ, קרוב, שכן ו…עמית

Frère, ami, copain/camarade, compagnon, le proche, voisin et le collègue

Chacun de ces termes désigne une relation plus particulière en effet, pour le frère, les liens sont du sang, de la famille? En général, on devrait pouvoir se fier ou se confier à un frère mais cela n’est pas toujours le cas à cause des distances géographiques, parfois à cause de conflits intérieurs pourtant, les liens sont puissants, ce sont les liens du sang.

La valeur numérique  du mot « ah » est très faible = 9. Dans l’énumération en guematriya de chacun de ces termes nous allons voir que selon cette énumération nous sautons de 9 à 28, puis à 210, 270, 308, 370 et enfin 520. Ceux qui ne croient pas à la guematriya prétextant que l’on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut pourront eux-mêmes constater que sur ce point, la guematriya nous sert de guide, nous permettant d’évaluer nos relations et de ne pas désigner une personne par une qualification qui ne convient pas. Et, ce n’est sans doute pas par hasard que le verset auquel nous avons fait référence parle du frère pour arriver au collègue couvrant ainsi 7 niveaux différents de relations. Que cela vient-il nous signifier ? C’est que notre devoir de réprimande s’applique à toutes les sortes de relations que nous pouvons avoir du plus proche au plus éloigné. Depuis celui que nous connaissons intimement parce qu’il a grandi avec nous, ou qui a été témoin  du passé de notre famille jusqu’au collègue de travail que nous côtoyons chaque jour et,  en fait,  n’importe quelle personne puisque chacun des membres du peuple doit être considéré comme quelqu’un qui nous est cher, ou, quelqu’un que évaluerons, comme nous nous considérons nous-mêmes.

En recevant la Torah, nous nous sommes engagés à donner afin de pouvoir recevoir.

Le peuple juif est un peuple de prêtres vis-à-vis des nations, c’est-à-dire que si  nous  ne  nous  acquittons  pas individuellement de notre devoir, nous ne  pouvons  espérer  de  récompense individuelle ou collective car chacun d’entre nous est  un  microcosme  qui  n’est  qu’une  petite facette du polygone que le peuple   juif   représente.   Notre   action   vient orner  par  conséquent  un maillon de la chaîne qu’est le peuple juif.

Le   commandement   nous   enjoignant  d’aimer  notre prochain comme nous-mêmes  vient  nous  enseigner par une simple préposition que nous devons  faire  un  effort :  nous  devons  aller  vers  notre  prochain et lui réserver  le  même  attachement que nous nous réserverions puisque le texte du commandement est  :

ואהבת לרעך כמוך

La lettre lamed apposée devant le mot réakha vient nous indiquer que nous devons faire l’effort d’aller vers notre prochain…. Ce commandement nous enjoint d’aller à la rencontre de notre prochain tandis que le commandement nous enjoignant d’aimer notre Créateur utilise la préposition « ète » alef et tav car nous ne devons pas faire d’effort pour aimer notre Créateur nous devons L’aimer tout simplement comme nous aimons nos parents car Il est notre Père dans les Cieux et nos parents de chair et de sang le sont ici bas, sur terre.

Le Maharal de Prague nous enseigne que le mauvais penchant  est omniprésent et se présente sous des formes  diverses  selon les circonstances et selon l’essence même de notre âme. Ce yetser harâ nous guette pour tenter de nous faire échouer. Pour ne pas tomber dans ses filets nous devons par conséquent être « éveillé ».  En hébreu « éveillé » se dit « êr »   ער. Ce qui signifie qu’il nous faut faire des efforts parfois très grands pour rester éveillé de manière à faire preuve d’un esprit aiguisé afin de déjouer les pièges tendus par ce mauvais penchant. Les lettres hébraïques dont on se sert âyine et resh peuvent signifier en quelque sorte les premières lettres de âyine roa = l’œil voit.  Mais cela vient nous signifier aussi autre chose, ces mêmes lettres inversées, selon la façon dont elles pourront être vocalisées pourront signifier deux mots totalement opposés ainsi, la lettre resh et la lettre âyine seront soit le mot râ = mauvais ou bien, si nous vocalisons différemment le mot réâ compagnon, ami, apparaîtra. Cela n’est pas un hasard car, si nous sommes un ami vis-à-vis de la personne en question nous chercherons de toutes nos forces à éloigner le mal, le râ, de lui mais, par contre si nous ne faisons pas cela, nous serons râ, nous serons méchants ou mauvais vis-à-vis de lui car nous ne lui rendrons pas service en ne le reprenant pas sur ses actions, sur sa façon d’agir.

On peut rétorquer qu’on ne peut pas toujours  intervenir peut-être à cause de la susceptibilité du « fauteur », ou bien parce qu’il s’agit de quelqu’un dont nous craignons les réactions si nous le reprenons. Eh bien, la Torah vient nous enseigner dans quel cas nous devons intervenir et de quelle façon : le verset ne nous a-t-il pas dit :

אל-תשנא את-אחיך בלבבך

Quel est le sens de ces trois groupes de mots ? Pourquoi les deux premiers groupes sont-ils liés entre eux ? La finalité de ce commandement est de nous avertir que les sentiments qui sont tapis au plus profond de notre cœur ne doivent pas dégénérer en haine, nous devons agir tout d’abord sur nous-mêmes avant d’agir sur l’autre personne et cela vient nous apprendre aussi que même s’il s’agit de la personne la plus proche de soi : le frère, nous ne devons  pas céder à la haine, nous ne devons pas laisser le ressentiment s’installer au plus profond de nous  c’est ce que vient nous enseigner le deuxième « beith » de levavekha. On aurait pu lire belibekha = dans ton cœur mais non, il y a un deuxième beith pour nous enseigner que même si notre frère nous a blessé ou a blessé notre amour propre dans notre intimité, dans les profondeurs de notre cœur, nous ne devons pas garder de rancune contre lui, parce que la rancune « tina » avec un teth a une valeur numérique de 74 tout comme le mot « êd » = témoin. C’est-à-dire que hass vehalila, si nous gardons de la rancune contre notre prochain, ceci deviendra un témoin qui pourra témoigner négativement aussi bien contre notre prochain que contre nous.

Comment s’y prendre pour faire un reproche à quelqu’un ?
La Torah une fois de plus va nous donner le mode d’emploi :

הוכח תוכיח

C’est tout doucement que tu vas y aller, tu vas tout d’abord te calmer toi-même, et le temps qu’il va te falloir pour arriver vers lui, tu vas pouvoir trouver le discours qu’il convient pour l’aborder gentiment, avec tact et lui faire comprendre qu’il t’a blessé, (ou qu’il a transgressé une loi divine) et que tu ne lui en veux pas mais que tu as estimé de ton devoir de  lui faire remarquer la chose pour qu’il n’encoure pas de peine.

Cette démarche a pour but de réduire notre colère,  puis de montrer à celui qui est en face qu’il nous est cher. Et, à la fin, qu’il prenne en compte notre remarque ou pas, nous aurons fait notre devoir et notre destin qui fait de chaque individu le partenaire, l’associé, de chacun des membres du peuple, puisque nous sommes ârévim zé lezé (garants les uns des autres), nous ne partagerons pas la faute du contrevenant puisse-t-il être notre frère ou tout simplement un particulier qui est une cellule du macrocosme que représente le peuple d’Israël.

C’est pourquoi il est précisé au verset suivant :

אל-תקם ואל-תטר את-בני עמך

C’est-à-dire qu’il soit proche de toi comme ton frère ou seulement comme un collègue,  ou tout simplement l’un des enfants de ton peuple, même si tu sais tout simplement que la personne est juive, qu’elle fait partie de ton peuple, ou même dans le cas de quelqu’un qui t’es complètement étranger, tu dois lui faire remarquer sa faute, sans colère, avec douceur……….. avec amour :

ואהבת לרעך כמוך

Car s’il s’agissait de toi, tu n’apprécierais pas que l’on s’adresse à toi en public, avec colère, tu aimerais qu’on le fasse discrètement et qu’ainsi on te démontre que tu es important, que tu comptes pour tous, que tu n’es pas un simple pion sur l’échiquier.

Pourquoi le verset se termine-t-il par :

אני ה’

Ceci vient montrer notre allégeance au peuple d’Israël, et que par amour pour notre Créateur, nous agissons aussi par amour pour celui qui est important pour nous en toute circonstance.

C’est parce que nous aimons notre Créateur que nous agissons comme Il nous le demande, et c’est parce que chaque être a été créé à l’image de Dieu que nous devons aimer chacun d’entre nous…. Jusqu’à ce que nous puissions oublier nos différences et montrer et enseigner aux autres ce que la Torah nous a enseigné et c’est alors que nous assumerons le rôle que nous a donné le Créateur. C’est ainsi que les nations nous percevrons et que nous montrerons à quel point nous sommes responsables non seulement vis-à-vis de nous-mêmes et des autres, mais aussi envers les Nations en nous conduisant de telle sorte que certains décrets pourraient être annulés.

A propos de la mitsva de réprimande/remontrance, le Toledoth Aharon commente ainsi : la réprimande ne doit pas prendre une tournure de raillerie pour ne pas avoir de faute à endosser à cause de lui en particulier, celle de ne pas faire blêmir quelqu’un même si cela ne se passe pas en public. Le Ikar Sifté Hakhamim précise en citant ‘Hillel que les mitsvoth sont un lien entre les hommes et D et que, lorsqu’un homme réprimande son prochain, il applique une mitsva et tisse un lien de plus entre lui et le Créateur. Réprimander quelqu’un est un acte délicat car, si la réprimande revêt un caractère altruiste, mettant en pratique l’enseignement du verset précédent :

לא תעמֹד על-דם רעך אני-ה’

« Ne sois pas indifférent au danger de ton prochain : Je suis l’Eternel….. »

Le danger est celui que la personne court en agissant dans l’ignorance et, la remontrance  a un autre aspect : éviter une complicité tacite :

לא תשא עליו חטא

« Tu n’endosseras pas une faute à cause de lui »…… car nous devons reprendre celui qui  contrevient  à la conduite  normale du Juif vis-à-vis du Créateur, il faut s’entourer de certaines  précautions et réprimander selon un processus que Maïmonide décrit dans le Livre de la Connaissance au chapitre  traitant de l’Amour du Prochain. Les précautions à prendre ainsi que le processus sont les suivants :

Tout d’abord, attendre que la personne soit seule, qu’il n’y ait aucun tiers présent  afin que, si la personne rougissait, il n’y aurait personne d’autre au courant de l’intervention, puis, en cas de récidive, recommencer une deuxième et même une troisième fois, la réprimande jusqu’à ce que le transgresseur soit sur le point de vous frapper et réponde qu’il ne veut rien savoir. Il faut donc tout tenter[1] pour essayer de sortir son prochain de l’ornière dans laquelle il se trouve en transgressant une mitsva mais, pour éviter que cette personne ne fasse cette faute, il ne faut pas soi-même se mettre en état d’encourir une autre faute, c’est ce qui explique la précaution à prendre pour parler en privé comme le conseille les pirké avot : celui qui inflige un outrage en public à son prochain n’a pas de part au monde futur. Cependant, malgré les difficultés, on ne doit pas hésiter. Si le contrevenant arrivait à commettre une faute grave envers D on pourrait le fustiger, le reprendre vivement même en public, par contre, si la faute est entre deux hommes, il faut laisser les hommes s’expliquer entre eux et, si aucune « explication » ne se produit pour des raisons personnelles, il faut simplement s’enquérir du fait que l’offensé ne garde pas rancune[2]. Il faut donc douceur et persuasion pour réprimander mais il faut user de patience car les résultats pourront être longs à obtenir. Or, bien souvent, on hésite à remontrer quelqu’un alors que l’on devrait toujours avoir en mémoire les versets suivants tirés des Proverbes de Salomon 28,23 :

« Celui qui reprend les gens finit par gagner leur bienveillance bien mieux que le flatteur  »

Ou encore  (10,17): « tenir compte des réprimandes c’est suivre le chemin de la vie, fuir les remontrances c’est s’égarer » ou également (15,32) Qui délaisse la morale fait bon marché de sa personne, qui écoute les réprimandes, acquiert de l’intelligence »….. car,  en recevant une réprimande, on « s’achète un cœur » ou attribut.

Celui qui réprimande  prend une responsabilité : il va montrer à son ami comment il doit corriger dans sa conduite pour être zakay : innocent. En conséquence, réprimander est se montrer responsable vis-à-vis de la collectivité.

Caroline Elishéva REBOUH 

[1]  -Le commentaire midrashique de Sifra sur le Lévitique s’exprime de la sorte : il faut se rendre 4 ou même 5 fois chez quelqu’un que l’on doit réprimander. Dans la guemara de Baba Metsia 23a il est dit qu’on doit même aller 100 fois chez son prochain  pour le réprimander.

[2]  – Guemara Yebamoth 65b : « si la remontrance est trop inutile car l’homme est violent ou trop enfoncé dans le mal, on sera dispensé de faire la remontrance ou, s’il s’agit aussi d’un moqueur car le moqueur tourne tout en dérision et finira par vous haïr (Proverbes 9,8).

 

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